Loi Godart
Suite à la décision de la Cour de justice européenne en date du 29 mars 2001, qui interdit l'exonération de TVA sur le service, vous êtes nombreux à vous inquiéter des répercussions que cette décision aura sur le mode de rémunération dans vos entreprises. Nous vous proposons un rappel de cette loi et les réponses aux questions que vous vous posez.
Doit-on déjà modifier le mode de calcul ?
Non ! Vous devez attendre que le gouvernement français transpose cette décision
européenne dans la réglementation française en abrogeant la circulaire de 1976, qui
rappelle le régime de cette tolérance administrative qui exonère de TVA la part du
pourcentage service sur les notes des clients.
Est-ce la disparition de la loi Godart ?
Non ! La loi Godart du 19 juillet 1933, toujours en vigueur, a pour effet de donner
au personnel en contact avec la clientèle le bénéfice des sommes prélevées au titre
du service.
Le principe de cette rémunération consiste en une redistribution du service versé par
le client au personnel de salle. Le service est prélevé par l'employeur sous la forme
d'un pourcentage qui est ajouté à l'addition payée par le client. Le taux est librement
choisi au préalable par le chef d'entreprise. Il peut être de 15 %, 13 %, 12 %... Ce
pourcentage se calcule soit sur le chiffre d'affaires hors taxes et hors service - dans ce
cas, il doit être mentionné sur tous les documents 'service X % compris' -, soit il est
calculé sur le chiffre d'affaires toutes taxes comprises et hors service - dans ce cas,
il doit être mentionné sur tous les documents 'taxe et X % service compris'.
L'employeur pourra-t-il modifier son mode de calcul ?Non ! L'employeur qui décide de changer de méthode de calcul du service,
c'est-à-dire d'appliquer le pourcentage service sur un montant HT à la place d'un
montant TTC, modifie la rémunération de ses salariés. En conséquence, il s'agit d'une
modification substantielle du contrat de travail. Il doit donc au préalable informer son
personnel de cette modification. Les salariés ont un mois pour accepter ou refuser le
changement. En cas de refus, le salarié est licencié pour motif économique. |
La part du service est exonérée de TVA
Jusqu'à présent, l'administration fiscale admet, par mesure de tolérance, que les
sommes versées au titre du service soient exonérées de TVA si les 4 conditions
suivantes soient respectées :
w le taux pratiqué pour la rémunération du service est
porté à la connaissance de la clientèle ;
w le montant du service est intégralement réparti entre
les membres du personnel en contact direct avec la clientèle ;
w la répartition est retracée dans un registre spécial
émargé par les bénéficiaires à chaque versement ;
w le montant réel des sommes perçues par les membres du
personnel rémunérés au service est porté sur la déclaration annuelle des salaires.
P. Carbillet
Ce que condamne l'EuropeLa cour a rappelé, qu'en droit français, la base d'imposition à la TVA est en
principe constituée, pour les prestations de services, par le prix total payé par le
client en contrepartie des services qui lui sont rendus, ce qui inclut le pourcentage
service. Ce que veut l'EuropeLa commission estime que la taxe sur le service fait partie intégrante du prix
total payé par le client en contrepartie du service offert par le prestataire. |
Deux méthodes de calcul remises en cause par l'Europe1 . Le service est calculé en appliquant le pourcentage au
montant TTC hors service (qui est la méthode historiquement la plus ancienne). 2 . Le service est calculé en appliquant le pourcentage au
montant hors taxes et hors service. Cette méthode plus récente est apparue au cours des
années 70. En effet, les organisations syndicales patronales ont fait valoir qu'il était
anormal de payer du service sur une somme d'argent que le restaurateur ne percevait pas
réellement. |
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Non ! Les sommes laissées par la clientèle sur la table ne sont pas concernées. La commission précise que "son recours concerne uniquement la taxe de service, qui est payée obligatoirement par le client et dont le montant est déterminé à l'avance, et non le pourboire octroyé spontanément et librement par le client à tel ou tel employé. Elle estime, en effet, que ce pourboire-ci, purement facultatif, est comparable à l'obole distribuée par les passants à un joueur d'orgue de Barbarie, en ce sens qu'il s'agit également d'un versement purement gracieux et aléatoire, dont le montant est pratiquement impossible à déterminer et qui ne doit pas être soumis à la TVA".
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L'HÔTELLERIE n° 2713 Hebdo 12 Avril 2001