Le coin des lecteurs
Depuis quelques années, et surtout dans le cadre des bars, a été développée la malencontreuse habitude de servir le café accompagné d'un objet cylindrique, sorte de conteneur en papier dans lequel se trouve du sucre en poudre. Cet objet a intrinsèquement des défauts majeurs. Outre le fait que l'on ne voit plus le sucre et qu'il est donc difficile d'apprécier sa qualité, il faut en outre reconnaître que l'on est incapable de doser correctement la quantité versée, sans compter l'impression de détergent pour fosse septique que l'on ressent en versant le dit produit dans son café. Plus grave, il peut priver le consommateur averti d'un plaisir très particulier, celui de la stuckette. Ce type de dégustation s'accompagne d'un cérémonial qui met en éveil tous les sens. Tout d'abord le plaisir de la vue et du choix du morceau de sucre, petit ou grand format, sucre blanc ou roux. Puis vient le plaisir de toucher, voir briser le morceau de sucre, le porter à la bouche et le poser sur la langue. Alors viennent les saveurs. Le café très chaud, que l'on boit à petites gorgées, apporte en premier lieu une âpreté tout de suite corrigée par le sucre, puis au fur et à mesure que l'on boit, l'apport de sucre se réduit et l'on finit à nouveau par du café pur qui imprègne le palais et reste en mémoire. Alors messieurs les barmans et restaurateurs, de grâce, offrez au moins la possibilité au consommateur de choisir entre morceau de sucre ou conteneur. Il est navrant de constater que ce type de consommation fort répandu dans le nord de la France soit de moins en moins satisfaite. Même, et c'est un comble, dans une chaîne comme Léon de Bruxelles où le détergent soluble l'a emporté.
Jean-Pierre Plichon
Un lecteur assidu de L'Hôtellerie et un amateur de café avec stuckette.
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L'HÔTELLERIE n° 2714 Hebdo 19 Avril 2001
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