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L'événement

31e congrès de la CPIH à Niort

"Signer l'accord de branche, c'est laisser le temps aux plus petits de réduire le temps de travail"

La confédération renouvelle les 2 et 3 avril prochains l'ensemble de son staff national. Roland Magne est candidat à sa propre succession à la tête de la centrale de la rue Barye. Le point sur quatre années de remise en question du syndicalisme, mais aussi sur la position patronale vis-à-vis de la signature d'un accord de branche en matière de réduction du temps de travail.

Propos recueillis par P. Carbillet et S. Soubes

L'Hôtellerie :
Votre mandat a été marqué par le départ d'une partie de vos adhérents pour un autre syndicat. Le fardeau doit être lourd à porter ?
Roland Magne :
Les gens qui devaient partir sont partis. Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Mais je réitère ce que j'ai toujours dit : on ne marie pas la carpe et le lapin. Les chaînes n'ont pas les mêmes soucis que les indépendants. Ce sont des métiers différents, même si nous appartenons à la même profession. Bien sûr, la confédération a été affaiblie par ces départs, mais nous avons récupéré d'autres adhérents. Nous avons été rejoints notamment par l'Union syndicale professionnelle et artisanale de la cuisine (l'Upac) dirigée par Fernand Mischler et Antoine Westermann. L'Upac représente plus de 300 membres, et lors des élections confédérales, ils auront droit à 6 voix, à l'instar des départements. Je vous rappelle que les modifications de nos statuts, intervenues l'an dernier, permettent désormais aux syndicats indépendants d'être rattachés, s'ils le souhaitent, à la confédération.

L'H. :
Ces statuts prévoient également l'élection d'un vice-président ? C'est une première pour la confédération. Quel sera le rôle de ce vice-président ?
R. M. :
Il y a deux aspects. Nous avons d'abord voulu assurer une meilleure succession à chaque présidence en place. Le vice-président étant par définition la personne la plus à même de succéder à un président, sachant qu'ils se présentent ensemble et sous une bannière commune. D'autre part, un président qui travaille toujours seul, ce n'est pas bon. Il faut pouvoir s'appuyer sur une certaine complémentarité. Je me présente donc avec Jacques Fréalle, qui, je vous le rappelle, est président national des hôteliers. Nous sommes, de par nos métiers et notre expérience, complémentaires. C'est l'objectif.


"A défaut de signature d'un accord, le gouvernement prendra un décret qui imposera une RTT à 39 heures tout de suite, sans échéancier et surtout sans aidesfinancières, et ce, pour toutes les entreprises CHR, même les plus petites", déclare Roland Magne.

L'H. :
Certains déclarent actuellement qu'une majorité des membres de la CPIH serait contre le projet de RTT tel qu'il est présenté par votre syndicat, conjointement avec le SFH et le SNRLH. Comment réagissez-vous à ces propos ?
R. M. :
A l'heure actuelle, nous sommes à 50 % en faveur d'un accord négocié et 50 % contre toute négociation, en sachant qu'en cas d'égalité c'est la voix du président qui fait la différence. Mais il faut savoir que cette réduction est inévitable, et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, une loi nous impose une réduction du temps de travail, on ne peut aller contre, nous sommes dans l'obligation de la respecter. A nous de négocier pour limiter les dégats au niveau de la gestion de nos entreprises, et de savoir négocier pour que son application soit la plus indolore possible. Or ce n'est qu'à travers un accord de branche que nous pourrons bénéficier des aides financières de l'Etat, c'est la raison pour laquelle la CPIH est partie prenante de l'accord retenu par le ministère et les syndicats salariés. Cet accord a l'immense avantage de proposer un échéancier plus long que celui que la loi avait prévu pour réduire le temps de travail. Grâce à cet accord, les entreprises, en particulier les plus petites, gagnent du temps. A défaut de signature d'un accord, le gouvernement prendra un décret qui imposera une RTT à 39 heures tout de suite, sans échéancier et surtout sans aides financières, et ce, pour toutes les entreprises CHR, même les plus petites. Je crois que l'on occulte cet aspect du problème...
Deuxièmement, nous devons améliorer les conditions de travail dans la profession. Ceux qui sont pour le projet sont les mêmes qui sont en relation constante avec les centres de formation des jeunes. Ils ont conscience que si la profession n'évolue pas, elle court à sa perte car elle ne trouvera plus de salarié. Les jeunes ne veulent plus travailler dans de telles conditions. C'est donc dans ce contexte que j'ai été amené à prendre la position la plus favorable pour la profession.


Roland Magne réussira-t-il à convaincre le 2 avril ?

L'H. :
Allez-vous signer ce texte le 30 mars, soit deux jours avant les élections au sein de la confédération ?
R. M. :
Nous avons effectivement une réunion mixte paritaire le 30 mars. Mais il n'est pas sûr que la signature se fera à ce moment-là. Je pense que la signature de ce texte se fera dans la semaine qui suit.

L'H. :
Mais si vous n'êtes pas réélu, cela risque de remettre en cause la signature de ce projet par la CPIH ?
R. M. :
A mon avis, cette élection ne remettra pas en cause l'engagement de la CPIH sur ce projet de RTT. J'insiste de nouveau sur la nécessité de signer cet accord qui est indispensable pour la survie de nos petites entreprises indépendantes. Il en va de l'avenir de notre profession.

L'H. :
Ne craignez-vous pas que les élections pour la présidence nationale se jouent, en fait, au travers du oui ou du non à la signature du projet ?
R. M. :
Je ne suis pas en mesure de vous répondre. Je pense qu'il y a de nombreux facteurs qui entrent dans le choix d'un vote. Simplement, je sais qu'il y aura les rétrogrades et les progressistes. J'estime appartenir à cette deuxième catégorie, même si ce n'est jamais facile de faire évoluer les choses. Si je me présente, c'est pour terminer les dossiers que j'ai entamés. La RTT en fait partie. La seule chose qui m'inquiète vraiment dans ces élections, ce sont les accords passés entre Francis Attrazic et Claude Izard - je pense notamment à la labellisation. J'ai peur que ce type de rapprochement, à terme, fragilise la confédération.

L'H. :
Vous avez récemment évoqué la mise en place d'un plan emploi. En quoi consisterait ce plan si vous le mettiez en place ?
R. M. :
Il s'agit de promouvoir la profession aux yeux des jeunes. Pour ça, nous devons changer notre image, cesser de pleurnicher, montrer aux jeunes que notre secteur bouge et fait partie des métiers d'avenir. Je pense qu'il faut aussi instaurer de meilleurs échanges entre les systèmes de formation et les entreprises. Je suis aussi pour une revalorisation du Brevet Professionnel accompagné d'un apprentissage et d'un parcours obligatoire au sein de deux ou trois maisons. Un peu comme le compagnonnage. Je pense que les formations dispensées oublient encore trop souvent les aspects pratiques. Le thème du congrès de Niort portera d'ailleurs sur l'emploi. Nous l'avons intitulé : 'L'emploi, un défi pour les indépendants'.

L'H. :
Vous aviez appelé vos départements à se regrouper au niveau régional. Peu l'ont fait. Pourquoi ?
R. M. :
Effectivement, ce dossier n'avance pas très vite. Les problèmes que nous avons rencontrés concernent souvent la présidence des structures. Soit on s'est retrouvé avec pléthore de candidats, soit il n'y en avait pas du tout. On ne peut pas nier ici le ras-le-bol des indépendants qui, en fait, ne savent plus à quel saint se vouer... Ce n'est pas facile de motiver les gens aujourd'hui. Le secteur est confronté à une profonde remise en cause et le syndicalisme n'y échappe pas non plus. Je combats pour un syndicalisme qui ne regarde pas derrière lui, mais cherche à ouvrir de nouveaux débats, et travaille à l'évolution de la profession. Une certitude, c'est un combat de longue haleine.

Jean-François Girault, candidat à la présidence

Le président départemental de la Sarthe, Jean-François Girault, qui s'était déjà présenté aux élections nationales en 1997, réitère sa candidature à la présidence de la confédération.
Celui-ci souhaite aujourd'hui "redonner une image de vivacité à la CPIH", selon ses propres termes.
Si Jean-François Girault préfère rester discret en amont des élections, il confirme toutefois son opposition aux négociations sur les RTT telles qu'elles sont présentées actuellement, et regrette que le dossier de la TVA n'ait pas été une priorité au sein du syndicat.
"Je pense qu'il n'est plus temps d'être diplomate et qu'il est urgent que des hommes d'action veillent à l'avenir de la confédération." Jean-François Girault parle désormais au nom d'une équipe qu'il s'est constitué en la personne de Claude Izard, au titre de vice-président et de Messieurs Alvez-Pirez, Ryngel et Goepfert comme conseillers.

 

Programme du congrès

Lundi 2 avril
w Le matin : Election à la présidence confédérale.
w L'après-midi : Elections des présidents de branche.

Mardi 3 avril
w Le matin : Trois débats prévus sur l'euro, la formation puis la TVA.
w L'après-midi : Rapports des présidents de branche, discours du président confédéral et clôture du congrès.

Lieu : Espace Horizon - route de Paris - Chauray - 79180 Niort


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L'HÔTELLERIE n° 2711 Hebdo 29 Mars 2001


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