Cette année 2000 est
aujourd'hui close pour le secteur de l'hôtellerie-restauration en France. Elle restera
certainement comme une année-clé dans l'histoire des entreprises. Une année de reprise
pour un très grand nombre d'hôtels et de restaurants, tous les indicateurs économiques
le confirment même s'ils mettent en avant des différences importantes en fonction des
régions, et en fonction du type de prestation offert. Mais au-delà de ce vent
d'optimisme qui a su souffler sur l'activité cette année 2000 restera certainement, pour
les chefs d'entreprise et les salariés du secteur, une année de déstabilisation, une
année de remise en cause. Particulièrement ancré dans la tradition de ses métiers, le
secteur a toujours tardé à suivre le train de la modernisation sociale. N'a-t-il pas
fallu près de 17 années pour qu'une convention collective soit signée ? Une situation
qu'ont toujours intégrée avec fatalisme et résignation les salariés du secteur. Parce
que les métiers de service demandent une disponibilité de chaque instant, il semble bien
que depuis longtemps, le secteur ait choisi, à travers un accord tacite entre chefs
d'entreprise et salariés, de ne pas mesurer le temps. Et chacun d'y trouver plus ou moins
bien son compte. Rien de surprenant à ce que la loi sur la réduction du temps de travail
soit immédiatement apparue comme incongrue au sein des entreprises des CHR, tant pour les
salariés que pour leurs employeurs. Leurs syndicats eux-mêmes ont eu besoin d'un certain
temps pour comprendre que le secteur, puisqu'il n'avait pas été exclu par le
législateur du champ d'application de la loi, était, comme les autres secteurs
économiques, concerné par la RTT. Douche froide.
Aujourd'hui, certains chefs d'entreprise ont décidé seuls de prendre leur destin en
main, creusant encore un peu plus l'écart qui existe au sein du secteur. Certains ont
décidé de ne pas attendre la signature d'accord de branche pour se mettre en conformité
avec la loi. Après avoir investi sur la commercialisation ces dernières années pour
attirer des clients, maintenant que l'activité est bonne, ils ont choisi de faire du
marketing social et d'investir sur leurs équipes pour fidéliser les meilleurs
collaborateurs. Ce faisant, ils vont bien sûr creuser encore un peu plus l'écart qui
existe déjà au sein des entreprises du secteur, mais ils savent que c'est en acceptant
d'investir qu'ils se garantissent de l'avenir. Malheureusement, aujourd'hui, toutes les
entreprises n'ont pas les moyens de faire ce choix, les négociations sur la RTT sont
laborieuses et semblent s'orienter vers un durcissement de la situation. Plus la
résistance se fera forte et plus les petites entreprises seront fragilisées. Moins on
leur accordera les moyens d'appliquer la loi et plus on les marginalisera par rapport à
celles qui n'attendront pas la signature d'un accord pour réduire le temps de travail.
Espérons que l'année 2001 permettra de rééquilibrer les choses à travers la signature
d'un accord intelligent... Que l'année 2001 soit heureuse et prospère !
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2698 Hebdo 28 Décembre 2000