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Bretagne

L'année de la reconquête 

Président du Comité régional du tourisme de Bretagne et maire de Perros-Guirec, Yvon Bonnot a tiré les enseignements d'une année difficile. 2001 s'annonce comme celle de la reconquête sous le signe du patrimoine naturel et d'un tourisme des 4 saisons.

L'Hôtellerie :
Quels enseignements avez-vous tiré d'une année 2000 particulièrement difficile ?

Yvon Bonnot :
L'an 2000 restera effectivement une mauvaise année avec la tempête, l'Erika... Mais je suis optimiste car la Bretagne, en jouant la carte de la vérité, a renforcé sa crédibilité. Toute la région a été touchée et, comme ailleurs, on a remarqué que l'intérieur des terres dépendait largement du littoral. Les deux sont intimement liés et pourquoi ne pas reparler d'un jumelage entre des sites de bords de mer et de l'intérieur ? Nous avons également pu remarquer que les professionnels qui s'en tirent le mieux sont ceux qui commercialisent leur produit. Ceux qui n'avaient aucun engagement ont connu des difficultés. C'est un encouragement à la précommercialisation. Mais nos dirigeants aussi doivent en tirer des conséquences. Par rapport à l'Erika, nous avons observé des cafouillages dans la gestion de la crise. On nous parle également du premier pays touristique. Il n'y a pas que la fréquentation qui compte, mais l'économie qu'engendre cette fréquentation. Et là, nous sommes loin d'être leader. Les professionnels sont pénalisés par des charges trop importantes, la TVA...

L'H. :
Quelle stratégie la Bretagne va-t-elle mettre en œuvre pour reconquérir son image et sa clientèle ?

Y. B. :
L'année 2001 en Bretagne sera placée sous le signe du patrimoine naturel. Au travers de nos campagnes de promotion (budget évalué à 40 MF), nous allons inciter à la découverte en proposant à notre clientèle de rayonner à partir de grands sites. En collaboration avec Maison de la France, nous allons travailler sur ce thème sur le marché français, bien entendu, mais également sur le marché anglais, allemand, italien ou espagnol. Les Italiens sont demandeurs de nature, de fraîcheur... Ils ne cherchent pas uniquement un tourisme balnéaire. Sur le marché allemand, nous allons mettre en valeur l'image culturelle, authentique de notre région. Nous retravaillons aussi sur le marché belge, hollandais ou suisse. Notre campagne d'automne - 2 MF -, essentiellement axée sur Paris (l'Ile-de-France représente plus de 30 % de la clientèle française pour la Bretagne), a enregistré de beaux résultats. Nous allons par ailleurs appliquer dès cette année le plan marketing intitulé 'Pour un tourisme des 4 saisons en Bretagne', sur lequel nous travaillons depuis 3 ans. L'année 2000 nous a bien montré qu'il ne faut plus uniquement miser sur la saison (lire encadré).

L'H. :
Cette orientation demande une nouvelle organisation du travail pour tous les professionnels du tourisme.

Y. B. :
Nous devons tous travailler en réseau. Fini le temps des querelles de chapelles. On ne peut plus penser tourisme en travaillant seul dans son coin. Les professionnels doivent œuvrer aux côtés des CCI, des CDT, etc. Travail en réseau et complémentarité des équipements et des hébergements. Car ce que le touriste ne trouve pas dans une région, il le cherchera ailleurs. Des hôtels, bien entendu, mais également des gîtes, des villages vacances, etc. Les chaînes ont aussi leur place aux côtés d'une hôtellerie familiale dynamique. Evitons simplement une concentration dans un même secteur. Il faut que l'hôtellerie familiale, qui constitue une grande richesse pour la Bretagne, s'adapte à la clientèle. Les professionnels ne doivent pas jouer uniquement la carte de l'hébergement, mais plus généralement celle de l'accueil, de l'animation, etc. Ils doivent devenir des relais, des ambassadeurs de leur région. Pour cela il faut qu'ils se dégagent un peu plus de leurs tâches routinières. Je sais que cela n'est pas facile compte tenu des problèmes de personnel, mais c'est essentiel. Les collectivités doivent également prendre des risques en soutenant par exemple des animations hors saison. L'enjeu majeur de ce nouveau siècle est aussi Internet. Les professionnels doivent s'adapter à la modernité et dans ce domaine, je suis prêt à faire des propositions en matière de formation.

L'H. :
La Bretagne mise sur la qualité, pourquoi ne pas encourager un seul et même grand label qualité ?

Y. B. :
Avant de lancer un grand label qualité, nous voulons que tout le monde œuvre dans le même sens sur le terrain. Sensibilisons d'abord les professionnels à l'accueil et à la qualité. Nous aidons déjà les groupements de qualité. Regardez la restauration, nous avons la chance d'accueillir de très belles tables. Nous soutenons notamment Tables et saveurs de Bretagne, l'opération Véritable plateau de fruits de mer, etc. Les crêpiers qui étaient hostiles à tout label sont aujourd'hui demandeurs. Nous sommes prêts à aider ceux qui jouent la qualité et la fraîcheur des produits. A ce titre, je pense que la Bretagne mérite un 3 étoiles. Nous avons la clientèle pour ça.
O. Marie


La Bretagne parie sur le hors saison. Cette orientation semble plus que jamais d'actualité.

De l'intérêt du '4 saisons'

La Bretagne, au travers de son plan marketing 'Pour un tourisme des 4 saisons', parie sur le hors saison. Cette orientation, en germe depuis plusieurs années, semble plus que jamais d'actualité au vu des derniers chiffres distillés par l'observatoire régional du tourisme de Bretagne et concernant la fréquentation d'avril à septembre 2000. Sur cette période, et en comparaison avec les chiffres de 1999, la baisse du nombre de visiteurs est estimée à - 13 % (- 7 % au printemps et - 15 % en été). La clientèle étrangère a notamment fait défaut. Dans l'hôtellerie classée, les trois principales clientèles étrangères sont en baisse : - 32,3 % de nuitées pour les Allemands, - 33,2 % pour les Italiens, et - 28,5 % pour les Suisses. Les TO sont en baisse pour l'ensemble des catégories excepté les 0 étoile (+ 1,5 %). La durée du séjour en hôtellerie classée ne varie pas par rapport à 1999, demeurant à 1,9 jour pour les étrangers et à 2 jours pour la clientèle hexagonale.
Un récent sondage réalisé par Ipsos pour le compte de 'Bon Voyage' montrait par ailleurs que la Bretagne se classait première par rapport aux autres régions sur le critère paysage avec 29 % (devançant la Corse avec 19 %), l'accueil, le rapport qualité-prix et le patrimoine culturel avec 35 % (devant la Normandie avec 20 %). Elle se classe seconde pour sa gastronomie (21 %) derrière l'Aquitaine-Pays Basque (26 %). Autant d'atouts sur lesquels la Bretagne peut s'appuyer au printemps, à l'automne ou en hiver.


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L'HÔTELLERIE n° 2712 Hebdo 5 Avril 2001


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