Au cours des trois années
qu'ont duré son mandat de président, Antoine Westermann n'a compté ni son temps, ni son
énergie pour chercher à mobiliser les cuisiniers de haut niveau autour de lui, au sein
de la Chambre syndicale de la haute cuisine française. Si ses efforts n'ont pas été
vains, ils sont restés toutefois démesurés par rapport aux résultats obtenus. S'ils
aiment particulièrement faire la fête ensemble, les grands chefs n'en restent pas moins
particulièrement individualistes dans leur comportement. Alors qu'ils rencontrent souvent
des problèmes similaires, qu'ils sont particulièrement enclins à exprimer
mécontentement, colère ou découragement face à l'évolution de leur métier, de leur
environnement économique, ils brillent par leur absence quand il s'agit de construire un
projet commun, pour défendre d'une manière constructive leur secteur d'activité face
aux pouvoirs publics, comme quand il s'agit de s'impliquer dans des actions cohérentes
pour améliorer l'image de marque de leur métier. Se dédouanant à travers le règlement
d'une adhésion, ils préfèrent participer à quelque émission de radio ou de
télévision, aussi lointaine soit-elle de leur métier, que de consacrer du temps à
réfléchir à l'intégration des jeunes dans leur entreprise, à leur évolution de
carrière, à leur motivation pour intégrer les métiers des CHR. Celui qui, à titre
personnel, trouve les solutions adaptées aux problèmes de son entreprise s'en satisfait
; celui qui, seul, ne les trouve pas incrimine associations, groupements, syndicats, leur
reprochant dès lors de ne servir à rien... Après s'être investi avec sérieux et
passion à la présidence de la chambre syndicale, Antoine Westermann est déçu - et
c'est bien normal - du manque de participation, du manque d'implication de ses collègues
qui sont plus rapides à critiquer les actions entreprises qu'à entreprendre des actions
communes. Mais qu'il se rassure, cette attitude n'est pas l'apanage des chefs étoilés.
C'est malheureusement le point commun de la plupart des chefs d'entreprise du secteur qui
savent mieux faire savoir combien leur mécontentement est grand qu'ils ne savent
s'investir dans les structures qui pourraient faire évoluer les choses. En clair, quand
les affaires vont bien, c'est que leur talent est enfin reconnu. Quand elles vont moins
bien, c'est que ceux qui devaient faire en sorte qu'elles aillent mieux n'ont rien fait,
ou pire, ont fait le contraire de ce qu'ils auraient dû faire... Quant à se remettre en
cause, à titre personnel, ça, c'est une autre histoire... Heureusement que quelques-uns
d'entre eux savent encore se laisser guider par la passion de la cause commune et
continuent à s'investir, quelquefois seuls, pour faire évoluer les mentalités.
Souhaitons bonne chance à Jacques Pourcel dont l'enthousiasme aura forcément raison de
quelques récalcitrants...
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2714 Hebdo 19 Avril 2001