Il semble bien que le propre de l'homme (ou de la
femme) politique est d'avoir la mémoire courte ! Le ministre des Finances en est le
pittoresque exemple... Qu'une fois installé à Bercy, en charge des finances de la
France, Laurent Fabius tire un trait sur l'analyse que le président de l'Assemblée
nationale, qu'il était alors, avait pu faire sur la légitimité de la demande des
restaurateurs en matière de baisse de la TVA, est forcément une attitude qui irrite
quelque peu les professionnels qui avaient eu la naïveté de croire ses déclarations.
Mais passons, ne dit-on pas que les promesses des politiques n'engagent que ceux qui les
croient... Mais si la mémoire est courte, l'analyse tant économique que financière, se
devrait tout de même d'être juste et... honnête de la part de celui qui fut, un temps,
Premier ministre de la France... !
Eh bien, là encore, tous les coups sont permis et la mauvaise foi, pour ne pas dire la
dissimulation de la vérité, apparait comme un argument politique de choix !
Les choses sont claires, le ministre des Finances refuse d'ouvrir la moindre
négociation sur une réduction de la TVA en restauration. Ce doit être d'ailleurs avec
une certaine jubilation qu'il constate que les actions qu'ont mené les professionnels
auprès des instances européennes pour faire entendre leur voix, ont, jusqu'à présent,
permis aux caisses de l'Etat de récupérer, au titre de la TVA sur la restauration,
davantage encore : la restauration d'entreprise, jusqu'ici exonérée se voit taxée à
5,5 % et l'exonération de TVA sur le service va être supprimée...
Mais surtout, période électorale oblige, pas question de fermer la porte aux électeurs
que sont les restaurateurs et pour mieux les convaincre que l'Etat prend en compte leurs
revendications, pour mieux pouvoir prendre en compte leurs voix aux prochaines élections,
les instances gouvernementales évoquent un projet de baisses des charges ! La ficelle est
tout de même un peu grosse... naïfs, peut-être, idiots, non, les professionnels ne se
laisseront pas prendre à la supercherie longtemps ! L'effet d'annonce, une fois de plus,
ne pourra qu'irriter les restaurateurs qui eux ont certainement la mémoire moins courte
que le ministre des Finances.
En effet, ce décret de baisse de réduction des charges que nous promet, dans sa plus
magnanime générosité Laurent Fabius, n'est rien d'autre que celui qui, en 1997, avait
été promis aux professionnels en échange de la signature de la convention collective.
Sur quatre années, à raison de 25 % par an, la totalité des cotisations patronales sur
l'avantage en nature nourriture devait disparaître. En 1998, le montant forfaitaire avait
ainsi été fixé à 1,28 franc par repas, un nouveau décret, promis rétroactif au 1er
juillet 1999, devait être publié...
Le ministère l'avait assuré "une question de quelques jours", avait
déclaré l'émissaire de Michelle Demessine, le 14 octobre 1999, au congrès de la
Fagiht. Mais ce décret qui devait porter la déduction à 2,56 francs n'est toujours pas
paru... Alors que nous devrions aujourd'hui, si l'Etat avait tenu ses engagements, arriver
à 100 % d'exonération de cette cotisation. Et c'est justement ce décret que le ministre
des Finances met en avant pour calmer les restaurateurs qui, entre refus de la baisse de
la TVA et RTT, s'agitent de plus en plus ! Qui plus est, c'est sur sa rétroactivité
qu'il tergiverse alors que le ministère des Affaires sociales joue de la publication de
ce décret pour faire signer l'accord RTT aux syndicats patronaux.
C'est vraiment faire peu cas de l'intelligence des hôteliers-restaurateurs qui ne peuvent
prendre cette attitude que comme une offense. C'est un plan de mesures concret, en
matière de baisse des charges, qu'attendent les professionnels, pas une obole.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2713 Hebdo 12 Avril 2001