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Négociations sociales en Belgique

La restauration industrielle marque sa différence

Pour pouvoir garder leurs salariés, les fédérations belges de l'hôtellerie-restauration-café Ho.Re.Ca. ont accepté des hausses de salaire et réduction du temps de travail conséquentes. Trop aux yeux de la restauration intégrée à la structure de main-d'œuvre différente.

Ce fut un joli scandale dans ce pays de la négociation et du compromis permanent qu'est la Belgique. Après plusieurs mois de tension sociale dans la profession, et une difficile négociation sociale entre les fédérations Ho.Re.Ca. de Flandres, de Bruxelles et de Wallonie d'une part, les syndicats socialistes et chrétiens de l'autre, un important avenant à la convention collective de 1997 devait être signé le 21 mai dernier. La signature n'a pas eu lieu sous une double pression. Dans un premier temps, début mai, une association de restaurateurs intégrés créée pour la circonstance, Bemora (Belgian Modern Restaurants Association asbl) assignait les fédérations Ho.Re.Ca. et, nommément, les négociateurs de l'accord devant le tribunal d'instance de Bruxelles pour manque de concertation et augmentations de salaires excessives. Bemora regroupe AC Restaurants, Carestel, Colmar SA, Crock'In SA, Jacqmotte Coffee House THV, Lunch Garden SA, McDonald's Belgium, Pizza Hut Belgium SA, Quick Restaurants SA, et Restair SA, c'est-à-dire les gros bras présents dans la restauration concédée (autoroutes, aéroports) ou les chaînes intégrées belges et internationales. Ces sociétés pèsent 13 000 emplois dans le royaume.
Le protocole d'accord prévoyait notamment la réduction du temps de travail à 38 heures au 1er décembre 2002, et deux augmentations successives de salaire aux 1er juillet 2001 et 2002, pour un total cumulé moyen toutes catégories confondues de l'ordre de 6,8 % selon les calculs d'Ho.Re.Ca., mais de 10 % selon Bemora qui se fondait sur les progrès des plus bas salaires. Finalement, Bemora a retiré sa plainte. Mais le scandale a tout de même fait du bruit dans le Landerneau belge. Inviter le juge à la table des négociations sociales, cela ne s'était jamais vu.
Le second front du refus provient du syndicat d'obédience socialiste FGTB, qui, sous la pression de sa base bruxelloise veut imposer la rémunération du personnel de service au pourcentage (16 %) de préférence au fixe. Le projet de convention collective notait noir sur blanc la possibilité pour les employeurs et leurs salariés de choisir entre les deux formules, avec une préférence croissante des employeurs pour le fixe.

Un litige de fond
Les deux conflits viennent de protagonistes différents. D'abord, peut-on traiter les affaires familiales au même titre que les grandes entreprises de restauration intégrée ? Oui, répondent les fédérations Ho.Re.Ca., dans la mesure où la convention collective prévoit une très large palette de possibilités de carrières et de métiers différents. Mais tel n'est pas l'avis des grandes entreprises. D'un côté, adeptes du self-service et de la cuisine d'assemblage, elles paient bien leurs chefs d'unités, mais utilisent un maximum de personnel sans qualification. Elles sont donc très sensibles aux effets du rattrapage des plus bas salaires, en effet proche de 11 % sur 3 ans dans l'accord proposé à la signature. De l'autre, ces entreprises ne connaissent pas ou très peu le travail au noir et la fraude au fisc, elles se disent et sont sans doute très préoccupées d'hygiène, d'environnement. Or, elles laissent entendre que la majorité du secteur agit encore différemment. Les adhérents de Bemora pensent donc être victimes d'une négociation qui ne les concerne pas.
De son côté, le secteur traditionnel compte nombre d'entreprises évoluées en tous points, et une hôtellerie de chaîne également en règle avec le fisc, les lois sociales, l'hygiène et la protection de l'environnement. Et surtout, il souffre d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée, et d'une difficulté croissante à attirer et à garder les jeunes. Dans le détail, Adrien Nulens président d'Ho.Re.Ca. Wallonie réfute point par point les arguments
de Bemora, en particulier l'accusation de non-concertation. Trois entreprises membres de Bemora adhèrent aux fédérations Flandres et Bruxelles d'Ho.Re.Ca., et, affirme-t-il, "on les a très peu vues lors des négociations".
Quant au personnel de service bruxellois, il tient avec la FGTB une position que Jan De Haes, d'Ho.Re.Ca. Flandres, qualifie "d'idéologique". Dans le long terme, estime encore Eric Raes, président de la même organisation, le progrès social va dans le sens du salaire fixe. Et surtout, la grande hôtellerie internationale de Bruxelles préfère désormais servir des salaires réguliers, éventuellement additionnés de primes, intéressements et autres avantages liés aux résultats. Les négociations ont repris. Bien que blessés par l'attaque, les présidents des fédérations Ho. Re. Ca. ont invité les trois membres de Bemora affiliés à la table des négociations.
A. Simoneau zzz54 zzz74v zzz99


Adrien Nulens (Wallonie), Eric Raes (Flandres), Jan De Haes (Anvers), prêts à renégocier.

Comme en France

Comme en France, les salariés belges de l'industrie hôtelière veulent travailler moins. Passer de un à deux jours de repos hebdomadaire semble une nécessité absolue si les CHR belges veulent garder leurs salariés et attirer les jeunes. Comme en France, la TVA (20,6 % en Belgique) grève les additions. Les restaurateurs intégrés affirment que tout serait plus facile si cette taxe baissait de moitié...

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L'Hôtellerie n° 2727 Hebdo 19 Juillet 2001

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