Les restaurateurs manifestent pour une baisse de TVA
On ne pourra pas reprocher au ministre des Finances d'avoir usé de la langue de bois pour répondre aux revendications des restaurateurs mobilisés sur plusieurs postes frontières pour faire entendre leur voix en matière de baisse de TVA. Le ministre des Finances a tout simplement refusé de les rencontrer. Le message, s'il a le mérite d'être clair, n'en est pas moins intolérable pour un grand nombre de professionnels. Initiée par l'Umih, cette épreuve de force avait fortement mobilisé. Aujourd'hui, rue d'Anjou, on promet de faire plus fort la prochaine fois.
Barrages filtrants, blocage
de postes frontières, de ports, l'Umih voulait frapper fort et s'était associée aux
déménageurs pour que le blocus soit plus impressionnant. Dès le lundi matin, tout
était en place, et les manifestants entendaient occuper les lieux le temps nécessaire à
l'ouverture d'une table ronde avec le ministère des Finances sur une baisse de TVA. Mardi
matin, c'est avec amertume que l'on faisait les comptes : les forces de police avaient
chargé à plusieurs endroits, au Boulou, et le président de la région de Narbonne avait
été mis en garde à vue quelques heures. Autant d'événements qui ne purent que
décourager les plus motivés par l'action.
Aujourd'hui, rue d'Anjou, on fait les comptes : "Nous ne nous satisfaisons pas de
la réponse de Laurent Fabius, la baisse des charges est un autre dossier et nous
continuerons à nous battre sur celui de la baisse de la TVA sur la restauration",
prévient-on.
Le SNRLH s'insurge de l'amalgame
Jacques Mathivat, président du SNRLH, est très inquiet de la prise de position de
Laurent Fabius. Aussi, n'hésite-t-il pas à dénoncer le fait que l'Umih ait organisé à
un tel moment une manifestation de cette ampleur sur la TVA : "Nous avons toujours
été pour une baisse de la TVA sur la restauration, et nous ne sommes absolument pas
contre le principe d'une manifestation sur le sujet. Nous faisons d'ailleurs partie de
plusieurs groupes de pression sur ce dossier, mais stratégiquement, nous ne sommes pas
d'accord sur la manière dont il a été conduit lors de cette manifestation ; il pourrait
même y avoir des conséquences particulièrement fâcheuses pour le secteur. Dans un
premier temps, puisque les politiques nous affirment que l'Europe nous empêche d'avoir
gain de cause, arrêtons de situer le conflit au niveau national et allons directement
nous faire entendre au niveau européen. Mais ce que nous contestons avant toute autre
chose, c'est le moment qui a été choisi pour mener cette opération qui sème la
confusion la plus totale dans l'esprit des uns et des autres, et nul doute que les
politiques sauront en profiter ! Nous sommes actuellement en train de mener à bien une
négociation très délicate pour obtenir une baisse de charges sociales dans le cadre
d'un accord loi Aubry. Nous cherchons justement, en opposition avec l'Umih, à signer un
accord de branche pour éviter la publication d'un décret qui nous interdirait tout
allégement de charges. Nous allons aboutir dans quelques semaines, et c'est le moment que
choisit l'Umih pour manifester !" Conclusion, Laurent Fabius, en fin stratège, a
mis en avant les allégements de charges dont devrait bénéficier prochainement le
secteur... "C'est pour lui la meilleure manière de faire diversion, on ne pourra
plus après reprendre le dossier de la baisse de la TVA, on nous répondra que nous avons
déjà eu une baisse de charges ! Alors que les deux problèmes n'ont rien à voir entre
eux. Qui plus est, une fois ces allégements obtenus à la suite de nos négociations,
l'Umih va déclarer que c'est grâce à la manifestation que ça a été obtenu !"
Autant dire que du côté du SNRLH, le mécontentement est réel. "Ces baisses de
charges rentrent dans le cadre de la négociation loi Aubry. Toutes les entreprises qui
respectent la loi y ont droit et il n'y a, en la matière, aucun cadeau spécifique pour
les restaurateurs ! La manifestation risque bien de nous interdire d'obtenir davantage",
conclut-il.
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L'HÔTELLERIE n° 2708 Hebdo 8 Mars 2001