Qualité Auvergne
Le conseil régional a créé la marque Qualité Auvergne. Il s'agit d'un label réservé à l'hôtellerie indépendante. Il doit apporter un effet réseau et sécuriser la clientèle, notamment celle qui sera démarchée pour venir visiter Vulcania (ouverture en juin 2001). Mais la certification représente une longue liste de critères à satisfaire avec un niveau élevé de confort et d'accueil. Ce qui fait grincer bien des dents, au nom du réalisme.
Le premier labellisé Qualité Auvergne : André Perrier, Le Bourbon à Yssingeaux, président de la CCI le Puy-Yssingeaux.
L'Auvergne se dote d'un label
haut de gamme pour certifier son hôtellerie indépendante. Lancée par le conseil
régional, sous l'impulsion de son président Valéry Giscard d'Estaing, la marque
Qualité Auvergne s'adresse à tous les établissements volontaires. Ceux-ci doivent
impérativement répondre à une longue liste de spécifications au-dessus des règles
habituelles dans la profession.
Mais ceux qui accepteront les efforts nécessaires (financiers et adaptations) pour
rentrer dans la Qualité Auvergne doivent en recueillir les fruits. Ils feront partie des
plans de promotion de la région, notamment pour Vulcania. Le centre européen de
volcanisme doit ouvrir ses portes en juin 2001. Ils profiteront donc d'un marketing en
grande partie tourné vers l'étranger.
Pour Valéry Giscard d'Estaing, l'idée de 'tirer' l'hôtellerie auvergnate vers le haut
n'est pas nouvelle. Il avait lancé l'éphémère prix de l'Accueil en 1990, pour
récompenser les meilleurs établissements de la région. Aujourd'hui, il s'agit surtout
de rassembler le maximum d'atouts pour assurer la réussite de Vulcania. Comme il s'était
engagé à ne pas construire d'unités d'hébergement sur le site lui-même, Valéry
Giscard d'Estaing a voulu créer un réseau de qualité via les hôtels-restaurants
indépendants existants.
Crédibilité et fiabilité
La voie choisie, la certification, a nécessité plus de six mois pour se concrétiser :
choix d'un organisme de certification, mise en place d'un comité de certification, cahier
des charges, procédures de certification, validation des critères retenus, publication
du référentiel au Journal officiel, etc., avant d'arriver à l'examen des premières
candidatures. Mais pas question pour le conseil régional, propriétaire de la marque
Qualité Auvergne, de faire l'économie d'une telle démarche. Il faut absolument obtenir
la crédibilité et la fiabilité à long terme. Pas question de lancer une simple charte.
Pour stimuler le processus, mieux renseigner et informer les hôteliers, le conseil
régional a signé, en avril dernier, une convention de partenariat avec la chambre
régionale de commerce et d'industrie. Ainsi toutes les CCI du Cantal, de l'Allier, de la
Haute-Loire et du Puy-de-Dôme sont devenues les interlocutrices des professionnels visant
le label Qualité Auvergne. "C'est une grosse affaire, avait soutenu Valéry
Giscard d'Estaing, il y a changement de culture et de rythme. Mais nous devons mettre
en valeur le potentiel touristique de la région, encore insuffisamment utilisé. Et
l'hébergement a besoin de franchir un double pallier, qualitatif et quantitatif."
Au printemps dernier, André Perrier devenait le premier labellisé Qualité Auvergne. Son
établissement, Le Bourbon à Yssingeaux en Haute-Loire, dispose de 11 chambres et 50
couverts, avec 3 cheminées aux Logis de France. "Vulcania sera un formidable
aimant pour attirer la clientèle. C'est ensuite à nous, professionnels, de se donner les
moyens de la faire venir et de la garder chez nous", expliquait-il devant ses
collègues des Logis de France de la Haute-Loire.
Depuis, quelques établissements de plus ont reçu le label. Mais très peu. Et si une
centaine de demandes sont sur les bureaux d'Aucert, l'organisme indépendant chargé de la
certification, les professionnels montrent une certaine réticence. La Qualité Auvergne
fait grincer bien des dents.
Des professionnels critiques
Il est vrai que la barre a été mise haute. L'évocation de certains critères soulève
un flot de critiques chaque fois que la question est abordée dans des réunions
syndicales ou d'associations. Certes, que 100 % des chambres soient équipées en
sanitaires complets privatifs ne choque personne. Mais que les enfants, jusqu'à 12 ans,
disposent de la gratuité d'un lit dans la chambre des parents, ou bien que les
petits-déjeuners avec produits de qualité d'origine locale ou régionale soient servis
à volonté, voilà deux sujets de grogne. Mais cela n'est rien. L'écueil principal reste
les horaires. La certification exige l'accueil dans les restaurants de 12 à 14 heures et
de 19 à 22 heures et des petits-déjeuners servis jusqu'à 11 heures. "Avec les
lois Aubry et le comportement actuel de la clientèle, je ne peux pas prendre ce risque",
s'excuse un hôtelier. "Je suis un indépendant, ce n'est pas pour que l'on me
dicte mes horaires", soutient un autre. "C'est complètement irréaliste",
s'emporte un restaurateur. "Cela demande des investissements impossibles pour
beaucoup d'entre nous", regrette un autre. "Il faut bien comprendre que
la Qualité Auvergne s'adresse aux clients. Le label est fait pour eux, il doit être une
garantie de fiabilité pour rassurer et sécuriser", confirme Michèle Pourcher,
chargée du tourisme au conseil régional d'Auvergne.
Comme le label ne concerne que les indépendants, les établissements de chaînes,
intégrés ou franchisés, sont exclus de la procédure, ce qui a aussi généré quelques
mouvements d'humeur. Mais le conseil régional n'envisage pas de changement de cap à ce
sujet. Il apporte par ailleurs des aides pour les travaux, les études et des subventions
pour les audits de certification, et il propose des actions de formation en langue
(surtout l'anglais) et pour une meilleure connaissance de l'environnement touristique.
P. Boyer
« Nous devons mettre en valeur le potentiel
touristique de la région, encore insuffisamment utilisé »
Valéry Giscard d'Estaing
Le Fort du Pré, Logis de France à Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire), 36
chambres, certifié Qualité Auvergne.
Les grandes lignes de la Qualité AuvergneToute la typologie du label Qualité Auvergne peut se résumer en quelques mots :
être au top niveau, sans défaillance, dans un cadre authentique et impeccable. Zéro défaut |
.
Signature d'une convention, en avril dernier, entre Raymond Cerruti, président de
la chambre régionale de commerce et d'industrie, et Valéry Giscard d'Estaing, président
du conseil régional d'Auvergne, pour développer le label Qualité Auvergne via les CCI
de l'Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. A droite, Michèle Pourcher,
chargée du tourisme au conseil régional.
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L'HÔTELLERIE n° 2691 Hebdo 09 Novembre 2000