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Après la grève des éboueurs

L'image de Marseille a encore souffert

Plus que les baisses de fréquentation ou de chiffre d'affaires, c'est une nouvelle dégradation de l'image de leur ville que les restaurateurs marseillais déplorent après la grève des éboueurs. 

Sept jours de grève des éboueurs à Marseille. La semaine dernière sur le Vieux Port, la brise marine ne parvenait pas à dissiper l'odeur pestilentielle qui régnait. La Bonne Mère avait les pieds dans les poubelles, quai de Rive Neuve, où un tas d'immondices jouxtait la terrasse du Corner Café. Malgré les vapeurs nauséabondes, un employé briquait avec soin le sol de la grande salle. Gérard Combes, le propriétaire du Corner Café, avait dressé sans y croire, les quelques tables de la terrasse. Une semaine après la fin du conflit, le restaurateur est encore amer. "Comment vouliez-vous qu'on attire le chaland avec cette odeur, ce tas d'ordures ? s'interroge le restaurateur. Certains de mes voisins avaient fait le choix de baisser le rideau jusqu'à la fin de la grève. Difficile de chiffrer nos pertes pour l'instant. Et si on a eu mal au cœur, ce n'était pas simplement à cause de l'odeur : les touristes qui étaient venus à l'occasion de la parade finale de The Race, nous demandaient si Marseille était toujours comme ça. L'image de la ville en a encore pris un coup." Pourtant, le patron ne rejette pas la responsabilité de la situation uniquement sur les grévistes : "Depuis la privatisation du service des ordures, la situation se dégrade. Maintenant, les employés ramassent les ordures à la va-vite. Ils ne s'occupent plus de ce qui reste à côté des sacs. C'est normal : ils n'ont même plus de pelles pour le faire."

Des arrière-cours transformées en décharge
S'ils sont unanimes pour déplorer la situation, tous les restaurateurs n'ont pourtant pas toujours fait preuve du civisme, ce qui aurait permis de limiter les dégâts. Devant un restaurant de coquillages, les déchets étaient entassés à même le sol, même pas emballés dans des sacs en plastique...
Et si les établissements les plus fréquentés du Vieux Port, notamment les chaînes de restauration rapide, ont gardé une entrée impeccable, leur arrière-cour et les rues voisines s'étaient transformées peu à peu en décharges sauvages. "Les normes d'hygiène nous interdisent de garder les ordures dans nos locaux, se justifie un patron de café. On est bien obligés de les amener au lieu de ramassage habituel...", même quand il n'y a plus de ramassage et qu'au moindre coup de vent, papiers et sacs en plastique s'éparpillent sur toute la chaussée. D'autres n'ont pas hésité à employer les grands moyens pour se débarrasser des encombrants déchets. Dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 avril, les marins-pompiers de Marseille ont recensé 42 feux de poubelles, vraisemblablement déclenchés par les riverains. En sept jours de grève, la mairie estime que 800 tonnes de déchets se sont entassées dans le centre-ville. "Plus qu'au niveau du travail, c'est en termes d'image que cette grève fait mal, analyse Frédéric Pouch, directeur du restaurant La Côte de Bœuf, cours Estienne d'Orves. Le Vieux Port est un site unique en France, en plein centre-ville. Et pendant plusieurs jours, les touristes japonais ont photographié les tas d'ordures ! Ça fait mal. Comment voulez-vous donner l'image d'une ville propre après ça ? On conforte les gens dans leurs a priori sur Marseille..." En août 1999, la grève avait duré 15 jours, provoquant l'amoncellement de 4 000 tonnes de déchets. Cette année, les dégâts ont été limités mais qu'adviendra-t-il au prochain conflit entre salariés et direction des entreprises de nettoyage.


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L'HÔTELLERIE n° 2713 Hebdo 12 Avril 2001


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