Bretagne
Pour la première fois depuis des lustres, en partenariat avec les chambres de commerce et d'industrie de Bretagne, la Fédération régionale de l'industrie hôtelière, que préside le Lorientais Jean-Marc Le Carour, a organisé une rencontre régionale des discothèques, à la CCI de Pontivy (56), c'est-à-dire au cur de la Bretagne.
Gendarmes et policiers de la région de Rennes ont accepté le dialogue à
Pontivy.
C'était à la mi-octobre avec la participation des autorités que sont la police, la gendarmerie, les pompiers, la prévention routière, les droits d'auteur et la préfecture. A l'ordre du jour, tous les problèmes que rencontrent les professionnels de la nuit, pas moins. Au final, un message reçu cinq sur cinq par les autorités. Un premier résultat encourageant. Le président de la Fédération régionale de l'industrie hôtelière, Jean-Marc Le Carour, a d'abord rappelé que la discothèque est un fait de société, qu'elle est nécessaire, indispensable même. "Si on n'en avait pas véritablement besoin, il n'y aurait pas, chaque week-end, 150 000 clients dans les boîtes de nuit bretonnes. L'établissement de nuit, comme le café, a un rôle social de distraction et de défoulement que reconnaît tout sociologue mais c'est vrai que la gestion n'est pas toujours très commode. Ceci dit, l'image, longtemps négative, est en train d'évoluer mais le dialogue n'est pas toujours facile." Inutile de dire que rien n'a été réglé à l'issue de cet après-midi de concertation, mais les participants comme les organisateurs se sont quittés avec le sentiment d'avoir fait quand même un pas en avant. D'abord les uns et les autres ont fait connaissance. Sur le plan des relations humaines, c'est essentiel.
Des mal-aimées ?
Ensuite les discothécaires ont pu témoigner de leur bonne volonté et du pénible
sentiment qu'ils ont d'être, sinon mal-aimés, du moins mal compris de l'administration.
L'insécurité de leurs clients, c'est encore eux ! Le bruit qui gêne les voisins, c'est
de leur faute ! L'alcool au volant chez les jeunes, c'est eux qui l'ont servi ! Quant aux
horaires d'ouverture et de fermeture de leur établissement, ils sont différents d'un
département à l'autre, et parfois à la tête du client. Il paraît que ces dérogations
sont utilisées pour récompenser les 'bons élèves'. Et que dire de ces bars de nuit
dits d'ambiance qui restent ouverts jusqu'à 2 heures du matin, alors que les
discothèques doivent fermer à 4 ou 5 heures ? "Il ne nous reste plus que deux ou
trois heures pour travailler, c'est trop peu", témoigne une Costarmoricaine
Qui est responsable ?
Or, explique Jean-Marc Le Carour, il faut savoir que les jeunes ont pris l'habitude de se
rencontrer dans des bars, jusqu'à 11 heures voire minuit, donc d'ingurgiter des boissons
alcoolisées avant d'aller en boîte. Sans parler de ceux qui font le plein de canettes de
bière ou de flacons de whisky dans leur coffre de voiture et qui, tout au long de la
soirée, vont les consommer en douce sur le parking. Qui est responsable de leur
alcoolisme au volant ? Pour ce qui est de l'insécurité et des violences, les
établissements de nuit assurent un encadrement et un contrôle de tous les instants mais
"quand les danseurs sont sortis, on ne peut tout de même pas les suivre à la
trace". Idem pour la drogue. Le bruit ? Tous les établissements ont réalisé
des travaux d'isolation et se sont mis en conformité. Enfin pour ce qui est des
'rave-party' qui, sauvages, n'ont pas de limite d'horaires, tout le monde est d'accord :
c'est un fléau. "Et nous le combattons ", affirme le sous-préfet.
Travailler ensemble
A toutes ces remarques, le représentant local du gouvernement répond : "Notre
but, c'est de travailler ensemble pour le meilleur confort de ceux que vous accueillez.
Pour ce qui est des lois, c'est aux élus qu'il faut que vous vous adressiez." De
son côté, le représentant de la CCI se réjouit de cette rencontre régionale à un
moment où les problèmes sont si nombreux : sécurité, bruit, reconnaissance de la
profession... Il promet son appui technique. Un soutien et une reconnaissance des
discothèques dont le président Jean-Marc Le Carour se félicite. Quant à Félix
Bougeard, du syndicat national, interlocuteur des professionnels de la nuit auprès du
ministère, il surprend en acceptant les bars de nuit dits d'ambiance musicale dont il
annonce carrément le développement, mais il rassure en affirmant que les discothèques
se maintiendront car leur clientèle est différente. Dans une société qui se veut
libérale, tout le monde peut et doit vivre.
A. de Sigoyer
Une première érunion de concertation à la CCI de Pontivy avec
Jean-Marc Le Carour ; Yves Bougeard, du syndicat national et José Doucet du Morbihan.
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L'HÔTELLERIE n° 2691 Hebdo 09 Novembre 2000