Dans les Alpes
Bilan très positif pour les stations d'altitude qui ont bénéficié de conditions météorologiques avantageuses, mais saison très médiocre pour les stations de basse et moyenne altitude.
Malgré un début de saison excellent, la saison d'hiver, très contrastée, a été fortement marquée par les conditions météorologiques. A Noël, les professionnels annonçaient jusqu'à 35,2 % de hausse de fréquentation *, mais il a bien fallu se rendre à l'évidence, les aléas météorologiques ont provoqué quelques départs anticipés, des annulations et surtout un report vers les stations de haute altitude. En Tarentaise, dans le massif du Mont-Blanc et globalement toutes les stations situées au-dessus de 1 600 mètres ont bénéficié de cette situation privilégiée. La fréquentation est excellente avec des taux d'occupation fluctuant entre 85 et 90 % et une progression de l'ordre de 10 % par rapport à l'an dernier. Yannick Aubry, directeur des Airelles à Courchevel, ne cache pas sa satisfaction. "Les résultats sont exceptionnels, nous devons beaucoup à l'enneigement qui n'a jamais fait défaut." Val-d'Isère, Tignes, Val-Thorens et Chamonix tiennent le même discours. Jean-Paul Morand (Hôtels Mont-Blanc, Alpina, Le Prieuré, La Croix Blanche) annonce une progression de presque 20 %. "Une clientèle internationale à fort pouvoir d'achat est venue plus nombreuse, mais la station a bénéficié sans conteste du report des stations de moyenne altitude." La seule exception reste Megève qui, à 1 200 mètres, a su conserver une bonne qualité de neige grâce à un excellent entretien du domaine skiable et une offre loisirs très variée. Megève reste cependant très atypique avec un taux de fréquentation en hausse de 7 % malgré le faible enneigement. "Nous n'avons eu aucune annulation même lorsqu'il a plu en haute altitude, explique Christine Giazzi du Cur de Megève, hôtel-restaurant 3 étoiles. Nous sommes complets du début à la fin de la saison depuis 2 ans." Phénomène de mode ou orientation bien pensée de la communication, Megève a su négocier avec succès les nouveaux comportements des consommateurs. Un exemple que ne manquent pas de remarquer les stations de basse et moyenne altitude qui ont beaucoup souffert cette année.
Une fréquentation perturbée en moyenne montagne
En Maurienne et dans le Beaufortain, la fréquentation est jugée moyenne, et la dernière
semaine du mois de mars a tout juste atteint 50 %. En revanche, dans le Val-d'Arly, les
Bauges et la chartreuse, la situation est plus délicate, car les remontées mécaniques
ont peu fonctionné dans certaines stations, voire pas du tout sur certains sites. Dès le
8 mars, on comptait déjà 11 stations fermées. A défaut de chutes de neige correctes
au-dessous de 1 500 mètres, les fermetures ont continué pour atteindre près de 20
stations fermées à la veille des vacances de Pâques. Bien entendu, les répercutions
économiques locales se font sentir. La tendance est à la baisse dans l'hôtellerie avec
des diminutions comprises entre - 2 et - 3 points pour les hôtels 1 étoile et, fait
inhabituel, pour les hôtels 3 et 4 étoiles. Seule l'hôtellerie 2 étoiles est en
stabilité par rapport à l'hiver dernier. A l'inverse, le secteur locatif confirme une
progression forte de 2 à 6 points. Il est encore trop tôt pour savoir si cette tendance
se confirmera pour la saison d'été, mais les hôteliers de moyenne montagne, déjà
très pénalisés par la saison d'été 2000 et sa météo exécrable, cèdent à la
sinistrose. "Deux saisons comme celle-là et beaucoup d'entre nous ne s'en
remettront pas", explique un hôtelier d'Allevard. Les stations pratiquant le ski
de fond garderont un souvenir amer de cet hiver capricieux. Si la Savoie s'en tire
honorablement grâce au report de la clientèle du Vercors très affecté par le manque de
neige, les stations de Haute-Savoie ont noté une baisse d'activité majeure. Les deux ou
trois sites "les plus chanceux" annoncent une diminution de leur chiffre
d'affaires de - 30 à - 40 % par rapport à mars 2000. Certains sites avouent même avoir
ouvert la totalité de leur domaine une seule journée durant cet hiver 2001.
Après les vacances de Pâques, la neige s'est soudain mise à tomber en abondance. Mais
il est trop tard, les stations sont fermées pour la plupart. Ainsi, la météo
particulièrement chaotique de cet hiver a marqué encore plus les disparités entre les
stations. L'or blanc n'a jamais aussi bien porté son nom.
F. Tari
* Panel Remontées mécaniques SNTF-SEATM - Evolution du CA en francs constants.
La météo particulièrement chaotique de cet hiver a marqué encore plus les
disparités entre les stations.
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L'HÔTELLERIE n° 2717 Hebdo 10 Mai 2001