Actualités

A la loupe
_________

André Rolland, président régional des Logis de France

"L'indépendant a de l'avenir si on ne charge pas la mule"

Les chances des petits hôteliers sont l'indépendance, la flexibilité, la qualité. Rien ne destinait André Rolland, "Breton de souche et de langue" à entrer dans l'hôtellerie. Rien sauf l'audace. Il a investi dans 3 établissements (115 chambres) qu'il a fait labelliser Logis de France. Pour la notoriété et la qualité.


André Rolland :
"La force de l'indépendant, c'est sa flexibilité, sa capacité à réagir."

Directeur d'une usine d'aliments pour bétail à quelques kilomètres de Fontenay-le-Comte, André Rolland reçoit un jour Yvon Guyomarc'h, frère et second du patron. "Il s'est intéressé au Rabelais, un hôtel alors en difficulté." Les deux hommes l'achètent en 1980. De 30 chambres au départ, ils l'ont porté à 54, classées 3 étoiles. Au centre-ville de la sous-préfecture endormie, le Fontarabie, où Simenon a logé son commissaire Maigret, vieillit et décline : "On s'est dit que dans une ville de 15 000 à 16 000 habitants un établissement 2 étoiles avec un 3 étoiles, ce serait complémentaire." Les deux associés reprennent le Fontarabie, 31 chambres, en 1993. Et un projet d'extension mûrit dans les cartons.
Nouvelle opportunité en 1995. Dans le bocage industriel des Herbiers, l'hôtel Aloé, 30 chambres 3 étoiles, va de mal en pis : "Deux dépôts de bilan et 18 mois de fermeture." Les deux associés fondent une 3e société et achètent. L'audace est récompensée : "Depuis deux ans, on ressent bien ici que le tissu économique est en expansion", avec en retombées directes pour l'hôtel le gîte et le couvert des cadres de passage, les locations pour les séminaires, les formations, etc.
Les trois établissements arborent la cheminée fétiche des Logis de France. Un choix dans l'éventail des chaînes volontaires fait dès 1984, "parce que Logis de France met en avant une recherche de tradition et de qualité". Comme un label. "Le temps me donne raison. La notoriété est là, le poids économique aussi. C'est la chaîne qui a le plus d'établissements au monde, dont 4 800 en France. Elle s'européanise avec le Luxembourg, la Belgique, l'Irlande et l'Italie."
Confiant la direction du Rabelais à Frédéric Beuchillot, André Rolland a pris sa retraite l'an dernier. Il est aussitôt élu président des Logis de France pour la Vendée, le second département touristique de France, "33 établissements, 1 005 lits 2 et 3 étoiles, 20 % du parc hôtelier".

Partenaire des organismes touristiques
La structure régionale dont il vient de prendre le manche réunit 170 établissements. Elle a été créée il y a trois ans, poussée par les élus politiques : "Le CRT recherchait des interlocuteurs. On sert de levier quand le comité veut faire une opération : fin juin, pendant cinq jours, on a fait une animation sur les bateaux transmanche P&O. On servait l'apéritif aux passagers, on plaçait notre guide régional, etc. J'ai fourni la brioche vendéenne, les collègues de Saumur le pétillant, etc. Chaque département a apporté sa contribution." Cette première devrait avoir des prolongements. "Des initiatives, j'en ai plus que de l'argent." Dans le cadre de partenariats, les coûts sont supportables.

Les petits hôtels de qualité ont de l'avenir
L'expérience a forgé la foi d'André Rolland dans la pérennité de l'hôtellerie familiale indépendante. Sous deux réserves : que la baisse de la TVA soit confirmée et que la réduction du temps de travail ne soit pas un fardeau de plus. "Les petites affaires familiales - la moyenne des Logis est de 17 chambres -, c'est 10 à 12 heures de présence par jour. Le métier est fait de temps morts qui sont des heures de présence. S'il faut deux à trois salariés à 35 heures, ça ne peut pas passer. Ce sera trop lourd en charge de travail ou en charges financières supplémentaires pour les exploitants. Il faut arrêter de charger la mule." Hors ces écueils, André Rolland voit l'horizon dégagé dès lors qu'on met le cap sur la qualité des prestations et la recherche des occasions à saisir. "La force de l'indépendant, c'est justement l'indépendance : sa flexibilité, sa capacité de réaction. En restauration, il faut sortir du steack-frites pour venir à la recette du terroir. Si l'établissement hôtelier fait de la qualité au niveau du produit et de l'accueil dans un juste rapport qualité-prix, il n'y a pas de raison de s'inquiéter."
En revanche, la clientèle doit avoir ses propres raisons de venir : le tourisme et les activités industrielles. En Vendée, le tourisme n'est pas tout : "On ne vit pas sur le tourisme traditionnel d'à peine deux mois, surtout qu'il ne faut pas oublier qu'en juillet-août, l'industrie tourne au ralenti ou à vide." L'été, les hôtels perdent une clientèle que le tourisme comble en substitution. En revanche, des événements comme le Vendée Globe, un départ du Tour de France cycliste, le spectacle du Puy-du-Fou avec des manifestations à partir du mois de mai et son parc dont la durée d'ouverture tend à s'allonger, sont de retombée immédiate et supplémentaire pour l'hôtellerie. Reste l'essentiel : "La reprise économique est là. Sur ce plan, je ne suis pas pessimiste ."
H. Front

En dates
1980
Acquisition du Rabelais
1993
Reprise du Fontarabie
1995
Achat de l'hôtel Aloé


Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts

L'HÔTELLERIE n° 2697 Hebdo 21 Décembre 2000


zzz36t
zzz36i
zzz18p
L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration