Hôtellerie rurale
Plus de 4 000 hôtels sont localisés en France en milieu rural. Ce parc, composé souvent de charmantes maisons parfois dynamiques commercialement, voit souvent ses établissements vivre sur la corde raide avec d'immenses difficultés pour se rentabiliser.
Avec 49,1 % de taux d'occupation en 1999 (contre 46,2 % en 1998), un score faible comparé aux hôtels en zones urbaines, l'hôtellerie rurale s'active pour rester dans la course. C'est à coups de démarche qualité, de création de labels, d'affiliation à des chaînes volontaires, de thématisation, de modernisation ou encore de communication qu'elle tente (pour les plus actifs des professionnels), tant bien que mal, de jouer sa carte. Souvent isolés en pleine campagne, au mieux ancrés dans de petits villages, et dans tous les cas à l'écart des grands flux, les hôtels en espace rural ont d'énormes efforts à faire pour amener la clientèle jusqu'à eux.
La solution de l'affiliation à une chaîne
Confrontés à des difficultés patentes pour se faire connaître, nombreux sont les
hôteliers ruraux indépendants ayant pris la décision de s'affilier à une chaîne
volontaire. Cela représente 33 % des chambres en espace rural contre 23 % sur l'ensemble
de la France. Les Logis de France, première chaîne volontaire de l'Hexagone, rassemble
près de 3 600 hôtels, dont 74 % sont dans des communes de moins de 5 000 habitants.
Forte notoriété, volonté de qualité, promotion et communication (guide tiré à 650
000 exemplaires), centrale de réservations y compris sur Internet, etc., sont autant
d'apports majeurs dont peuvent bénéficier les adhérents. Jacqueline Roux, hôtelière
campagnarde en Haute-Loire, est affiliée à 3 chaînes volontaires : "L'enseigne
représente pour nos clients une garantie de qualité et ils sont prêts à faire un
détour pour une adresse sûre. Adhérer à une chaîne, c'est aussi être entraîné par
son dynamisme, ses projets et ses actions. Ça nous force à avancer, à nous mettre en
réseau ou à nous intéresser aux nouvelles technologies." A côté des Logis de
France, beaucoup de chaînes volontaires couvrant toutes les gammes sont des spécialistes
de l'hôtellerie rurale, comme Relais du Silence, Moulin Etape ou encore dans le haut de
gamme, Relais & Châteaux. Une bonne douzaine d'enseignes se montrent dans les
campagnes.
Etre inventif est de rigueur
Mais la seule affiliation à un réseau ne suffit souvent pas - surtout pour les maisons
dans des catégories économiques. Il faut souvent se creuser la tête pour trouver des
produits innovants pouvant attirer des clients en mal de belles occupations. Ainsi en
Haute-Loire, Jacqueline Roux, avec d'autres hôteliers, a mis en place un produit alliant
activité sportive et gastronomie. La Bicyclette Gourmande est un circuit en vélo
permettant la découverte de la région avec 6 étapes dans des hôtels munis d'une bonne
table. Gérant des établissements le plus souvent de petite taille (la capacité moyenne
de l'hôtellerie rurale étant de 17,8 chambres), les hôteliers n'ont pas toujours les
moyens de démarcher les tour-opérateurs, de commercialiser des produits ou tout
simplement de communiquer. Des initiatives sont prises et des aides sont à la disposition
des hôteliers comme l'Uccimac (Union des chambres de commerce et d'industrie du Massif
central) qui organise tous les 2 ans des rencontres 'Tourisme de nature et de
découverte'. Regroupant 80 tour-opérateurs étrangers, ce work shop permet aux
hôteliers de proposer des séjours et des activités liées à la nature et à
l'environnement, et ainsi d'élargir leur clientèle mais aussi leur saison.
Hôtels trop petits
La petitesse des établissements au vert qui les rend difficile à se rentabiliser - bien
souvent, les hôteliers cherchent surtout à développer leur restauration -, provoque une
déficience patente en termes d'investissement et de modernisation des équipements. Cela
peut jouer très vite en défaveur de la qualité de l'offre et donc de la satisfaction
des clients. Parallèlement, la France a perdu 10 % d'hôtels en zone rurale en 5 ans à
peine. Pour contrecarrer cette situation, des dispositifs sont mis en place par des CRCI
ou des collectivités locales, comme les conseils généraux, voire régionaux. Ces
derniers, conscients du rôle d'animateur de vie rurale que jouent les hôtels de
campagne, mettent en place des aides à la rénovation liées à une démarche qualité et
souvent concrétisées par l'obtention de labels. L'objectif est de combler les faiblesses
des infrastructures hôtelières en matière de sanitaires, d'isolation phonique,
d'information touristique, d'accueil ou autres. Confiantes dans l'avenir d'une petite
hôtellerie rurale qui marie authenticité, architecture typique, produits du terroir,
environnement agréable et convivialité, les collectivités choisissent de les soutenir.
Parfois à bout de bras.
Soutien par les collectivités
En Pays-de-la-Loire, le label Auberges de Village, lancé en 1994 par le CRT, rassemble 14
établissements de moins de 7 chambres. Les hôteliers détenteurs du label bénéficient
non seulement d'une subvention égale à 30 % du montant des dépenses (plafonné à 60
000 F HT par chambre), mais également de la notoriété du label due aux efforts de
communication et de promotion du CRT. "Etre Auberge de Village m'a permis de
créer 3 chambres et d'embaucher une personne. J'ai le projet d'agrandir ma salle de
restaurant et de construire d'autres chambres", affirme Félix Flores de
l'Auberge de l'Orée du Bois. Jouer les cartes de la restauration, des circuits, du
produit thématisé, du label qualité ou des chaînes volontaires sont autant de
solutions qui concourent à mettre en valeur cette hôtellerie dans laquelle on ne va plus
par hasard. "L'hôtellerie rurale banale est en voie de disparition. Seuls les
projets menés avec professionnalisme, où l'hôtel bénéficie d'une valeur ajoutée
réelle, sont acceptés par les banques", déclare le notaire, Maître Lévêque,
de l'étude SCP Lévêque Paoli. Il va de soi que ce sont toujours les meilleurs qui
restent.
E. Georges
Hôtellerie Le Clos, Relais & Châteaux.
2000 | 1995 | |||||||||
Nombre |
Nombre |
Nombre |
Nombre |
|||||||
0 étoile | 677 | 8 550 | 856 | 10 346 | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 étoile | 530 | 6 582 | 791 | 10 088 | ||||||
2 étoiles | 2 260 | 41 337 | 2 295 | 42 755 | ||||||
3 étoiles | 490 | 12 997 | 474 | 12 348 | ||||||
4 étoiles et luxe | 107 | 2 996 | 100 | 2 807 | ||||||
Total | 4 064 | 72 462 | 4 516 | 78 344 | ||||||
Source : Direction du tourisme |
Hôtels 2000 | Chambres 2000 | Taille moyenne | |||
Indépendant | 2 593 | 42 249 | 16,3 | ||
---|---|---|---|---|---|
Chaîne intégrée | 95 | 6 530 | 68,7 | ||
Chaîne volontaire | 1 376 | 23 683 | 17,2 | ||
Total | 4 064 | 72 462 | 17,8 | ||
Source : Direction du tourisme |
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L'HÔTELLERIE n° 2709 L'Hôtellerie Économie 15 Mars 2001