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Concept |
Après Bodega-Bodega, la société bordelaise des frères Cuny lance un nouveau concept de bar à ambiance, le Cuba-Cuba. Le premier établissement du genre vient d'ouvrir à Nantes.
m Olivier Marie
Après Bordeaux, Toulouse et
en attendant Montpellier, la Cuny SA s'étend plus au nord, à Nantes. La société des
frères Daniel et Bernard Cuny vient en effet de racheter (la transaction à propos de
laquelle les responsables restent discrets s'élève à plus de 10 MF) le célébrissime
Café du Commerce (15 MF de CA) implanté sur la place du même nom. Cet établissement
traditionnel englobe en fait trois espaces distincts : ledit café, le Bistrot du Commerce
- accolé au café mais séparé par un mur - et, à l'étage, un espace d'une superficie
de 250 m2 jusqu'à présent inexploité. Les propriétaires en ont profité pour lancer
leur nouveau concept, le Cuba-Cuba. Pour le reste, le Café et le Bistrot du Commerce
restent en l'état (style traditionnel rappelant l'ambiance d'un non moins célèbre
établissement nantais, La Cigale). Des travaux devraient modifier la configuration des
lieux au cours du printemps. "Nous réfléchissons actuellement à l'ambiance que
nous allons recréer dans ce café. La tendance se dessine pour de l'italien haut de gamme",
précise Jean Mesnard, directeur général du Cuba-Cuba. Les travaux donnant naissance au
nouveau concept ont duré 5 mois et ont nécessité un investissement de 1 MF. "Nous
avons racheté une partie du fonds de commerce qui appartient désormais à 4
propriétaires, et nous avons également racheté une partie des murs."
Méconnue sur Nantes, la Cuny SA (65 MF de CA) ne l'est pas sur Bordeaux, siège de cette
société qui compte à l'heure actuelle 5 établissements. Dans la cité girondine,
l'entreprise familiale exploite Le Nouaille, la plus ancienne brasserie de la ville, Chez
Ducon (établissement sur le thème du jazz) et un Bodega-Bodega. En 1996, Cuny SA
décline un second Bodega-Bodega sur Toulouse. "Nous en ouvrons l'an prochain un
troisième sur Montpellier", informe Jean Mesnard, directeur général du
Cuba-Cuba donc, mais également de plusieurs Bodega-Bodega et membre du conseil
d'administration de la société. Développé en 1992, Bodega-Bodega reste l'enseigne
phare de la maison. "C'est un concept de bar-restaurant à ambiance qui se doit
d'être sur deux niveaux." D'ailleurs, la Cuny SA s'est tout d'abord intéressée
à Nantes pour y monter un Bodega-Bodega. "Un projet que nous n'abandonnons
d'ailleurs pas." Mais l'occasion faisant le larron, les dirigeants se sont
reportés sur le Café du Commerce alors à vendre. "La plus grosse affaire de
Nantes en limonade", selon Jean Mesnard. Ce devait être un Bodega-Bodega, ce
sera un Cuba-Cuba, projet dans les cartons depuis cinq années.
Plus Floridita que Bodeguita
Fraîchement inauguré, le Cuba-Cuba se positionne comme un concept d'après dîner pour
une clientèle d'actifs. L'établissement se décline autour de deux salles et d'un salon.
Ce dernier, baptisé salon Hemingway en hommage à l'auteur du Vieil homme et la mer
qu'il écrivit à Cuba, accueille une immense table en acajou cernée de fauteuils en
teck. "Ce salon, indépendant, aura une connexion directe avec le Bistrot du
Commerce situé en dessous. On pourra la louer pour un repas ou autre." Les deux
autres salles de l'établissement communiquent entre elles. On reste toujours dans des
tons feutrés, du mobilier de caractère, acajou, teck, cuir noir, banquette arrondie en
velours, parquet... Pas d'éclairage direct mais de petits spots mettant en valeur la
décoration. Ici des photos noir et blanc, une collection de bagues à cigares sous vitre,
un présentoir à cigares, etc. On est plus Floridita que Bodeguita del Medio. Davantage
Cuba costume-cravate années 30/40 que treillis béret postrévolutionnaire. "Nous
n'avons pas voulu faire un bar avec deux photos du Che et un drapeau, précise Jean
Mesnard. Nos meubles sont des copies de meubles existant à La Havane, notamment à
l'hôtel Le National." Côté produits, la grande vedette est bien entendu le
rhum (partenariat avec Havana Club) et ses déclinaisons 'cocktailisées' comme le
Daiquiri, le Mojito, le Cuba libre... "Nous proposons également une carte
internationale dans laquelle le whisky se taille une belle part." Une
dégustation à la cubaine digne de ce nom ne se fait pas sans cigare. La cave propose
quelque 70 références, du Cohiba au Monte Cristo, en passant par le Hupman, uniquement
du 'Havane echo a mano'. Les amateurs apprécieront. Ouvert de 18 heures à 2 heures en
semaine et à jusqu'à 4 heures le week-end, le Cuba-Cuba se devait également de proposer
une animation musicale de qualité, réalisée ici par le groupe Timbavana et son
vocaliste Ruben.
Après quelques semaines d'ouverture, le Cuba-Cuba trouve ses marques. Une clientèle plus
jeune qu'imaginée, et surtout de connaisseurs. "Nous voulons également attirer
toute la clientèle de la belle restauration alentour, celle qui sort du théâtre, du
cinéma." Quelques modifications devraient par ailleurs être apportées comme
une entrée indépendante (aujourd'hui, on pénètre au Cuba-Cuba via le Café du
Commerce), une enseigne extérieure... Par contre, le Cuba-Cuba n'a pas pour vocation de
proposer une restauration. "Nous y avons pensé, mais la restauration cubaine
s'avère très limitée." La Cuny SA teste donc sur Nantes son nouveau produit.
"Désormais, nous ouvrirons un Cuba-Cuba dans les villes où nous sommes déjà
présents. Cette enseigne n'est pas encore notre fer de lance."
Géographiquement, la société privilégie les villes au bassin économique et/ou au
pôle universitaire important. "Nous n'irons pas à Paris ni dans des régions
avec lesquelles nous n'avons aucune attache comme en Rhône-Alpes..." Les
enseignes Bodega-Bodega et Cuba-Cuba devraient donc encore largement faire parler d'elles.
Et la Cuny SA également... notamment sur Nantes. n
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L'HÔTELLERIE n° 2714 Supplément Licence IV 19 Avril 2001