Très recherchée sur le marché de la nostalgie, la maison de famille reste une valeur sûre qui rassure. Chacun y retrouve des racines qu'il s'approprie, pour tisser tout autour, une histoire... de famille. 'Maison de famille', une ambiance idéale pour l'hôtellerie de charme.
Drôle d'époque. Plus les familles se déchirent et se recomposent, plus elles ont besoin de s'inscrire dans une histoire, avec pour écrin, la maison de famille. C'est que contrairement aux allers simples pour l'aventure, elle offre quelques-uns de ces retours sans risques que l'époque affectionne. Retour au terroir, retour à l'enfance protégée dont on ne guérit jamais tout à fait, retour à la famille rêvée comme un refuge.
Au fond, la maison de famille, c'est un fantasme : un lieu vaste, protecteur, joyeux, un refuge où il fait toujours bon vivre
Au fond, la maison de famille, c'est un fantasme : un lieu vaste, protecteur, joyeux,
où il fait toujours bon vivre. Evidemment, la réalité est tout autre : rien de plus
fatigant que les grandes maisons, les grandes tablées, les pièces toujours pleines.
Est-ce pour cela que la famille et ses maisons constituent le sujet de roman par
excellence, parce qu'elles représentent le paradis perdu, quelque chose dont on rêve
toujours, et qui n'existe pas vraiment ailleurs que dans nos rêves ? Pour preuve, les
feuilletons fleuves qui fleurissent chaque année, sur le petit écran, où l'on voit des
dynasties entières tournoyer autour de vastes bâtisses. En fait, la maison de famille
correspond à une version encore plus poussée de la maison cocon. Elle comporte tout à
la fois : les souvenirs rassurants, les objets les plus familiers et ses propres racines.
Et la maison de famille n'a pas besoin d'être belle, et ses meubles n'ont pas besoin de
briller. Ce qu'on lui demande seulement, c'est d'être un refuge, un lieu où l'on peut,
justement, s'abandonner facilement puisque l'on est en terrain connu. Enfin, la maison de
famille, c'est la vraie intimité. On vit tellement dans le simulacre, à coup de
société-spectacle, à mettre toujours en avant le contraire de ce que l'on est... Le
seul endroit où l'on peut enrayer ce processus, c'est chez soi ou dans sa chambre
d'hôtel. Une fois la porte bien refermée, on ne joue plus, on ne pense plus à être vu,
on peut se laisser aller à être soi. Commence alors le vrai repos.
Le décor de la maison de famille se caractérise par un petit côté suranné, un petit
quelque chose d'usé par les générations. Ce souci n'a pas échappé aux fabricants qui
'usent' les tissus avec autant de soin qu'ils patinent les meubles et qu'ils fanent les
papiers peints. n
© J.E. Vekemans |
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L'esprit 'maison de famille' transcrit par Laurent MoreauBien que ce ne soit pas le seul exercice de style dans lequel il excelle, l'architecte d'intérieur Laurent Moreau est à l'aise dans l'esprit 'maison de famille'. Pour preuve, deux hôtels à Paris, qu'il a récemment rénovés : le Banville dans le XVIIe arrondissement et l'Elysées Regencia, dans le XVIe arrondissement. Laurent Moreau aime donner une âme unique aux lieux. Il s'ingénie à trouver des objets à forte connotation chaleureuse, amusante ou originale. Il a une prédilection pour les matériaux nobles : pierre, bois, verre, fer et enduits à effet de matières qui apportent chaleur et authenticité aux lieux qu'il crée. Il joue à les marier dans d'inédits assemblages afin d'apporter un chic tout particulier. Un chic chaleureux typique de l'esprit 'maison de famille'. |
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L'HÔTELLERIE n° 2718 Supplément Décoration 17 Mai 2001