Pour Gérard Pélisson, coprésident du Conseil de surveillance d'Accor
Gérard Pélisson ne s'explique pas pourquoi,
aujourd'hui, des chefs d'entreprise du secteur CHR soutiennent la signature de l'accord de
branche sur la réduction du temps de travail à 35 heures. "Avant d'envisager la
signature d'un tel accord, il faut que toutes les entreprises de ce secteur s'attachent
déjà à respecter les 35 heures + 4 heures d'équivalence !", insiste-t-il,
mettant en avant l'importance de ces heures d'équivalence. "C'est historique,
elles n'ont pas été accordées à ce secteur sans raison, elles correspondent à la
réalité des rythmes de travail dans nos métiers. Je suis pour la réduction du temps de
travail dans l'hôtellerie et la restauration de 4 heures par semaine comme dans les
autres secteurs, soit de 43 à 39 heures. Pourquoi s'engager au-delà dès aujourd'hui
alors que la réduction de 4 heures n'est pas encore effective ?"
Accepter de signer un accord qui engage les hôtels, restaurants et cafés à baisser le
temps de travail à 35 heures d'ici 2007 est, pour Gérard Pélisson, un challenge
extraordinairement difficile, d'autant plus difficile pour les petites entreprises qui
n'auront pas les moyens de supporter cette nouvelle charge. "Ce combat contre le
passage de 43 à 35 heures est plus celui des artisans que le nôtre puisqu'Accor possède
70 % de son activité hors de France. Hôteliers, restaurateurs français, que nous soyons
grands ou petits, nous avons tous le même but : offrir des services de qualité à des
prix raisonnables, et faire venir un maximum de touristes étrangers en leur fournissant
les meilleures prestations possibles pour qu'ils reviennent. Et ce n'est pas avec ce que
représenterait la réduction du temps de travail de 8 heures par semaine comme charge
supplémentaire que nous y arriverons dans de bonnes conditions."
"L'Etat ne pourra jamais financer toutes les PME de France"
S'agissant du souci des indépendants de redorer l'image des métiers des CHR en signant
cet accord à 35 heures, là encore, Gérard Pélisson s'étonne : "A en entendre
certains, j'ai l'impression qu'ils attendent de l'Etat les moyens de rendre leur personnel
heureux dans leur entreprise ! Et ils s'imaginent qu'en légiférant à 35 heures, l'Etat
leur permettra de fidéliser leur personnel ! Ils se trompent ! C'est à eux de prendre
les choses en main, pas à l'Etat ! Une relation sociale de qualité dans une entreprise,
c'est beaucoup plus que des heures de travail ! C'est une ambiance au sein des équipes,
c'est le respect de ses collaborateurs, c'est l'intérêt que l'on porte à l'évolution
de ses salariés, à leur formation, à leurs conditions de vie. Et ça, c'est de la
responsabilité du chef d'entreprise et de personne d'autre ! Rien n'interdit à un patron
de distribuer de l'intéressement, même dans une petite maison, de donner un 13e mois, de
payer les gens au-dessus du Smic !"
Et d'insister sur l'utopie de l'accord, à l'heure où les aides ne compenseront jamais le
coût de la réduction du temps de travail.
"L'Etat ne pourra jamais financer toutes les PME de France. C'est pour moi un
très grand danger pour cette profession (en réalité une toute petite partie d'entre
elles est pour le passage de 43 à 35 heures : un référendum donnerait 95 % de réponses
négatives) que d'envisager de passer à 35 heures alors que la plupart des entreprises de
ce secteur viennent juste, officiellement, de passer à 43 heures et que beaucoup
pratiquent des horaires beaucoup plus élevés. Attachons-nous d'abord à établir au sein
des entreprises de meilleures relations sociales et tenons-nous réellement aux 35 heures
+ 4 heures ! Ce serait déjà faire un immense progrès", conclut Gérard
Pélisson.
P.L.N.
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L'Hôtellerie n° 2726 Hebdo 12 Juillet 2001
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