Le Chardon Lorrain à Nancy
Le 15 décembre 2000, le
bateau-restaurant Le Chardon Lorrain a fêté ses dix ans de navigation et de
restauration. Sept personnes et un apprenti travaillent sur le navire qui emmène les
convives sur l'eau, du lundi de Pâques à fin octobre les week-ends et jours fériés.
"Nous organisons des repas croisières en groupe toute l'année sur réservation,
avec une durée de croisière à la demande, explique Jeanine Thomas, la patronne du
Chardon Lorrain. Pour les individuels, nous naviguons les samedis après-midi et deux
heures le soir, de 21 heures à 23 heures. Les dimanches et jours fériés, c'est la
grande promenade qui dure cinq heures, de 13 heures à 18 heures." Pour déjeuner
et dîner sur l'eau, il en coûte entre 135 et 295 F, repas et promenade, selon le type de
menu et le temps de navigation. Les autres jours, le bateau reste à quai et fonctionne
comme n'importe quel autre restaurant. Madame Thomas, comme tout le monde l'appelle,
propose alors des menus allant de 90 à 135 F, ainsi qu'une carte riche en plats du
terroir. Car Madame Thomas aime la cuisine lorraine. Sandre au lard, Coq au vin des cotes
de Meuse, Rôti de porc à la mirabelle, ainsi que le fameux Leczinski (du nom du roi de
Pologne bienfaiteur de la ville), un gâteau à base de mirabelle, se marient ainsi au
rythme lent (entre 6 et 13 km/h) des flots du canal et de la Moselle en direction du nord
et de l'ouest de Nancy.
Avec ses dix ans de navigation, Madame Thomas est ainsi presque devenue un capitaine au
long cours. Dans sa vie antérieure, elle était comptable, mais l'aventure a commencé en
1986 avec Gilbert, son mari, et un complice de toujours, Serge Gérard. Les deux hommes
travaillaient ensemble sur un chantier de maintenance des péniches, à l'époque très
nombreuses. La baisse de la batellerie à Nancy les oblige à une reconversion. Les 37,6
mètres de long du Chardon Lorrain sont nés de leur passion. Les clients ne s'aventurent
pas à dire à Madame Thomas que son restaurant est une péniche restaurée ! Elle les
étriperait ! Le Chardon Lorrain est un vrai bateau qui a été construit de A à Z par
Gilbert et Serge, avec un chantier qui a duré quatre ans, et nécessité plus de quinze
tonnes de plaques d'acier.
En cuisine, chaque cm2 est exploité
Avec une coque de type catamaran composée de 24 caissons étanches, "pour la
sécurité si l'on heurte une voiture ou autre chose dans le canal", Le Chardon
Lorrain dispose d'une surface de 245 m2 accessible aux passagers. Il peut accueillir 125
personnes en navigation, 250 maximum à quai, et dispose de 106 couverts. Les dernières
cloisons du bateau ont été posées après introduction d'un piano. Dans la cuisine de 16
m2, chaque chose a forcément sa place, et les deux cuisiniers doivent jouer avec
virtuosité du moindre cm2. On déjeune ou l'on dîne à l'intérieur du bateau, mais le
moment du café ou du digestif venu, la terrasse du Chardon Lorrain est la bienvenue.
"Les convives peuvent rester plusieurs heures à se reposer et contempler le
paysage. Nous proposons une détente vraiment originale."
Jeanine Thomas avait bien préparé son affaire en effectuant, en 1990, une étude de
marché, dont les résultats sont toujours valables aujourd'hui. "Nancy est une
ville d'affaires, pas d'agrément, et le soir, il n'y a pas grand-chose à montrer."
Durant toutes ces années, Le Chardon Lorrain n'a pas rencontré de concurrence sur son
créneau. Deux péniches aménagées sont présentes sur le port de plaisance de Nancy,
"l'une propose des promenades sans restauration, l'autre fait café-concert
moules/frites et ne navigue pas". Alors le succès ne se dément pas et avec un
chiffre d'affaires annuel de 2,5 MF, l'entreprise tourne bien, même si en l'hiver le
bateau ne navigue pas. Que Le Chardon Lorrain soit à quai ou en navigation, Madame Thomas
a sans doute passé plus d'heures sur l'eau que sur le plancher des vaches.
Embarquement chaque matin, après le marché et l'achat de produits frais, et
débarquement le soir guère avant 23 heures lorsque les amarres sont lancées dans le
port. "Quand nous avons commencé, personne ne misait réellement sur nous,
surtout certaines banques. Mais l'entreprise est viable, la preuve", souligne
Jeanine Thomas. Il est 12 h 30, les premiers passagers arrivent. Passage obligé par le
poste de pilotage, amusement lors du passage de l'écluse de Frouard qui fait jouer de
l'ascenseur sur huit mètres, et toujours l'accueil souriant de la patronne et du
personnel.
Le Chardon Lorrain, d'une surface de 245 m2, peut accueillir 125 personnes en
navigation, 250 maximum à quai, et dispose de 106 couverts.
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L'HÔTELLERIE n° 2702 Hebdo 25 Janvier 2001