André Daguin à Limoges
Quelques jours après avoir été reçu par Jacques Chirac, le président de l'Umih est passé par le Limousin dans le but de rencontrer les professionnels afin d'aborder avec eux les principaux problèmes de l'hôtellerie.
Revenant sur la TVA, la RTT
et la crise des viandes, André Daguin a rappelé quelques évidences à défaut
d'apporter des solutions. Satisfait de sa rencontre avec le président de la République,
qu'il a trouvé "ouvert au dialogue et d'une grande compréhension", il
n'en a pas moins déploré l'immobilisme des hommes politiques dans certains domaines : "Ainsi
de la TVA à 5,5 % qui était le 16 octobre 1991 tout à fait d'actualité, inscrite sur
une liste de réajustements fiscaux européens. Michel Charasse, responsable des Finances,
l'avait retirée de cette liste, alors que quelque temps plus tard, le Conseil d'Etat
lui-même condamnait le double attelage des taxes en matière de restauration. Depuis, on
continue de foncer dans le mur."
D'après le président de l'Umih, qui en a reçu confirmation par Martine Aubry en
personne, cette fameuse TVA à 5,5 % ferait partie du futur programme électoral de Lionel
Jospin pour la présidentielle.
"Ce qui nous amène, puisque nous évoquons Martine Aubry, à la réduction du
temps de travail, a-t-il ajouté. Bien entendu, je suis pour, mais il faudrait
tenir compte des réalités du terrain et amplifier les aides vis-à-vis des employeurs.
De 43 heures par semaine, nous passons à 39 heures. Très bien, nous sommes d'accord. Et
nous sommes également d'accord pour aller au-delà, de renoncer - pourquoi pas - à
quelques avantages. On travaille trop, c'est vrai, mais dans une profession qui manque de
personnel qualifié, en difficulté pour cause de fiscalité excessive, de concurrence
déloyale, etc. Si on nous oblige à passer aux 35 heures, 70 % des CHR seront devant le
tribunal de commerce dans les 4 ans à avenir."
Allégement des charges sociales
Pour André Daguin, la RTT doit s'accompagner de mesures d'aides aux employeurs, d'un
allégement des charges sociales, et bien entendu, d'une réduction de la TVA. Revenant
sur les 45 minutes passées en tête-à-tête avec Jacques Chirac, il a souligné la bonne
connaissance des dossiers par le chef de l'Etat et sa lucidité face aux réalités du
terrain. Mais, rappelle-t-il, tout est politique.
"Le gouvernement est dans un véritable guêpier pour cette affaire de double
taxe. Chiffrant la baisse à 5,5 % à plus de 20 milliards de francs de pertes, il oublie
un peu vite que cette dernière pourrait au contraire nous rendre économiquement plus
actifs, donc plus rentables fiscalement. Et le président, qui comprend parfaitement les
problèmes d'un monde artisanal qu'il souhaite conserver, a été très clair, estimant
que l'administration devait se connecter un peu plus aux besoins de notre profession, et
'se bouger' plus rapidement."
Le responsable syndical s'est également ému, devant les nombreux professionnels du
Limousin, de diverses situations bien mal venues en ces temps difficiles, notamment dans
une région vivant en grande partie de l'élevage. Entre effets fièvre aphteuse, qu'il
estime être une psychose, et l'ESB, qu'il compare à une guerre commerciale, André
Daguin voudrait calmer le jeu :"On a voulu à tout prix préserver les débouchés
à l'export, et l'on en paye le prix à l'intérieur du pays dans un scénario catastrophe
dont je perçois mal les épisodes. Le résultat aboutit à un changement de
l'alimentation, à la disparition de filières d'élevage, et à un casse-tête pour les
restaurateurs. Certains, qui jouent la carte de la traçabilité et de la qualité, tirent
leur épingle du jeu ; d'autres sont obligés de muter vers des aliments plus courus. Et
comme pour la TVA, les 35 heures ou la formation, on marche aussi parfois sur la
tête."
J.-P. Gourvest
D'après le président de l'Umih, qui en a reçu confirmation par Martine Aubry en
personne, la TVA à 5,5 % ferait partie du futur programme électoral de Lionel Jospin
pour la présidentielle.
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L'HÔTELLERIE n° 2717 Hebdo 10 Mai 2001