Par le syndicat hôtelier de Lyon
Parce qu'elle estime que le groupe Accor exerce à Lyon un "abus de position dominante", la chambre syndicale de l'industrie hôtelière du Rhône vient de saisir les services de la concurrence.
De toute évidence, une première en France qui voit le groupe Accor attaqué par le syndicat hôtelier d'une ville. Avec la reprise régulière de plusieurs groupes ces dernières années, un développement régulier des enseignes, le groupe Accor arrive aujourd'hui, sur certains sites, à occuper la première place en nombre de chambres sur certains créneaux. Certains réagissent. Tout part de l'autorisation délivrée à la fin du mois de février par la CDEC de la préfecture du Rhône : les sociétés Shevu et Eiffage se voient autorisées à construire, en plein centre-ville de Villeurbanne et sous l'enseigne Etap Hôtel, un hôtel de 135 chambres.
Roland Bernard en colère
Voilà qui est suffisant pour déclencher la colère de Roland Bernard, président du
Syndicat professionnel du Rhône, fort de près de 1 500 adhérents. Confronté au fait
que, depuis l'intégration du groupe SHB de Christian Lameloise par Accor en décembre
1999, ce dernier possède près de 50 % de l'offre en 3 et 4 étoiles, il observe
l'évolution des autres marchés, et aujourd'hui, c'est le risque d'une domination
identique en hôtellerie économique qui justifie, selon lui, la saisie de la direction
régionale de la CCRF pour "abus de position dominante".
"Le seul nom d'Accor suffit à faire tomber bien des barrières, puisque le permis
de construire a été délivré antérieurement à l'autorisation administrative. Prise
dans l'urgence, cette décision est en contradiction avec la stratégie 'ville
internationale' annoncée par les politiques. Cette ouverture peut être un frein à
l'arrivée de grandes chaînes internationales, et nous allons demander l'annulation du
permis de construire pour ce projet", précise donc Roland Bernard qui ne doute
pas être suivi dans son action.
Directeur régional d'Accor et président régional du GNC, Jean Mayu rétorque qu'Accor
"s'efforce simplement de s'adapter à un marché qui croit fortement à Lyon,
comme ailleurs du reste", et cite les chiffres du groupe sur le Grand Lyon : 5
hôtels en 4 étoiles avec 633 chambres (soit 43,5 % des chambres 4 étoiles), 14 en 3
étoiles avec 1 499 chambres (soit 51,77 %) et 15 en 2 étoiles pour 1 293 chambres (soit
seulement 28 % du parc 2 étoiles...).
Voilà qui promet quelques belles joutes dans les semaines à venir !
J.-F. Mesplède
Précisions : Selon les chiffres de la CCI, publiés dans L'Hôtellerie lors d'une récente étude sur le marché lyonnais, le parc proposait en début 2001 un total de 10 831 chambres, dont 1 454 en 4 étoiles, 2 895 en 3 étoiles et 4 634 en 2 étoiles.
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L'HÔTELLERIE n° 2711 Hebdo 29 Mars 2001
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