Le trafic aérien s'intensifie
Le trafic aérien français ne s'est jamais aussi bien porté et devrait progresser d'environ 7 % par an à l'avenir. Une croissance de nature à allécher les chaînes hôtelières désireuses de profiter de cette manne captive des aéroports de l'Hexagone. Ces derniers offrent pourtant un potentiel fortement disparate, selon qu'il s'agit de Paris ou de la province, de métropoles ou de villes secondaires.
Les deux aéroports de la capitale tablent sur une nouvelle hausse de 5 % du trafic. Des chiffres à tempérer concernant Orly, dont le niveau plafonne aux alentours de 25 millions de passagers annuels depuis 5 ans pour des raisons réglementaires : l'autorisation du nombre de mouvements d'avions étant bloquée à son rythme actuel, seule l'utilisation d'appareils de capacité plus importante par les compagnies aériennes pourrait justifier une progression. Le parc hôtelier de l'escale d'Orly se limite donc à trois établissements, dont deux implantés depuis plus de 25 ans, qui drainent à eux seul l'essentiel de la clientèle d'affaires en quête d'hébergement à proximité immédiate de l'aéroport. Hilton a joué les pionniers dès 1966 à quelques pas d'Orly Sud, suivi d'Accor avec un Mercure (ex-PLM), puis un Ibis (ex-Arcade), le plus récent établissement du site. A l'extérieur du territoire géré par Aéroports de Paris (ADP), c'est le royaume de l'hôtellerie économique attirée par une clientèle de loisirs plus adepte des vols charters vers les Antilles ou des vols de correspondance vers la province.
Roissy est mieux équipé en hôtels qu'Orly
La plate-forme de Charles-de-Gaulle concentrera donc tous les espoirs de développement
hôtelier, avec un bémol si la construction du 3e aéroport parisien venait à voir le
jour. Pour l'heure, une quinzaine d'établissements se taillent la part du lion à Roissy,
dont 5 implantés directement sur la concession d'ADP, c'est-à-dire, à proximité
immédiate des aérogares. Ces 5 'privilégiés', situés à l'intérieur du périmètre
aéroportuaire - Sofitel, le plus ancien, Novotel, Ibis, Hilton et Sheraton, le plus
récent -, bénéficient d'avantages tels qu'un balisage à l'intérieur de l'aérogare
signalant leur présence, des bornes signalétiques permettant d'effectuer des
réservations spontanées et des services de navettes. Services qui se payent : les
hôtels concessionnaires doivent en effet s'acquitter d'une redevance annuelle, calculée
au prorata du chiffre d'affaires réalisé (dont ADP ne souhaite pas révéler le
pourcentage pour des raisons de "confidentialité commerciale").
Developpé depuis 1992 à l'extérieur du territoire d'ADP, le parc s'est diversifié,
allant de l'hôtellerie économique (Bleu Marine, Campanile, Ibis...) aux 4 étoiles
(Copthorne, Hyatt Regency, Manoir de Gressy...).
Une forte modernisation des hôtels de Roissy
La croissance du trafic à CDG reste très prometteuse, le nombre de passagers accueillis
par l'aéroport étant passé de 28,4 millions en 1995 à 48,3 millions l'an dernier.
Malgré les incertitudes sur la création d'un 3e aéroport parisien, le porte-parole
d'ADP estime que "l'on peut envisager la construction d'un ou deux établissements
hôteliers supplémentaires sur la concession dans les 5 ans à venir", ajoutant
: "Aujourd'hui, l'offre correspond aux besoins." La capacité hôtelière
qui échappe au contrôle d'ADP, aux limites de son territoire, va pourtant doubler dans
les deux ans, un grand nombre de CDEC ayant été approuvées ces derniers mois. Des
projets qui tiennent compte à la fois de la progression du trafic, mais aussi de
l'activité générée par la proximité de nombreuses entreprises, du Bourget et ses
salons, ainsi que par des manifestations se tenant au parc des expositions de Villepinte.
Sans oublier les grands salons parisiens qui hébergent parfois leurs clients jusque sur
les sites aéroportuaires. De leur côté, les séminaires d'entreprise représentent une
part croissante des revenus des hôtels : Hilton l'établit à près de 30 % de son
chiffre d'affaires. Boostées par l'arrivée en 1998 du Sheraton au cur même de
l'aérogare 2, Hilton, Hyatt et Sofitel ont investi plusieurs dizaines de millions de
francs dans l'amélioration des prestations sportives et des équipements high-tech à
l'intention des entreprises, augmentant du même coup les tarifs. On frise les 800 francs
de prix moyen et la location d'une salle de réunion, services et équipements dernier cri
compris, s'échelonne entre 12 000 et 16 000 francs par jour.
Fortes ambitions des aéroports régionaux
Ailleurs en France, le marché aéroportuaire appelle plutôt des constructions en
catégories 0 à 3 étoiles. D'après les responsables de chaînes internationales en
France, les seuls aéroports susceptibles d'accueillir de nouvelles unités en 3 étoiles
supérieur d'une centaine de chambres sont Nice, Marseille, Lyon (qui vient même de
lancer un appel d'offres pour un 4 étoiles) et Toulouse. Les autres plateformes se
prêteraient plus au développement du 0 au 3 étoiles. La progression du trafic de
passagers se stabilise en dessous de 10 %. Nice-Côte d'Azur demeure le premier aéroport
de province avec 9,39 millions de passagers en 2000 (+ 8,4 %), Lyon a franchi l'an dernier
la barre des 6 millions de passagers pour la première fois (+ 9,5 %), Marseille atteint
également les 6 millions, Toulouse dépasse 5 millions et l'aéro-port de Bâle-Mulhouse
approche des 4 millions de passagers (3,8 millions, + 5 %). A noter également que le
trafic international augmente plus vite que le trafic national sur la plupart de ces
sites, même s'il résulte souvent de mise en place de chaînes charters ou de l'arrivée
de compagnies 'low-cost', pas forcément porteuses de clientèle à forte contribution. Le
trafic international a par exemple progressé de 14 % entre 1999 et 2000 à
Lyon-Saint-Exupéry. Et feu Satolas ne compte pas s'arrêter en si bon chemin : fort de 2
000 ha, dont 900 de réserves foncières, l'aéroport veut atteindre les 10 millions de
passagers grâce à un plan ambitieux de développement de ses infrastructures. Au
programme : extension de terminaux et aménagement des pistes existantes pour 1,25
milliard de francs sur 5 ans. Un appel à des fonds privés a aussi été lancé pour
créer 1 500 m2 de centre d'affaires, 3 000 m2 de bureaux et 250
chambres d'hôtel. Bordeaux veut aussi recoller au peloton de tête des aéroports de
province et compte sur un investissement de 400 millions de francs pour dépasser les 3
millions de passagers. Côté hôtellerie, Envergure et Accor ont déjà balisé le
terrain, comme à proximité de nombreux aéroports français : l'escale bordelaise
dispose déjà d'une quinzaine d'établissements allant du 0 étoile (Formule 1) au 3
étoiles (Novotel, Mercure...), en passant par les Campanile et autre Bleu Marine. Reste
à compter sur la croissance...
L. Mathurin
Le Sofitel Paris CDG Airport est le premier établissement à s'être implanté à
l'intérieur du périmètre aéroportuaire.
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L'HÔTELLERIE n° 2709 L'Hôtellerie Économie 15 Mars 2001