Licence IV |
Bar à vins |
En tête des bars à vins parisiens, L'Ecluse. Cinq établissements, plus une boutique, au succès incontestable. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 600 couverts/jour, un chiffre d'affaires de plus de 30 MF pour un ticket moyen de 160 F et des unités de 26 à 70 places.
m Sylvie Soubes
Dominique Dhyser se bat pour la traçabilité des
produits depuis plusieurs années. Bien avant que les médias ne s'emparent du problème.
Mécontent des pommes de terre qu'il trouvait dans le circuit traditionnel de
distribution, celui-ci a fait planter un hectare et demi près d'Auxerre. Cette production
est entièrement destinée à la cuisine des 'Ecluse'. "L'engagement produit est
essentiel chez moi, commente-t-il. J'achète l'huile d'olive auprès de vrais
artisans, le munster vendu est fait avec le lait des 12 vaches de la ferme d'Oberlé. A
L'Ecluse, les cochonnailles sont aveyronnaises : saucisses, saucissons, rillettes viennent
de M. et Mme Conquet, à Laguiole. Oie, canard, foie gras, gésiers, filets d'oie arrivent
de chez M. Lafitte à Montaut, dans le Gers... J'ai pour politique de travailler avec les
meilleurs artisans en dehors de tout processus industriel ou agroalimentaire." Dominique
Dhyser est un précurseur. Et ce sont sans doute ses talents d'avant-gardiste qui l'ont
conduit, en 1995, à racheter l'enseigne au groupe Accor.
Le concept de L'Ecluse est né en 1978. Georges Bardawill propose alors des "crus
de Bordeaux au verre autour de plats simples et savoureux et souhaite démystifier l'image
d'un vin élitiste et inaccessible". Une première affaire aux Grands Augustins,
qui séduit les parisiens. Une deuxième, puis une troisième... Des 'Ecluse' ouvrent en
province et à l'étranger. Vendue d'abord à Nicolas, l'enseigne est reprise par Accor en
1986. Dominique Dhyser, alors responsable restauration publique en concession au sein du
groupe, participe à l'acquisition. La décennie suivante, et après 17 ans de présence
au sein d'Accor, Dominique Dhyser souhaite voler de ses propres ailes. Devenir patron,
devenir indépendant. Ce passionné de vin s'intéresse de près à L'Ecluse. Ramenée à
quelques établissements parisiens, l'enseigne n'était pas une priorité pour le groupe. "Je
crois qu'elle était trop petite dans un univers trop grand", analyse son
propriétaire. Quand Accor décide de vendre sa branche restauration, Dominique Dhyser,
lui, décide de "réveiller la belle au bois dormant".
Paris, et seulement Paris
Si Dominique Dhyser a conservé et accentué la thématique des grands crus du Bordelais
au verre, le nouveau patron s'est attelé à dynamiser l'enseigne grâce à une carte
gourmande de terroir associée à un personnel formé à l'accueil et à la satisfaction
du client. Les 'Ecluse' ne cessent de séduire. Entre 1997 et 1998, le chiffre d'affaires
a fait un bond de 15 %. Un chiffre d'affaires global annuel qui dépasse les 30 millions
de francs pour un ticket moyen de 160 francs. Il existe cinq 'Ecluse'. Quai des Grands
Augustins, place de la Madeleine, rue de la Roquette, rue François 1er, rue d'Armaillé.
Cette dernière fait murs mitoyens avec Ma Boutique, la boutique de vente des vins de
L'Ecluse. "Cette boutique, qui était anciennement la boutique des Toques
Gourmandes, nous permet de fidéliser la clientèle. Elle vient en complément. Les gens
sont heureux de retrouver pour leur consommation personnelle l'état d'esprit de
L'Ecluse."
Entrepreneur, Dominique Dhyser refuse toutefois de développer l'enseigne au-delà des
frontières parisiennes. "Je pense qu'il y a encore de la place à Paris pour deux
ou trois ouvertures, mais il n'est pas question d'ouvrir en province. Pour moi, L'Ecluse
est un concept de capitale." Peut-on, dès lors, imaginer des 'Ecluse' à
Londres, Bruxelles, Madrid ? "Ce qui fait la force de L'Ecluse, ce sont les
origines des produits. Je ne pourrais jamais avoir la même exigence avec des
établissements situés à des kilomètres les uns des autres. Ce ne serait pas
compatible." Seule évolution désormais engagée : Dominique Dhyser vient de
signer un contrat avec Ishii Seijo, au Japon (l'équivalent d'Hédiard ou de Fauchon). La
société va lancer des bars à vins conseillés par ses soins. Il s'agit ici de
savoir-faire, de partenariat. Il n'y aura pas d'Ecluse au pays du Soleil levant. "Je
viens de vous le dire, je préfère garder la maîtrise des produits, de la marque."
Entrepreneur et sage ! n
"Je pense qu'il y a encore de la place à Paris pour deux ou trois ouvertures,
mais il n'est pas question d'ouvrir en province. Pour moi, L'Ecluse est un concept de
capitale."
En dates |
1968/1974 Début de sa carrière professionnelle à Moscou, Bruxelles, Genève. 1974 Responsable du catering aérien de UTH du groupe des Chargeurs Réunis. 1978 Entrée dans le groupe Accor. 1981 Directeur de la restauration et du catering aérien pour l'Afrique et la Polynésie, puisdirecteur des opérations hôtelières multimarques de la restauration et du cateringaérien. 1986 Directeur du développement et de la stratégie du marché de la restauration enconcession Accor. 1995 Dominique Dhyser achète au groupe Accor les 'Ecluse'. |
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L'HÔTELLERIE n° 2714 Supplément Licence IV 19 Avril 2001