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Conjoncture
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Création d'établissements haut de gamme

Quand les municipalités s'investissent...

Le seul étoilé Michelin approuve, mais le syndicat est contre...

 
Petit château construit en 1850, la bâtisse se dresse dans un superbe parc de plus de 1 hectare, comporte trois niveaux, un escalier d'honneur, des dépendances...

La municipalité de Périgueux projette l'ouverture d'un établissement de prestige. On parle de la venue d'un chef renommé. Le syndicat professionnel grogne, et le maire rêve d'étoiles.
La mairie de Périgueux a décidé de combler un vide dans son offre hôtelière en créant un établissement de luxe dans une imposante maison bourgeoise dont elle est propriétaire. Pour l'instant, cet édifice est loué et accueille le secrétariat général de la préfecture. Xavier Darcos, le maire de Périgueux, relevait justement dans la presse locale que, contrairement aux autres villes de taille équivalente, Périgueux ne comptait pas d'établissements de luxe intra-muros. "Il nous faut au moins 1 ou 2 macarons au Michelin", ajoutait le premier magistrat. Une initiative qui suscite une réaction plutôt hostile de la part de certains professionnels de la région.
"A chacun son métier. Souvenons-nous de la regrettable expérience de la Truffe Noire lancée par la municipalité de Brive. Au départ, il semblait aussi que c'était une bonne idée, et pourtant, cela s'est terminé par un gouffre financier et un scandale politique", lance Jean-Michel Carrigou, responsable du Syndicat périgourdin et propriétaire du Saint-Albert à Sarlat (pas d'étoile ou de fourchette au Guide Rouge). Un avis que ne partage pas, par contre, un étoilé Michelin, Régis Chiorazas, à la tête du Château des Reynats à Chancelade, à 5 km du centre de Périgueux. "Il manque, et le maire a raison de le dire, un grand restaurant dans cette agglomération. Aussi, vouloir en implanter un est une bonne chose, mais il faut prendre en compte certains paramètres. La ville de Périgueux est un lieu de passage. Peu de voyageurs s'arrêtent et le manque d'hôtels, pouvant compléter une grande table, ne favorise pas l'allongement des séjours. C'est d'ailleurs en partant de ce constat que nous avons ouvert à Chancelade notre établissement (37 chambres, 4 étoiles NN). Nous sommes une des grandes capitales de la gastronomie en France, mais curieusement, nous n'avons pas de chefs réputés comme dans la vallée du Rhône. Je suis le seul étoilé de l'agglomération."

Attirer un chef de renom

Pour Régis Chiorazas, l'initiative de la mairie est positive, mais il faudra, pour que le futur hôtel de luxe trouve sa clientèle : un nom emblématique pour le chef et un accueil équivalent aux ambitions du restaurant en matière d'hébergement. "Une dizaine de chambres suffisent si les prestations sont de grande qualité", ponctue l'hôtelier. De leur côté, les services municipaux confirment leur intention d'ouvrir un établissement de luxe, tout en reléguant début 2001 le chiffrage du dossier. Dans tous les cas, l'investissement devrait être élevé, mais Xavier Darcos a choisi un site avec de nombreux atouts. La future grande table bénéficiera d'un emplacement privilégié et d'un cadre prestigieux. Petit château construit en 1850, racheté à la famille Chaux Kellershon par la ville en 1952, la bâtisse ceinte de tourelles à pignons se dresse dans un superbe parc de plus de 1 hectare, comporte trois niveaux, un escalier d'honneur, des dépendances... Restent les incertitudes financières, les montages possibles, les éventuels partenaires et surtout le grand chef attendu. "Nous avons sollicité plusieurs grands noms, précise le service de presse de la mairie, et deux semblent s'en dégager, mais rien ne sera annoncé avant quelques semaines." Patience.


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L'HÔTELLERIE n° 2696 Hebdo 14 Décembre 2000

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