Maison de la saisonnalité à Auray
La Mission Locale du Pays d'Auray crée, en partenariat avec divers acteurs, la Maison de la saisonnalité. L'objectif de cette opération vise à attirer les jeunes saisonniers dans le département, et à les fidéliser en leur réservant un accueil de qualité. Cette initiative devrait en amener d'autres ailleurs en France, afin de créer un réseau et de permettre, au final, une professionnalisation des saisonniers.
"L'accueil des
populations saisonnières n'a jamais été pris en considération. Alors aujourd'hui, nous
disons aux jeunes, venez travailler chez nous, nous vous assurons des conditions d'accueil
de qualité !" Directrice de la Mission Locale du Pays d'Auray, Véronique Le
Nabour crée cette année, en partenariat avec l'ANPE, la CCI, l'Umih et la direction
départementale du travail, la première maison de la saisonnalité. Ce concept qualité
vise à mieux encadrer les nombreux saisonniers travaillant chaque année dans le
département du Morbihan (de 10 000 à 12 000). Le tourisme représente la première
activité économique du Morbihan et, dans ce domaine, quelque 40 % des offres d'emploi
sont saisonnières. Pour autant, à l'instar de nombreux départements, la pénurie fait
rage et on estime le manque à environ 2 500 personnes cet été. "Cette pénurie
provient, entre autres, d'une certaine instabilité de l'emploi et également d'une
mauvaise image. Nous pouvons inverser la tendance." Le Pays d'Auray, regroupant
30 communes dont des sites très touristiques comme Carnac, Quiberon ou Belle-Ile, est
directement concerné par la saisonnalité. D'ailleurs, bien avant la concrétisation de
cette Maison de la saisonnalité, les acteurs du département ont initié diverses
opérations dans ce domaine à l'image des bourses à l'emploi saisonnier (la dernière
édition 2001 a rassemblé 53 employeurs et 194 candidats pour 190 offres proposées).
"Nous travaillons sur ce secteur depuis 1996, reconnaît Véronique Le Nabour.
Notre première démarche a été de collaborer avec Albertville en Savoie. L'idée
était non seulement d'apporter aux saisonniers de 4 à 5 mois de travail ici, mais
également de leur proposer une activité complémentaire hors saison, à la montagne. Les
jeunes doivent travailler le plus longtemps possible dans l'année sur le secteur CHR."
L'opération fonctionne dans un premier temps avec 11 jeunes mais très vite, d'autres
candidats, extérieurs au Pays d'Auray, s'avèrent intéressés par la démarche. L'an
dernier, 150 jeunes ont bénéficié de ce jumelage pertinent. Un accord départemental,
Morbihan-Savoie est mis en place tout comme une charte de partenariat entre les deux
régions, en janvier 2000, précisant la qualité de l'accueil et les conditions de
travail des jeunes.
Aujourd'hui, la Mission Locale va plus loin en lançant la Maison de la saisonnalité
"et non pas des saisonniers car cette structure s'adresse également aux
employeurs et à tous les acteurs concernés par la saisonnalité".
Une démarche emploi-formation
Et la directrice de la Mission Locale de bien préciser la démarche : "Nous
travaillons dans le cadre d'un plan d'action en trois points : sensibilisation des
métiers CHR, amélioration des compétences professionnelles des jeunes et gestion de
l'emploi saisonnier. Notre démarche s'inscrit dans le long terme, et il ne s'agit pas du
tout pour nous de commencer à construire des murs sans rien à mettre dedans."
Cela tombe bien puisque la Maison de la saisonnalité ne sera construite qu'au printemps
prochain. Pour autant, elle fonctionne bel et bien cette année mais au sein de la Mission
Locale. "L'an prochain, nous accueillerons donc les jeunes dans un bâtiment
propre situé à côté de la Mission Locale. Nous assurerons un accueil mais dans une
démarche emploi-formation, il ne s'agit en aucun cas de créer un foyer de jeunes
travailleurs." Le budget de fonctionnement est évalué à 500 000 F. Dans cette
maison, "c'est à nous, service public, de prendre en compte le trajet du jeune
vers son lieu de travail. Nous donnerons en outre priorité aux employeurs qui logent les
jeunes, notamment si ces derniers viennent d'un département éloigné". La
maison de la saisonnalité propose aussi aux jeunes un accès aux loisirs, à la culture,
à la santé etc. Sur le terrain, 3 personnes équivalent à un temps plein assurent un
suivi, dont une permanence sur le littoral "où l'on contactera le jeune et
l'employeur deux à trois fois dans la saison. Les trois quarts des saisonniers ont moins
de 25 ans, c'est une population qui a besoin d'un accompagnement".
Une validation des acquis
Parallèlement à cet accueil privilégié, les initiateurs du projet souhaitent assurer
un suivi du jeune sur l'année. "Pour qu'il accepte la mobilité et revienne à
chaque saison, il faut créer plusieurs structures du même type, plusieurs maisons de la
saisonnalité en France et en Europe, confie Véronique Le Nabour. Si ces maisons
deviennent des structures d'emploi et d'accueil, les jeunes n'iront plus à l'aveuglette
et reviendront. C'est une sécurité." L'exemple du partenariat avec Albertville
en est la preuve : sur les 150 jeunes partis en Savoie, les trois quarts reviennent
l'été travailler dans le Morbihan.
Enfin, la finalité du projet vise à terme, et Véronique Le Nabour insiste largement sur
ce point, la professionnalisation des saisonniers. "A chaque étape, il faut
valider les acquis professionnels, dans l'ordre un peu de la formation continue. Il faut
absolument arriver à les professionnaliser", et dès lors plusieurs questions
restent en suspens : qui validera les acquis ? "L'Education nationale. Nous
devrons bientôt en discuter avec eux." Quelle place pour les professionnels dans
cette validation ? Et si validation il y a, quelle évolution de carrière pour ces jeunes
? etc. Actuellement, il faut s'atteler à la structuration et à la pérennisation de ce
dispositif. Selon Véronique Le Nabour, "les outils existent, essayons aujourd'hui
de rassembler toutes les forces. Les professionnels d'ici sont très à l'écoute".
O. Marie zzz54r
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie n° 2729 Hebdo 2 Août 2001