Corse
Les hôteliers-restaurateurs et professionnels du tourisme insulaire s'investissent dans un Geiq interprofessionnel. Leur espoir : effacer en même temps les problèmes de recrutement et de formation.
Le groupement d'employeurs, pour l'Insertion et la Qualification existe en Corse depuis 1997. Il est opérationnel depuis 1998 dans le secteur du BTP en Haute-Corse. Mais surtout, en janvier 2000, l'association (le conseil d'administration est composé de chefs d'entreprise) est devenue interprofessionnelle et régionale : elle porte donc dorénavant sur le BTP, le tourisme-hôtellerie, les activités physiques de pleine nature, le transport routier tant de marchandises que de passagers, l'industrie agroalimentaire et la grande distribution. S'appuyant sur une très forte volonté de la Collectivité territoriale de Corse d'investir dans la formation professionnelle adaptée aux besoins du tissu économique insulaire, la structure multiplie les contacts et les efforts pour devenir un véritable outil au service des chefs d'entreprise insulaires. "Pour nous, tout est parti de la signature des contrats d'objectifs de la collectivité territoriale de Corse, explique Roland Dominici, président de la coordination des industries touristiques particulièrement impliquée dans l'opération. Il s'agit pour les responsables locaux d'organiser les différentes branches professionnelles en termes de formation. Nous avons immédiatement adhéré à cette démarche qui permet d'établir des passerelles entre nous : nous pouvons faire remonter nos besoins et adapter l'outil de formation à ces besoins."
Un enjeu évident
Et les ambitions sont claires : "Pour les hôteliers-restaurateurs, l'enjeu est
évident, explique Jean-Claude Perfetti, le directeur du Geiq Corse. Compte tenu de
l'évolution tant du marché du travail que de la fréquentation touristique dans l'île,
qui voit les saisons s'allonger chaque année un peu plus, les professionnels ne peuvent
plus se contenter de travailler avec des saisonniers différents chaque année : ils
doivent absolument augmenter la part du personnel qu'ils peuvent former et faire adhérer
au projet d'entreprise. En jouant sur la modulation du temps de travail, les contrats à
temps partagés, les 35 heures et les périodes de formation, le Geiq offre aux salariés
un statut de CDD de 2 ans. Et au bout du contrat, le modèle de formation étant
individualisable par entreprise ou par salarié, le personnel est totalement adapté à
son entreprise, et il bénéficie définitivement de 12 fiches de paie d'un niveau égal
sur l'année."
Parallèlement, le Geiq élabore donc des modules de formation et lance des appels
d'offres pour permettre aux structures locales de formation de s'adapter aux réels
besoins des chefs d'entreprise. Dans une région comme la Corse, où la pénurie de
main-d'uvre est si criante et surtout la saisonnalité si pénalisante, les
avantages d'une telle structure sont évidents : "D'autant plus quelle est
interprofessionnelle, souligne Roland Dominici : par exemple, le cuisinier ou le
commis de cuisine qui va faire une saison dans un restaurant peut embrayer l'hiver dans un
secteur totalement différent qui voit ses commandes monter en charge hors saison telle
que l'industrie agroalimentaire. En bout de course, son expérience est encore valorisée,
et surtout, la notion de précarité est effacée !"
Les professionnels sont mobilisés : le Geiq devrait réaliser pour 2001 un chiffre
d'affaires de 5 millions de francs HT répartis entre 40 clients. Il compte déjà 40
employés, mais se trouve en pleine période de recrutement, espérant atteindre 60
contrats d'ici à la fin de l'année.
L. Peretti
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L'HÔTELLERIE n° 2717 Hebdo 10 Mai 2001