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Courrier des lecteurs
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Rubrique animée par Pascale Carbillet.
pcarbillet@lhotellerie-restauration.fr

Le salarié doit manifester son intention de bénéficier de la priorité de réembauchage

Je suis serveur et j'ai été licencié l'année dernière par mon employeur pour motif économique. Seulement je viens de voir une annonce où il recherche un salarié pour occuper le même poste que le mien. Je pensais que l'on m'accorderait une priorité de réembauchage. Comment en bénéficier ? (T.L. de Paris)

L'article L.321-14 du Code du travail prévoit que tout salarié licencié pour un motif économique ou ayant accepté d'adhérer à une convention de conversion bénéficie d'une priorité de réembauchage pendant une durée de 1 an à compter de la date de rupture de son contrat, s'il manifeste le désir d'user de cette priorité dans un délai de 4 mois à partir de la fin de son contrat. Il ne s'agit donc pas d'un droit automatique : le salarié doit manifester son intention, mais il doit être au préalable informé de ce droit.
En effet, la priorité de réembauchage et ses conditions de mise en œuvre doivent être mentionnées dans la lettre de notification du licenciement, qui précise :
"Nous vous informons qu'en raison de la nature économique de votre licenciement, vous bénéficiez d'une priorité de réembauchage durant un délai de 1 an à compter du (...) Toutefois, ce droit ne deviendra effectif que si vous nous informez dans un délai de 4 mois à compter de cette date de votre volonté d'user de cette priorité."
Pour bénéficier de cette priorité de réembauchage, vous devez donc avoir mentionné votre volonté de bénéficier de cette priorité de réembauchage dans un délai de 4 mois suivant la rupture de votre contrat. Dans ce cas, l'employeur doit vous informer de tout emploi devenu disponible et compatible avec votre qualification.
En outre, l'employeur est tenu d'informer les représentants du personnel des postes disponibles, et il doit aussi procéder à l'affichage de ces postes dans l'entreprise.
En cas de non-respect de cette obligation par l'employeur, le tribunal peut le condamner à verser au salarié une indemnité qui ne peut être inférieure à deux mois de salaire.

Un CDD prolongé par un CDI peut donner droit à la prime de précarité

Employée en CDD depuis février 2000, mon contrat s'est terminé le 31 octobre. J'ai par ailleurs signé un CDI chez le même employeur à partir du 1er décembre 2000 avec changement de fonction. Ai-je droit à la prime de précarité ? (H.S. de La Rochelle)

 

Le Code du travail prévoit, dans son article L.122-3-4, qu'au terme d'un contrat à durée déterminée, le salarié a droit à une indemnité de fin de contrat, qui est égal à 6 % de la rémunération totale brute perçue par le salarié pendant la durée de son contrat.
Cette indemnité, appelée couramment indemnité de précarité, a pour but de compenser la précarité de l'emploi du salarié embauché en CDD.
Cependant, dans certains cas elle n'est pas due, notamment s'il s'agit d'un emploi saisonnier. Si votre contrat est un contrat saisonnier, vous ne pouvez prétendre à cette indemnité.
Si votre CDD a un autre motif de recours, il faut savoir que le Code du travail exclut aussi, dans certaines circonstances, le paiement de cette indemnité, notamment si à la fin du CDD la relation contractuelle se poursuit sous la forme d'un contrat à durée indéterminée.
Mais cette indemnité n'est pas due si la relation contractuelle se poursuit sans interruption sous la forme d'un contrat à durée indéterminée, sur un même poste ou sur un autre poste à l'issue du contrat à durée déterminée. Votre changement de fonction n'a pas d'incidence pour le versement de cette indemnité.
Par contre, ce qui va vous donner droit au paiement de celle-ci, c'est le fait qu'il y ait une interruption entre les deux contrats.
A partir du moment où il y a une interruption entre les deux contrats, même de quelques jours (dans votre cas il s'agit de 1 mois), vous avez droit au paiement de cette indemnité de précarité.

Ça va mieux en le disant

Pourquoi vous avez du mal à recruter

Chef de cuisine depuis de nombreuses années et ancien directeur de restauration, je tiens à m'exprimer sur le thème suivant : le recrutement du personnel en restauration. Une certaine psychose s'est installée sur le territoire français : on a de plus en plus de mal à trouver du personnel.
Eh oui ! C'est vrai et ce n'est qu'un début. Pourtant, voici les principaux avantages de la profession :
* Une journée bien remplie, de 12 à 16 heures de travail, payée 8 heures ;
* Les 2 jours de repos partiellement ou entièrement supprimés en saison (jamais récupérés) ;
* Un seul jour férié (le 1er mai). Pour les 3 autres, il faut de l'ancienneté, cela fait rêver ;
* Aucune prime d'ancienneté ;
* Un salaire de misère, trop souvent :
* Aucun week-end ;
* Aucune vie de famille ;
* Des pourboires exclusivement pour la salle, la cuisine ne les mérite pas ;
* Pour finir, beaucoup d'entre nous cotisent pour rien à la retraite, car avec la fatigue et le stress, on ne vivra pas très longtemps.
Voilà, comment voulez-vous donner envie aux jeunes de venir faire leurs preuves dans le métier ? On parle des 35 heures, nous en faisons bien souvent le double, sauf dans les chaînes. Les pouvoirs publics le savent, mais il vaut mieux fermer les yeux. Les 35 heures sont faites pour les Français qui ont la chance de travailler dans la fonction publique ou les très grandes entreprises.
Quel syndicat défend non pas les employeurs, mais les employés dans la restauration ? il faudrait peut-être commencer à faire le ménage. Pour ma part, je pense de plus en plus à créer une association de défense des employés de la restauration. Car sans employés, pas de chiffre d'affaires.
(Y.T. de Saint-Malo)

Les professionnels doivent se remettre en cause

Vous vous plaignez en permanence du manque de personnel. Il y a de nombreuses raisons à cette situation dont les principales sont les suivantes :
* Les salaires : un salaire de 7 000 F bruts pour un poste de responsable restauration dans un 4 étoiles. Voilà le salaire proposé par un hôtelier. Je suis à la recherche d'un emploi, j'avais un salaire qui correspondait à ma fonction. Je suis prêt à descendre mes prétentions, mais il ne faut pas exagérer.
* Le manque de considération : quand on met une annonce dans un journal comme L'Hôtellerie, on doit s'attendre à recevoir quelques réponses. Alors soit on demande une enveloppe pour renvoyer les CV et la réponse quelle que soit celle-ci. On demande de la politesse au personnel, la moindre des choses est de répondre aux courriers.
Sur 70 CV envoyés, j'ai eu 7 réponses écrites (10 %). C'est désespérant. Tous les hôteliers qui écrivent et pleurent dans ces colonnes devraient se remettre en cause et réfléchir à la façon d'attirer de nouveaux candidats.
J'ai assisté à un forum emploi, Horest Carrières à Paris (je suis monté spécialement pour cela). Certains hôteliers (étrangers pour la plupart) et le groupe Accor m'ont répondu, mais le cabinet de recrutement qui était présent n'a pas pris la peine de me répondre.
J'ai assisté au débat sur le recrutement le premier jour, mais personne ne se remet réellement en cause.
(C.M. de Marseille)

Un entretien d'embauche ordinaire

Depuis six mois, je suis à la recherche d'un emploi de directeur, et sur 150 offres d'emploi, j'ai eu 43 réponses négatives... Je voulais vous faire part de mes mésaventures lors d'un entretien d'embauche qui, à mon avis, n'est pas un cas isolé.
Le 7 septembre dernier, je suis allé à un entretien d'embauche pour le poste de directeur d'hôtel 4 étoiles dans des bureaux assez vétustes à Paris. J'ai eu un entretien express avec la directrice des ressources humaines. Sur un entretien de 15 minutes, elle s'est absentée pendant 10 minutes pour cause de visite de la grande direction ! Ne pouvant les joindre par téléphone, car cette société ne se trouve pas dans l'annuaire, je ne connais pas à ce jour la réponse positive ou négative de mon entretien.
Ayant moi-même procédé à de nombreux entretiens, j'ai toujours répondu par téléphone ou par lettre aux candidats non retenus. Je trouve que c'est la moindre des politesses envers la personne qui cherche du travail.
Je ne vous parle même pas des frais de déplacement que m'a occasionné cet entretien : 800 francs pour un aller-retour en TGV Paris-Bordeaux.
(C.W. de Bordeaux)


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L'HÔTELLERIE n° 2693 Hebdo 23 Novembre 2000


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