Marseille
Fermé pour cause de travaux, le 20 novembre dernier, l'un des fleurons de l'hôtellerie marseillaise pourrait passer sous la bannière Sofitel. Mais, les jeux ne sont pas encore faits malgré les déclarations des uns et des autres.
Le feuilleton du Concorde Palm Beach
connaît un nouvel épisode de sa longue carrière. Cet hôtel 4 étoiles, magnifiquement
situé sur la Corniche, au bord de la Méditerranée, est aujourd'hui propriété, depuis
quelques mois seulement, d'Empire Hôtellerie International, représenté par le
Marseillais Georges Lefèvre, p.-d.g. de la société de promotion Soprogim. Il envisage
actuellement l'avenir de cet hôtel une fois rénové et ouvre les négociations avec
plusieurs groupes hôteliers. Le Palm Beach appartenait, jusqu'à sa mise en liquidation
judiciaire, en 1998, au groupe Del Prete dont, François, le p.-d.g. présida longtemps
l'Aéroport Marseille-Provence.
Acheté par la Financière EOS (p.-d.g. Didier Escarra) en même temps que l'Atrium à
Arles et le Concorde Prado à Marseille (racheté aussi par Georges Lefèvre), le Palm
Beach a fermé ses portes en novembre, après 25 ans de fonctionnement, pour travaux.
Selon Georges Lefèvre, également maître d'ouvrage de l'opération : "L'hôtel
n'était plus aux normes." Il s'agit en fait d'une transformation de fond et
d'une remise à niveau complète dont le coût devrait s'élever à 90 millions de francs,
soit 25 MF de plus que la facture initiale. Au programme : la création d'une entrée
directe par la Corniche, la rénovation intégrale de l'établissement et une
redistribution de l'espace faisant passer le nombre de chambres de 157 à 161. Résultats
des courses, l'ouverture de l'hôtel, prévue en juin 2001, date de l'arrivée du TGV
Méditerranée en gare Saint-Charles, est repoussée en janvier 2002.
Plusieurs hypothèses
La question du jour est la suivante : sous quelle enseigne réapparaîtra-t-il sur le
marché des 4 étoiles ? C'est l'enjeu des discussions que mène Georges Lefèvre pour le
compte du propriétaire des lieux. Si Didier Escarra reste p.-d.g. de la Société
Hôtelière du Palm Beach, elle appartient en fait maintenant à la société de droit
belge Empire Hôtellerie International, détenteur, selon le greffe du tribunal de
commerce de Marseille, de 99 % des actions de la SHPB. Pour Georges Lefèvre : "Il
n'y a, à ce jour, aucune décision définitive, même si nous négocions avec le groupe
Accor, parmi d'autres repreneurs potentiels." Il ajoute : "Nous étudions
plusieurs formules, gestion exploitation, location-gérance, franchise... Nous devrions
être fixés en juin."
Du côté d'Accor c'est Marc Thépot, directeur des opérations pour la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui mène les négociations. Il confirme que rien n'est
encore décidé. "Accor serait, a priori, favorable pour une deuxième enseigne
Sofitel à Marseille, mais, compte tenu du coût total de l'opération, 90 MF à l'achat
et 90 MF de travaux, il n'est pas sûr que cela soit une bonne affaire. 180 MF pour 100
chambres de luxe, c'est une opération financière risquée, d'autant qu'elle porterait
atteinte au Sofitel Vieux Port." Il ajoute : "Pour tenir le pari
financier, il faudrait à la fois vendre la chambre 1 000 francs, et avoir un taux
d'occupation moyen de 60 à 70 % toute l'année. Après 18 mois de fermeture, il faut
conquérir tout un pan de nouvelle clientèle, celle des resorts et des grandes
conventions d'affaires. Ce n'est pas évident." Autant dire que si Accor peut
être séduit à l'idée d'avoir 160 chambres de plus sur Marseille à l'enseigne Sofitel,
ce n'est pas pour autant qu'il est prêt à la réaliser dans des conditions qui ne
correspondent pas à sa logique économique. Autrement dit, ce n'est pas en rachetant
l'établissement que le groupe Accor entend installer son enseigne Sofitel sur 160
chambres de plus. Une location-gérance, un mandat de gestion correspondraient
certainement mieux à l'objectif du groupe Accor. Georges Lefevre ne s'en cache pas,
d'autres groupes ont été contactés, groupes dont il ne veut toutefois rien dire. Sur
Marseille, on avance des noms : Concorde, Radisson mais de ces deux côtés, rien n'est
vraiment engagé...
Prenant sa casquette de président du GNC au syndicat CHR 13, Marc Thépot conclut :
"Quelle que soit l'enseigne du Palm Beach, la remise aux normes 4 étoiles est
bonne pour l'hôtellerie marseillaise, d'autant que les projets de construction d'hôtels
de luxe sur Euroméditerranée et à l'Hôtel Dieu ne se concrétiseront pas avant 2005."
Plaidant pour une "requalification du parc hôtelier existant", il
souhaite que l'opération Palm Beach ne dérègle pas le marché. "Si ce 4
étoiles était vendu au prix d'un 3 étoiles, on reviendrait 5 ou 6 ans en arrière."
D'où, la nécessité, pour lui, "de trouver un repreneur sérieux".
Quelle que soit l'enseigne ? A suivre.
D. Fonsèque-Nathan
Un accès par la corniche est en construction au Concorde Palm Beach.
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L'HÔTELLERIE n° 2716 Hebdo 3 Mai 2001