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Courts séjours

Un marché plein d'espoir

Les Français seraient de plus en plus nombreux à profiter de leur nouveau temps libéré par la RTT pour partir et profiter de courts séjours en France ou à l'étranger. Mais les chiffres et les sondages se contredisent. Les hôteliers et les restaurateurs attendent de voir pour y croire.

Avec la mise en place des 35 heures, les hôteliers rêvent de vendre des courts séjours et de remplir leur établissement durant les week-ends. Car déjà près 4,8 millions de salariés français (dont 1,2 million de Franciliens) sont concernés par la réduction du temps du travail. La France n'est pas le seul partenaire européen à s'être engagé dans la RTT (lire encadré ci-contre), mais ce sont essentiellement les consommateurs français qui alimentent le marché des courts séjours en France, hormis sur Paris et les régions frontalières qui accueillent de nombreux touristes étrangers. Les professionnels du tourisme, tour-opérateurs en tête, mais aussi autocaristes et réseaux d'agences de voyages, déclarent assister à une forte poussée des demandes sur les courts séjours. VVF dit enregistrer 15 % de ventes supplémentaires de week-ends depuis 2 ans. C'est 30 % de courts séjours en plus qui auraient été vendus en 1 an chez Nouvelles Frontières. Mais, globalement sur le marché, il reste difficile d'évaluer la vraie progression des ventes dans ces modules de voyages. Il est surtout trop tôt pour oser raccrocher ce phénomène à la mise en place des 35 heures. L'incertitude est si grande que l'on découvre ici et là des résultats d'études et de statistiques qui ne vont pas toujours dans le même sens. D'un côté, pour Frantour, 1 des 3 tour-opérateurs du groupe Accor, le nombre des courts séjours aurait doublé en 20 ans. Selon la Sofres, dans son enquête annuelle pour la Direction du tourisme, en 1999, on évaluait à 79,8 millions le nombre de courts séjours (moins de 4 nuits), soit 51,7 % de l'ensemble des séjours personnels et 16 % du nombre de nuitées. Si ce volume semble gigantesque, il est en régression continue depuis 1995, année pendant laquelle nos compatriotes avaient effectué 94,2 millions de courts séjours, soit 18 % de plus. Les séjours des touristes étrangers compensent sans doute la désaffection des Français, mais rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, les hôteliers qui organisent des forfaits week-end, sans être dans des stations touristiques, ont rarement l'occasion de dire qu'ils ont été envahis depuis ces 15 dernières années. Certes, l'avènement des 35 heures est une chance pour les intéressés de pouvoir associer les demi-journées chaque semaine ou une journée complète 2 fois par mois pour profiter de week-ends prolongés. Ce temps libéré devrait de plus en plus se convertir en petits voyages à l'avenir, estiment les voyagistes. Mais il est impossible de le vérifier. Aujourd'hui, 3/4 des courts séjours intègrent un week-end. Les demandes mais aussi les offres commencent à s'orienter sur les mid weeks, ce qui devrait s'amplifier à la suite de la RTT généralisée.

Une clientèle jeune
Cela permet des séjours en dehors de la cohue et apporte le bénéfice de tarifs souvent attractifs. D'autant plus qu'environ 1 actif européen sur 5 a des horaires atypiques, se trouvant en vacances ou en repos hebdomadaire quand les autres travaillent. L'amateur type des courts séjours est citadin, le plus souvent de la région parisienne (45 %), plutôt jeune (71 % à moins de 54 ans) et se déplace sans enfant, selon Frantour. Le comportement des clients de courts séjours a sensiblement changé ces dernières années. Les candidats aux voyages achètent tantôt des formules économiques, tantôt du haut de gamme. Il s'agit souvent des mêmes personnes confirmant que le 'décompartimentage' touche aussi ce type d'achat. Pour les détracteurs, la RTT est un miroir aux alouettes. Pour eux, elle aurait nécessairement provoqué une baisse des revenus, argument le plus souvent avancé. Le rapport présenté par le député Gaëtan Gorce à la commission sociale de l'Assemblée nationale semble vouloir contredire ce constat. Selon l'étude dont il est le rapporteur, dans 92 % des entreprises concernées, le passage aux 35 heures se serait accompagné d'une compensation salariale complète. Une étude du ministère de l'Emploi indique toutefois que l'on a observé une augmentation moins importante des salaires dans les entreprises où l'on applique les 35 heures que dans celles restées aux 39 heures.

Climat peu propice aux ventes
Parallèlement, les cadres qui sont parmi les premiers clients des courts séjours semblent se montrer de plus en plus mécontents des 35 heures. Selon le cabinet Epsy, une majorité (55 %) estime que la réduction de leurs horaires n'a pas modifié en mieux leur qualité de vie. Ils sont même 65 % à juger que leur charge de travail a augmenté - contre seulement 2 % à penser le contraire et 19 % à trouver que la qualité de leur vie privée s'est dégradée. Un climat peu propice à la vente de voyages et de séjours hôteliers, même si 61 % des Français approuvent les 35 heures selon un sondage du CSA. Avant une prochaine confirmation chiffrée de ce phénomène, les restaurateurs semblent déjà souffrir d'une désaffection de leur clientèle durant les jours de congé dus à la RTT. Quant aux hôteliers, si certains récupèrent modestement de nouveaux clients durant leurs week-ends, le nombre de voyageurs qui quitte l'hôtel le jeudi matin plutôt que le vendredi commence à être remarqué. Alors que les tour-opérateurs semblent se frotter les mains face à la RTT et montrent beaucoup d'espoir pour les ventes 'coups de cœur', les hôteliers et restaurateurs attendent de voir. Ils ne sont pas sûrs de s'y retrouver entre la désaffection de clients due aux congés RTT et l'apport de nouveaux consommateurs. Pour l'heure, selon différents sondages, les Français seraient seulement 9 à 14 % à avoir l'intention d'utiliser ce nouveau temps libéré pour réaliser des minivoyages. Rendez-vous en 2002.
M. Watkins

Des achats coup de cœur

Pour Frantour, spécialiste du court séjour en France et en Europe, qui a réalisé une étude maison, "les courts séjours sont surtout des achats coup de cœur, qui se décident au dernier moment (50 % dans un délai inférieur à 4 semaines)". Selon Godeleine Vérin, directrice de Frantour, ces minivoyages répondent à un besoin de dépaysement, d'évasion, mais pas forcément de repos. Le plaisir est un élément essentiel pour le choix, ce qui explique peut-être que les Français dépensent plus que pour un long séjour : 1 200 F par personne et par nuit en moyenne, contre 750 F en long séjour. "Nous observons que près de 30 % des choix de courts séjours sont motivés par la destination. 25 % sont choisis en fonction du budget disponible et 25 % sont des prétextes pour voyager", explique-t-on chez Frantour. Les courts séjours profitent surtout en premier aux grandes destinations, dont une dizaine de grandes villes européennes sont les vedettes principales (Venise, Rome, Londres, Vienne, Paris...).

 

Un phénomène européen

Aujourd'hui, 2/3 des Allemands salariés travaillent 35 heures et une autre partie à 36 heures par semaine. Les Néerlandais sont depuis 1982 les pionniers de la RTT travaillant en moyenne 38 heures par semaine. En Belgique, les discussions sont toujours en cours, mais les Belges affichent le temps de travail parmi les plus courts d'Europe : 38 heures contre 40 heures pour le temps officiel. Un projet de loi sur le passage aux 35 heures en 2001 a été rendu public en Italie en 1998.


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L'HÔTELLERIE n° 2709 L'Hôtellerie Économie 15 Mars 2001


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