Projets Passerelles-Entreprises (Paris-IDF)
En trois ans, 150 jeunes ont été recrutés à l'issue d'un stage préqualifiant.
Agé de 21 ans, Richard
Gottenkien n'était jamais resté plus de 15 jours de suite dans un stage de formation.
Maçonnerie, boulangerie, fleuriste..., il avait bien essayé plusieurs pistes mais sans
succès. En février dernier, il a signé un contrat à durée indéterminée à temps
partiel (87 heures mensuelles) dans le restaurant franchisé McDonald's, cours de
Vincennes à Paris dans le XXe arrondissement. Après un stage de 17 semaines de formation
professionnelle préqualifiante dans le cadre des projets Passerelles-Entreprises auxquels
participe depuis trois ans l'enseigne de restauration rapide McDonald's, qui travaille en
partenariat avec l'organisme de formation Imepp (Institut municipal d'éducation
permanente de Pantin). "Il s'agit d'une convention tripartite entre notre
enseigne, l'organisme de formation et la région Ile-de-France, explique Anne
Petitpierre, manager en projets ressources humaines chez McDonald's France. En trois
ans, nous avons recruté 150 jeunes de cette façon sur la région parisienne."
Deux sessions de formation sont organisées par an. En octobre dernier, 15 jeunes, âgés
de 18 à 25 ans, recrutés par les missions locales et les Permanences d'accueil
d'information et d'orientation (PAIO), orientés ensuite sur l'Imepp, ont été placés
dans 15 restaurants, franchisés ou non, de la chaîne pour 17 semaines en alternance avec
le centre de formation. "Nous avons établi un programme de formation en
partenariat avec McDonald's, dont le module le plus important est la communication",
explique Corinne Peyrard, formatrice à l'Imepp. Gestion de conflit, comportement,
gestuelle, accueil du client, mais aussi, pour les autres modules, hygiène, informatique,
encaissement, législation du travail... Il s'agit de faire du stagiaire, en rupture avec
le travail, un candidat potentiel à l'embauche au poste d'équipier polyvalent.
Volontariat
Chaque restaurant qui accueille un stagiaire en insertion est volontaire. Il ne touche
aucune subvention de la maison mère et rémunère le jeune à hauteur de 2 000 francs
nets, une somme qui s'ajoute aux 2 000 francs nets alloués par le conseil régional via
le Cnasea (Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations
agricoles). "Sans l'adhésion de toute l'équipe, il n'est pas possible de se
lancer dans une telle expérience. Car il faut assurer un encadrement continu, ce qui
n'est pas toujours évident", commente Xavier Loheac, le franchisé. Les
critères de sélection d'un stagiaire sont sa motivation, son adaptabilité et sa
disposition à s'intégrer dans une équipe.
Par rapport à une formation classique au poste d'équipier, le programme implique 30 % de
temps supplémentaire sur chaque poste de travail. A la fin de chacune des trois périodes
d'immersion en entreprise, l'Imepp fait le point de façon à combler les manques en
centre. Un carnet de correspondance permet de faire le lien de façon continue et de
signaler les éventuels problèmes tels que, par exemple, les retards ou les absences. De
même qu'un comité de pilotage McDo-Région-Imepp fait le point avec le jeune sur son
intégration. Au terme du programme, il reçoit un certificat d'aptitude.
Au McDonald's du cours de Vincennes, on se dit prêt à retenter l'expérience. A la fin
de chaque session, 70 % des jeunes sont embauchés. Ils disposent des mêmes perspectives
de carrière que les autres équipiers, même si l'objectif pour ce dispositif consiste
davantage à donner la chance d'un premier CDI plutôt qu'à offrir un plan de carrière
par ce biais. "Nous avons eu deux ex-stagiaires qui ont évolué jusqu'au poste
d'assistant de direction. Malheureusement, une personne nous a quittés car elle a
paniqué. Les choses avaient dû se dérouler trop rapidement pour elle. C'est dommage",
commente Anne Petitpierre.
L. Anastassion
Imepp :
10-12, rue Gambetta - 93500 Pantin
Tél. : 01 48 43 87 15 - Fax : 04 48 91 68 14
E-mail : formation.imepp@libertysurf.fr
Richard Gottenkien (à gauche), aux côtés de Xavier Loheac (franchisé), Anne
Petitpierre (Mc Donald's France), Corinne Peyrard, sa formatrice (Imepp), et Sébastien
Brodard (superviseur).
Richard Gottenkien : "Suivre le rythme"J'ai quitté l'école à 16 ans, en classe de troisième. J'ai suivi des formations de maçon, de fleuriste, de boulanger, mais cela ne me plaisait pas. Je ne mettais pas beaucoup de volonté à réussir. Je vivais chez mes parents au Pré-Saint-Gervais. Et puis un jour, j'en ai eu assez de cette situation. La mission locale m'a proposé un stage chez McDo. Cela m'a tout de suite plus. Au début, le plus difficile, c'est de suivre le rythme, de bien faire les préparations des produits et aussi de s'intégrer dans l'équipe. Mais, les choses ont commencé à aller mieux à partir de la seconde période dans le restaurant. Je suis équipier polyvalent depuis le 1er février dernier et je suis content d'avoir un contrat, un job. Je travaille à temps partiel et je gagne 3 800 francs nets par mois. J'aimerais faire plus d'heures. Pour l'instant, je préfère rester en cuisine car je trouve que les clients ne savent jamais ce qu'ils veulent. Je pense rester équipier environ un an puis aller travailler dans un magasin de sport. |
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L'HÔTELLERIE n° 2713 Hebdo 12 Avril 2001