Lozère
Le groupe Accor veut créer un casino à Langogne en Lozère, le département le moins peuplé de France. Le projet suscite la polémique et les protestations d'une municipalité voisine déjà pourvue d'un établissement de jeux.
Au pays de la bête du Gévaudan, l'alarme a sonné et on crie "au loup", alors que l'un des grands groupes de casinos s'apprête à entrer dans la bergerie. Le projet du groupe Accor à Langogne (Lozère) déclenche en tout cas une belle polémique entre la commune et sa voisine de Bagnols-les-Bains (à 40 kilomètres mais à 2 heures de voiture) qui craint que le nouveau venu ne mange tout cru l'établissement de jeux installé sur son propre territoire. Le futur 13e établissement d'Accor Casinos - le premier en dehors du littoral ou des stations des Alpes - s'inscrit dans le réaménagement d'un centre nautique bordant un lac. Le groupe compte investir 5 à 7 millions de francs dans la construction d'un bâtiment de 1 000 m2, avec terrasse et parc de stationnement de 50 places. L'offre du restaurant et des jeux de table sera ensuite rejointe par des machines à sous.
Une densité de population suffisante pour 2 casinos ?
Prévue au départ à l'été 2001, l'ouverture sera retardée au mieux pour la fin de
l'année. Car en attendant la décision administrative finale, qui devrait intervenir dans
les semaines à venir, les deux communes discutent toujours de l'utilité d'un deuxième
casino en Lozère. Avec moins de 75 000 habitants, ce département demeure de loin le
moins peuplé de France.
A Bagnols-les-Bains (243 habitants), on estime que la densité de population ne permet pas
à 2 établissements de gagner de l'argent. D'autant que le casino local est indépendant.
Le nouveau venu priverait l'établissement de Bagnols de sa zone de chalandise de
l'Ardèche et de la Haute-Loire (Le Puy) vitale pour lui. "Nous comprenons les
craintes de certains, reconnaît Gérard Odoul, secrétaire général de la mairie de
Langogne, mais le projet du groupe Accor s'inscrit dans une ambition plus touristique ;
c'est un vecteur de développement fort dans un site exceptionnel. Nous sommes mieux
positionnés par rapport au Puy, et la RN 88 nous amène une clientèle de passage."
La mairie de Bagnols-les-bains n'a pu être jointe directement. Du côté d'Accor Casinos,
malgré le retard pris par le projet et les passions locales, on affiche la sérénité.
"Nous connaissons des cas similaires où, sur des zones équivalentes, à moins de
30 km les uns des autres, de petits casinos vivent très bien. Nous n'avons aucune
intention de jouer la surenchère sur l'offre. La clientèle de passage et la population
locale - avec celle des quelques villes des environs - constituent un potentiel de
chalandise suffisant", estime Nicolas Ricat, responsable projet. Selon le nombre
de machines à sous autorisées, le casino pourrait miser sur un chiffre d'affaires de 14
millions de francs. Le groupe ne désespère pas d'ouvrir à la fin de l'année 2001.
"Cela paraît jouable, poursuit le responsable. Les travaux sont prévus
sur six mois. Si nous commençons cet été, nous avons des chances d'accueillir nos
premiers clients avant 2002."
Le casino de Bagnols-les-Bains craint qu'un 2e établissement de jeux, projet initié
par Accor, ne vienne le priver de sa zone de chalandise.
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'HÔTELLERIE n° 2710 Hebdo 22 Mars 2001