Dunkerque
Vincent et Francis Borel restent hôteliers, mais ont vendu un café archétype du lieu social urbain. Une demi-retraite méritée.
Vincent et Francis Borel, et leurs successeurs Gérard et Viviane Lefèbvre, propriétaire et gérante du café.
Viviane Lefèbvre est la
nouvelle patronne du Café Borel. Elle a repris fin septembre, avec son mari Gilbert, ce
bar-tabac que tous les Dunkerquois connaissent sous le sobriquet de 'Freycinet 14' (le
café se trouve à l'entrée du port qui compte 13 quais dits Freycinet). Vincent et
Francis Borel n'ont que 61 et 59 ans, mais ont déjà 40 ans de métier à leur actif. Ces
professionnels et leurs épouses Viviane et Blandine peuvent lever le pied. Ils font
partie de ces patrons tombés tous petits dans le métier, derrière le comptoir ou au
travail de nettoyage le week-end. Quand ils ont repris l'affaire de leur père décédé
en 1959, les jeunes Borel, 3e génération du nom, avaient de l'ambition.
Vincent et Francis ont reçu une formation hôtelière, et ont effectué en Angleterre un
stage qui leur a été utile toute leur vie. Ils en ont fait leur profit, tout comme
l'éducation commerciale reçue en direct. Le café est à la fois devenu le Café de la
Marine, un haut lieu du carnaval le jour de la Bande de la Citadelle, un rendez-vous des
soirées électorales. Francis est particulièrement fier de dire qu'à la grande époque
des maisons commerciales du port, quand elles avaient leurs sièges sur place, patrons et
employés pouvaient s'y détendre ensemble sans autre distinction sociale. C'est une
lourde tâche pour les successeurs. Ils bénéficieront toutefois de l'appui de Bruno, le
garçon des Borel, 20 ans de maison, "sans un jour de maladie", commente
Francis. Et ils ne sont pas nouveaux dans le métier. Ils ont déjà tenu une affaire
similaire à Calais, et viennent de vendre un hôtel-restaurant à Marcq-en-Baroeul près
de Lille.
Néanmoins, les Borel dirigent un hôtel-bureau 3 étoiles de 48 chambres qu'ils ont
créé avec 20 chambres en 1969 et agrandi par étapes, et une activité
traiteur-cocktails bien implantée dans le monde de la marine et de l'industrie. Très
discret sur ses chiffres, Francis, le gestionnaire, avoue une activité "excellente,
en augmentation chaque année", assise d'abord sur une clientèle d'affaires, et
sur des contrats très anciens avec des autocaristes britanniques. L'hôtel emploie 8
personnes. En se relayant, les deux couples pourront goûter à leurs loisirs favoris,
plongée sous-marine et pêche en mer pour l'un, golf pour l'autre. Une retraite toute
relative, mais comparée aux 16 heures d'ouverture du café tous les jours, cela donne
vraiment l'impression de souffler.
A. Simoneau
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L'HÔTELLERIE n° 2698 Hebdo 28 Décembre 2000