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A la loupe
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Janick Vigo

Au nom de l'hôtellerie

Présidente sortante de la CCI du Morbihan, membre du CES de Bretagne, élue maire adjointe chargée du commerce et de l'artisanat à Vannes lors des dernières municipales... et hôtelière passionnée, Janick Vigo est assurément une femme active. Un investissement quotidien au profit du tourisme et de l'hôtellerie.

Janick Vigo se dépense sans compter... pour les autres. Et comme elle le souligne justement, "lorsque vous apportez quelque chose aux gens, ils vous le rendent forcément. Mais vous faites ça parce que vous le sentez, pas par reconnaissance". Une philosophie que cette femme dynamique de 53 ans applique tout aussi bien dans son métier d'hôtelière que dans ses divers engagements. Et ils sont nombreux : du syndicat hôtelier à la CCI du Morbihan, dont elle a quitté la présidence le 18 décembre 2000, du conseil économique et social de Bretagne au Lion's Club de Vannes, en passant par les élections municipales qu'elle a remportées au second tour. Elle parle de son métier sans jamais évoquer les tracas quotidiens qu'il peut engendrer. "Je n'aime pas entendre systématiquement les professionnels se plaindre. Moi aussi j'ai des soucis, mais j'essaye de ne jamais les montrer." Et ce n'est pas parce qu'aujourd'hui son hôtel Mercure Aquarium de Vannes affiche une belle santé (11 MF de CA, 64 % de TO annuel) que Janick et Patrice Vigo n'ont jamais connu de difficultés. Elevée par sa mère, cafetière, dans le quartier du port de pêche de Lorient, Janick Vigo devient hôtelière à 20 ans, "lorsque ma mère, une fois le café vendu, s'est décidée à reprendre un hôtel de préfecture, La Presqu'île à Port-Louis, 16 chambres avec, en tout et pour tout, un seul W.-C. Le reste, c'était des pots de chambre". En 1972, La Presqu'île est rasée pour devenir l'Avel Vor, un hôtel 2 étoiles de 21 chambres. Cette fois, et ce sera depuis un détail de principe, toutes les chambres sont équipées de W.-C. distincts de la salle de bains. "Le client doit avoir chez moi autant, voire plus, que ce qu'il a chez lui." Entre-temps, Patrice, le fiancé, est devenu mari. Il laisse son uniforme de militaire pour endosser la veste de chef.
Personne à l'époque ne donne longue vie à cet hôtel. Ils se trompent. Car comme souvent, les Vigo anticipent sur leur temps. Et lorsque l'opportunité les pousse à Vannes, ils créent en 1987 un hôtel, en demi-cercle, où toutes les chambres donnent sur la mer. "Nous l'avons créé en nous inspirant de ce que faisait Mercure à l'époque et en nous disant qu'un jour nous pourrions nous franchiser. Car un produit doit être avant tout performant et ne doit pas être attaché à une seule personne." Lorsque les Vigo ne seront plus propriétaires, l'Aquarium ne perdra pas pour autant de sa valeur. Accor remarque effectivement cet hôtel, franchisé en 1998. Les Vigo ont-ils perdu leur indépendance ? "Je n'ai en la matière aucun état d'âme, précise Janick Vigo. Je reverse 7 % de mon chiffre au groupe, mais je suis à mon compte."
Cette année, l'Aquarium investit 14 MF pour passer de 48 à 73 chambres et 5 suites.

Un nouveau pari
Aussi prenant que soit son métier d'hôtelière, Janick Vigo n'y passe pas beaucoup de temps. "C'est Patrice le maître d'œuvre ici. Je suis entourée d'hommes : mon fils Loïc est directeur commercial et mon frère est également impliqué." Syndicaliste des premiers jours, vice-présidente des restaurateurs puis des hôteliers, elle siège par la suite à la commission tourisme de la CCI du Morbihan "après avoir fait un constat incroyable. Dans cette commission siégeaient des gens compétents, mais aucun n'était issu des métiers du tourisme. Un comble !" Sa prestance, son écoute des autres et son souci de compréhension la mènent en 1997 à la présidence de ladite CCI pour trois années. Alors, en qualité de présidente, elle nomme notamment deux personnes supplémentaires à la commission tourisme, conforte le tourisme industriel et technique dans le département... Cette expérience lui permet également de prendre du recul sur la profession. "Je pense que l'hôtellerie ne pourra échapper à un mouvement de concentration. Les petites unités vivront si le produit est d'exception dans un site d'exception." Quant à ses confrères, elle pense qu'ils "n'anticipent pas assez. Je trouve que beaucoup ont une vision trop courte. C'est le cas pour la RTT et ce sera le cas pour l'euro... On attend et après c'est souvent trop tard". Aujourd'hui, elle se lance dans un nouveau pari : "Ce n'est pas tant la politique qui m'attire, mais l'équipe sortante m'a proposé de les rejoindre pour un poste d'adjointe chargée du commerce et de l'artisanat. J'ai dit oui, dans un souci de servir la collectivité et mon métier. Quand c'est au nom d'une profession, vous donnez le meilleur de vous-même."
Excepté les milliers de kilomètres à parcourir dans la région, Janick Vigo ne se lasse pas. "Je n'arrive pas à m'imaginer inactive. Je trouve ma satisfaction dans le travail." Et les loisirs ? "Cela ne fait pas partie de ma culture, même jeune je n'y étais pas habituée." Le peu de temps qui lui reste, Janick Vigo le consacre à sa famille, "sans qui nous ne sommes rien". Et lorsque l'heure de la retraite sonnera, "je pense que je m'investirais dans des causes qui m'importent énormément comme la maltraitance des femmes et des enfants".
O. Marie


"Quand c'est au nom d'une profession, vous donnez le meilleur de vous-même", argumente Janick Vigo.

En dates

1967
Reprise de l'hôtel La Presqu'île à Port-Louis

1975
Création de l'Avel Vor

1986
Ouverture de l'Aquarium

1997
Élue présidente de la CCI du Morbihan

2001
Élue maire adjointe chargée du commerce et de l'artisanat.


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L'HÔTELLERIE n° 2712 Hebdo 5 Avril 2001


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