Alain-Pierre Hermouet
Vendéen de souche, Alain-Pierre Hermouet a connu Ita au Sofitel de Miami. En 1993, ils rentrent en France, et l'année suivante ils créent le Restaurant Saint-Charles, dans le centre-ville de La Roche-sur-Yon, où ils mettent en valeur les produits vendéens de la table par des créations originales.
Alain-Pierre arbore fièrement son trophée : "Pour l'équipe, ça a confirmé
tout le travail collectif. Cela signifie que la direction prise n'est pas mauvaise. C'est
aussi globalement encourageant pour toutes
les petites structures comme la nôtre."
Un récent prix d'animation
et de valorisation de la cuisine vendéenne, décerné par le comité départemental du
tourisme, a donné un judicieux coup de projecteur sur cet établissement dont l'âme se
confond avec le sourire chaleureux de ce couple discret et attachant.
Le Saint-Charles est un établissement de dimension modeste et de réputation croissante.
On y dresse une trentaine de couverts, et quand un saxophoniste ou un pianiste vient y
exercer son art sous un portrait de Ray Charles, on pousse un peu les tables. Comme à la
Saint-Sylvestre. En revanche, le jour de la fête de la Musique, le restaurant se prolonge
en terrasse sur la rue réservée aux piétons, et on peut s'offrir un trio de jazz.
"On a choisi ce nom par rapport à la rue Saint-Charles, l'une des principales
rues des musiciens de jazz du vieux carré de la nouvelle Orléans." Le fond
musical du Saint-Charles est emprunté au répertoire de monstres sacrés tels que Duke
Ellington ou Miles Davis, et largement ouvert aussi aux contemporains tels Eta James, Dee
Dee Bridgewater, Petrucianni, etc. Alain-Pierre, 34 ans, est né à quelques kilomètres
du Saint-Charles, dans le bocage de Saint-Martin-des-Noyers. CAP en poche, il monte à
Paris où il fréquente plusieurs établissements, en particulier l'Hôtel Scribe du
groupe Accor. Il est chef de partie saucier dans une brigade de 18 personnes.
Cinq ans à Miami
En 1988, Accor lui propose une mission de confiance au Sofitel de Miami, en Floride : la
responsabilité du restaurant gastronomique. Beau challenge pour le jeune homme. Ita,
encore étudiante, travaille déjà dans cet hôtel. Elle prépare un diplôme équivalent
à un BTS, et elle a déjà appris le français. Alain-Pierre a de bonnes raisons
sentimentales pour prolonger son séjour aux Etats-Unis. Professionnellement, de bons
arguments plaident dans le même sens. "Je deviens sous-chef de l'hôtel pour
superviser les différentes cuisines de l'établissement. Je prenais de la hauteur,
c'était une expérience humaine de la gestion." A 23 ans, Alain-Pierre se
retrouve à la tête d'une équipe d'une vingtaine de collaborateurs. En 1993, le jeune
couple décide de rentrer en Vendée et d'y monter sa propre affaire. Avant de franchir le
pas, Alain-Pierre se perfectionne en pâtisserie grâce à quelques stages.
Novembre 1994 : ouverture du Saint-Charles, un ancien magasin de vêtements.
S'établir à son compte ouvre de nouveaux horizons : conception de l'établissement,
décoration, communication, etc. "On a appris tellement de métiers différents.
On est très contents." Dans le fonctionnement quotidien de l'établissement, les
tâches sont naturellement établies : Monsieur aux fourneaux tous les jours, Madame en
salle, "l'il sur tout". Elle est d'ailleurs convaincue que "le
service rapproché des gens" est une des clés du succès. Une carte majeure en
tout cas dans un établissement de cette taille. Le chef, qui garde le vieux carnet de
recettes de sa grand-mère, utilise les produits de la Vendée, ceux des champs et ceux de
la mer. Il saisit donc des denrées classiques, mais "il fait des recettes
originales", explique Ita. Au piano, Alain-Pierre est un créateur : Carpaccio de
filet de canard de Challans, Queue de lotte aux haricots blancs de Vendée, Petits gris
vendéens, etc. Quatre menus de 98 à 205 F sont proposés en semaine, plus la carte.
Un service traiteur
La progression des affaires est continue d'une année sur l'autre, on peut même parler de
décollage depuis trois exercices : "Tous les ans, l'effectif des emplois
salariés a progressé d'une personne." Le Saint-Charles est désormais une
équipe de neuf collaborateurs. Les restaurateurs sortent aussi en ville : "Nous
avons lancé un service traiteur. On le développe, on vient d'acheter une camionnette
frigorifique. On peut faire des repas à l'extérieur, toujours dans l'esprit
gastronomique du restaurant. Nous allons par exemple dans des entreprises, ou chez des
particuliers, et nous mettons à disposition un cuisinier sur place." Quant au
prix décerné par le CDT, il est appréhendé comme un encouragement : "On est
assez performant, c'est positif."
H. Front
En chiffres Menus 4 en semaine de 98 à 205 F, plus la carte Effectif 9 personnes En dates |
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L'HÔTELLERIE n° 2691 Hebdo 09 Novembre 2000