Congrès de l'Umih à Orléans
Cinq cents congressistes viennent de se retrouver à Orléans pour le premier congrès de cette nouvelle organisation. Des débats largement consacrés à la réduction du temps de travail. Les ministres n'avaient pas répondu présent à l'invitation.
« Nous ne sommes pas contre la réduction du temps de travail, y compris jusqu'à 35 heures, mais aujourd'hui ce n'est pas économiquement possible » André Daguin
Venus de toute la France, 500 congressistes se sont retrouvés au Zénith d'Orléans entre le 27 et le 29 novembre pour le premier congrès de l'Umih. Ils avaient pour mission de renouveler en partie les instances dirigeantes et de définir les grands axes de la politique confédérale. Jacques Patriat, ministre du Commerce et de l'Artisanat, et Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme auraient dû être présents. Mais seul le directeur de cabinet de Michelle Demessine avait fait le déplacement. Une double absence qui a semble-t-il satisfait André Daguin qui n'a pas manqué de déclarer : "Les deux ministres auraient été sifflés ou chahutés, cela aurait été dommage pour Madame Demessine qui est une amie sincère." Accueilli par Jean-Pierre Sueur, maire d'Orléans et président de l'Association des maires des grandes villes de France, qui a plaidé pour une équité dans les taux de TVA des pays européens, André Daguin dans son discours d'ouverture a largement évoqué le combat pour une TVA à 5,5 %. "Les professionnels ne lâcheront jamais le morceau, la justice fiscale doit être rétablie, on veut les mêmes taux pour tous, ni plus ni moins. Au rythme de 3 000 dépôts de bilan par an, dans 7 ou 8 ans, il ne restera plus de restauration traditionnelle et populaire, et si le chiffre d'affaires de l'hôtellerie est aujourd'hui sur un rythme de progression de 8 % annuel, la marge nette reste souvent proche de 2 %, quand elle existe. Nous n'avons donc aucune marge de manuvre pour les salaires ou la réduction du temps de travail. Pour entrer dans la modernité, il faut changer cette situation."
Contre la division
Née de l'ancienne FNIH et du CLUS, lui-même issu de la scission de la confédération,
l'Umih est aujourd'hui pour son président "en ordre de marche" avec 103
organisations départementales et 30 chaînes hôtelières. Mais si les anciennes
appartenances syndicales sont aujourd'hui gommées, tous n'étaient pas d'accord sur
l'action menée et la critique était présente dans les rangs. Une situation qu'André
Daguin a tenu à dénoncer, la considérant intolérable. Aussi a-t-il tenu à remettre de
"l'ordre dans la maison" et à prévenir "certains irresponsables
qui mettent en jeu l'action collective et dénigrent notre bilan syndical. Mais on ne les
voit jamais en première ligne. Une simple grenade suffit pour les faire fuir en courant.
On a les syndicats qu'on mérite". Et d'expli-
quer que c'est la discipline autour de son action qui permettra de faire aboutir les
dossiers avec "l'ambition de faire de l'Umih une machine encore plus performante
avec des actions disciplinées en marchant d'un même pas dans l'union". André
Daguin a d'ailleurs laissé entrevoir un possible départ : "Je serai fier que
dans trois ans mon successeur trouve une machine sur les rails." Même rappel à
l'ordre contre les restaurateurs tentés de jouer cavalier seul. Francis Attrazic,
président des restaurateurs, très courroucé, ira jusqu'à dénoncer la "démagogie
et la mauvaise foi de ces diviseurs" en rappelant que "la grande cuisine
a sa place à l'Umih", faisant référence à la création d'un nouveau syndicat
de restaurateurs créé par plusieurs membres de l'Umih, des Maîtres cuisiniers de
France, des Jeunes restaurateurs de France, et de la chambre syndicale de la Haute Cuisine
française. Et si le combat de la TVA n'est pas aujourd'hui gagné, André Daguin estime
avoir marqué des points sur cette question.
"Le gouvernement est dans un guêpier"
"Le gouvernement est dans un véritable guêpier, il ne pourra pas maintenir
éternellement cette position de fermeté", afirme-t-il. La mobilisation va donc
se poursuivre dans les ministères, mais aussi sur le terrain, sous la conduite d'une
cellule d'action chargée d'impulser des initiatives fortes et spectaculaires. L'Umih
poursuit également ses actions sur d'autres terrains. Ainsi, le label Restaurateurs de
France a déjà séduit 150 établissements. Ce label pourrait faire école chez les
cafetiers et hôteliers. Roland Héguy, le nouveau président des hôteliers, a certes
rappelé que la "certification entraînait réticences et inquiétudes, mais on la
soutient pourtant sans état d'âme car on ne peut pas laisser l'hôtellerie sur le bord
du chemin".
D'autres thèmes ont été abordés comme les difficultés de recrutement avec un déficit
proche aujourd'hui de 80 000 personnes, et la question du racisme des patrons de
discothèque, relancée par l'acquittement de 5 discothèques de Montpellier le jour même
de l'ouverture du congrès. "On demande au gouvernement, affirme Jean-Louis
Clauss, président des cafetiers, de ne pas encourager le testing par des provocateurs
qui ont des soutiens jusque dans les sphères gouvernementales." Inquiétude
encore avec la nouvelle TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes), applicable
dès cette année, et qui, selon Jacques Bellin, président du Groupement national des
chaînes (GNC), coûtera 10 000 francs par an pour les petits établissements.
Mais le dossier central de ce congrès aura été celui de la réduction du temps de
travail : les congressistes devaient en particulier donner mandat aux représentants de
l'Umih participant à la commission mixte paritaire du 2 décembre. A la quasi-unanimité,
le congrès a adopté une motion conciliatrice qui approuve le passage aux 39 heures, mais
sous condition de création d'un observatoire national paritaire chargé d'étudier,
d'évaluer, et d'accompagner cette réduction (voire encadré). "Nous ne sommes
pas contre la réduction du temps de travail, y compris jusqu'à 35 heures, insiste
André Daguin. Mais aujourd'hui ce n'est pas économiquement possible. Par contre, si
on nous accorde une exonération des charges sociales au taux maximum, un plan
emploi-formation musclé et une baisse de la TVA, alors tout est possible." Les
congressistes sont donc repartis avec une double orientation : négociations autour du
tapis vert et actions sur le terrain et le bitume. Ce premier "congrès de
communion et de combat", comme l'a qualifié André Daguin, n'aura pourtant pas
pu répondre à cette question martelée par Jean-Louis Clauss : "Les
agriculteurs, les pêcheurs, les routiers, les infirmiers et bien d'autres ont tous obtenu
quelque chose et nous rien. Pourquoi ?"
J.-J. Talpin
Motion sur la réduction du temps de travail (adoptée par 96 % des congressistes)
"La réduction de 43 heures à 39 heures est un palier à partir duquel une nouvelle
réduction du temps de travail pourra être envisagée selon les modalités suivantes :
* Mise en place, dès la signature de l'accord, d'un observatoire national paritaire en
charge :
- de suivre l'application effective de la réduction de 43 heures à 39 heures,
- d'évaluer la faisabilité financière, économique et sociale pour poursuivre la
réduction du temps de travail. Les phases de chaque nouvelle réduction ne seront pas
prédéterminées par un échéancier, mais seront négociées, étape par étape, en
tenant compte, d'une part, de l'évaluation effectuée par l'observatoire et, d'autre
part, des nouvelles mesures financières et d'accompagnement obtenues."
La nouvelle équipe de l'Umih* Fédération nationale des cafés, brasseries et discothèques (FNCBD) : Jean-Louis
Clauss, président, Jean-Marc Le Carour, vice-président. |
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L'Upac définit sa politique d'actionsL'Union syndicale professionnelle et artisanale de la cuisine (Upac), Les cuisiniers de
France (session de certains restaurants de l'Umih), a tenu récemment la première
réunion de son conseil d'administration, composé de : Fernand Mischler (président),
Antoine Westermann (vice-président), Jean-Jacques Daumy (trésorier), Georges Rousset
(secrétaire général), Michel Blanchet (trésorier adjoint), Patrick Cirotte (membre
chargé de la promotion et des relations avec les producteurs), Bernard Fournier
(communication), Luc Jeanneau et Dominique Thomas (hygiène), Michel Lorentz (parcours
professionnel), Jean-Luc Madec (droit du travail et des relations interrégionales pour le
Nord), Philippe-Marie Piton (région Midi-Pyrénées), et Francis Robin (droit du travail
et des relations interrégionales Sud). Ceux-ci ont défini les grandes lignes de leur
politique et ont rappelé qu'ils voulaient réunir au sein de leur association les
professionnels indépendants. Leur travail portera l'identité professionnelle à travers
la reconnaissance du statut d'artisan pour les trois métiers de la restauration (cuisine,
service et sommellerie). Ils veulent également obtenir un meilleur environnement
juridique fiscal et social, afin d'offrir au personnel de meilleures conditions de travail
et de revaloriser les métiers de la restauration. Etablir des partenariats avec
l'agriculture afin de promouvoir les produits du terroir, transformés par le savoir-faire
des chefs. Instaurer une démarche qualité à l'échelle des régions, en tenant compte
des spécificités de chacune. Et mettre en place, au niveau national, un parcours du
professionnalisme, qui soit un véritable plan de carrière pour les jeunes
professionnels, initié par les Maîtres Cuisiniers de France. |
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L'HÔTELLERIE n° 2695 Hebdo 07 Décembre 2000