Actualités

D'île en île
____________

Belle-Ile-en-Mer, la bien nommée

Cette semaine, cap sur l'Atlantique : embarquement immédiat pour Belle-Ile-en-Mer, la plus importante et la plus fréquentée des îles de Bretagne.

La plus grande des îles bretonnes demeure assurément la plus courtisée par les touristes. Et même si le tourisme a tendance à s'embourgeoiser, Belle-Ile-en-Mer conserve son identité grâce à un développement contrôlé, notamment en hôtellerie.

La légende raconte que des fées, chassées de la forêt de Brocéliande, se mirent à pleurer. Leurs larmes se déversant sur la terre formèrent le golfe du Morbihan. Elles y jetèrent alors leur couronne de fleurs. Trois d'entre elles furent emportées vers l'océan et formèrent les îles d'Houat et d'Hoëdic. La plus grande et la plus belle couronne, jetée par la reine des fées, forma Belle-Ile-en-Mer, aujourd'hui la plus courtisée des îles du Ponant. Il faut dire qu'elle a su profiter de trois atouts de choix afin d'assurer sa promotion : un nom évocateur, une magnifique chanson pour hymne et, en son temps, un président de la République pour ambassadeur. L'an dernier, plus de 808 000 personnes se sont pressées aux embarcadères de Quiberon, Lorient, La Turballe, Port Navalo... afin de voguer vers la plus grande des îles bretonnes qui accueille 4 communes (Le Palais, Locmaria, Sauzon et Bangor). On est loin du calme de Houat et Hoëdic, mais Belle-Ile n'en conserve pas moins un visage charmant et terriblement attrayant. Il suffit d'accoster au port du Palais pour en prendre, d'emblée, la mesure avec ce petit marché attenant au port, lui-même bien abrité par la puissante citadelle et bordé de maisons de pêcheurs colorées.

Ici, le tourisme est une vieille histoire qui remonte aux années 20-30. Belle-Ile devient alors, avec le développement du chemin de fer, un lieu de villégiature pour une certaine aristocratie. Mais c'est en fait dans les années 50 que le tourisme a connu son essor, "tel que nous le connaissons aujourd'hui", précise le directeur de l'office de tourisme, Hervé Bierjon. L'île le doit en grande partie à un homme, restaurateur de métier, Paul Meunier, qui démarre son activité en 1954 avec le Manoir de Goulphar. Aujourd'hui, la Société Nouvelle d'Hôtellerie pour l'Expansion Touristique de Belle-Ile, dirigée par Paul Meunier, compte 4 établissements : le célèbre Relais & Châteaux Castel Clara (lire encadré ci-dessous) et le Manoir de Goulphar (65 chambres) à Bangor, le Bretagne (35 chambres) au Palais et le Cardinal (70 chambres) à Sauzon. Sans oublier l'agence de location Locatouril ainsi que divers magasins de vêtements. Quant à Paul Meunier, il s'active toujours, à 80 ans, dans les cuisines du Manoir de Goulphar.

Des Acadiens aux Canadiens

Belle-Ile attire une clientèle à 90 % française, venant de l'Ile-de-France, de Normandie et "culturellement de Rhône-Alpes, précise Hervé Bierjon, puisque les grands centres industriels investissaient, après-guerre, dans des villages vacances sur Belle-Ile". En ce qui concerne les touristes étrangers, l'île séduit toujours autant les Belges, les Allemands reviennent quant à eux doucement et, bizarrement, elle intéresse les Américains. Quant aux Canadiens, ils aiment se rendre sur ce bout de terre où de nombreuses familles d'Acadiens se sont installées dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. D'après l'avis de nombreux professionnels, la clientèle de Belle-Ile s'est embourgeoisée depuis quelque temps, tant il est vrai qu'un "séjour sur Belle-Ile, compte tenu de la traversée, est plus onéreux, de l'ordre de 2 000 F (600 F au moins pour le passage d'une voiture et plus de 140 F aller-retour pour une personne), qu'un séjour à durée égale sur Quiberon. Il se crée de fait une sélection financière". Selon Michel Banet, propriétaire de l'Hôtel du Commerce au Palais, "cet embourgeoisement contribue je crois à créer un décalage entre la population belliloise, assez modeste, et les touristes". Pour autant, cette clientèle plus élitiste ne profite pas forcément aux professionnels de l'île. "Cette clientèle a permis le développement touristique de Belle-Ile et, à un moment donné, a fait vivre les hôtels et les restaurants." Depuis, elle s'est installée dans des maisons secondaires et consomme moins. Selon certaines sources du CDT 56, Belle-Ile compte quelque 13 000 lits en résidence secondaire. Autre chiffre significatif : "Une centaine de permis de construire sont délivrés chaque année", dixit Hervé Bierjon.  

Développement contrôlé

L'hôtellerie connaît un développement assez stable, sans grande révolution. L'île compte 995 lits répartis en 15 hôtels avec, selon Michel Banet, "un bon panachage entre les différentes catégories". Cette hôtellerie belliloise se trouve en concurrence directe avec les locations saisonnières. Et selon le directeur de l'office de tourisme, "environ 90 % des hôtels fonctionnent en demi-pension. De fait, les touristes trouvent davantage d'autonomie en maison". Sur Belle-Ile, l'activité demeure essentiellement saisonnière (8 hôtels sur 15 ferment en hiver) avec un TO annuel moyen de l'ordre de 40 à 45 % (de 60 à 70 % d'avril à septembre), tout mode d'hébergement confondu. Difficile dans ces conditions de voir arriver de nouveaux prétendants dans l'hôtellerie. "Ce TO annuel n'encourage pas les opérateurs extérieurs, et des groupes comme Accor ou Lucien Barrière préfèrent s'implanter à Quiberon pour le premier ou rester à La Baule pour le second." D'autant que l'hiver, l'irrégularité des navettes et la spécificité des liaisons aériennes (vol à vue) n'encouragent pas les entreprises à organiser leurs séminaires sur l'île.

Pour autant, malgré une saisonnalité marquée, les affaires sur Belle-Ile demeurent très cotées sur le marché de l'immobilier. Selon Jacques Le Mestique, propriétaire du café l'Etoile du Port, "les prix flambent. Et c'est davantage la valeur des emplacements qui est prise en compte que celle des fonds. Ici, j'ai eu deux propositions à 2 MF, uniquement parce que je suis sur le port". Et la plupart des affaires sont reprises par des gens extérieurs à l'île. Selon Michel Banet, lui-même issu d'une famille belliloise, "les îliens se laissent vivre. Ce n'est pas négatif, mais c'est une philosophie de vie qui leur est propre".

Ils se laissent sûrement bercer par la poésie du lieu. Belle-Ile, douce et sauvage à la fois. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Claude Monet et Sarah Bernhardt y séjournèrent un temps. Portos, le héros d'Alexandre Dumas, s'est quant à lui éteint dans l'une de ces grottes imaginaires proches de la commune de Locmaria... Il y a du romantisme dans cette île-là.
O. Mariezzz70

Tout au long de l'été, L'Hôtellerie vous propose de découvrir les îles des côtes françaises. Un voyage 'D'île en île' au cours duquel vous retrouverez l'actualité de la profession, de l'Atlantique à la Méditerranée.

 BelIle3.tif

Belle-Ile-en-Mer en chiffres

* Superficie : 20 km de long sur 5 à 9 km de large ; 84 km2

* Population : 4 834 habitants permanents ; de 35 000 à 40 000 personnes séjournent sur Belle-Ile l'été

* Fréquentation en 2000 (source CDT Morbihan) : 808 241 passagers

* Nombre d'établissements (source OT) :

- 15 hôtels

- 22 restaurants

- 13 pizzerias-grills-crêperies

- 15 cafés-bars-pubs

* Capacité d'accueil en nombre de lits :

- Hôtellerie : 995

- Camping : 3 779

- Gîtes ruraux : 90

- Chambres d'hôte : 6

- Gîtes d'étape : 16

- Meublés : 1 367

- Centres de vacances : 957

- Résidences de tourisme : 212

- Résidences secondaires : 13 000

 

S'y rendre, s'y déplacer

* Toute l'année : Société Morbihannaise et Nantaise
de Navigation. Traversée en 45 mn au départ de Quiberon. Aller-retour : 142 F.

* En saison : Société Navix au départ de Vannes, Port Navalo, La Trinité-sur-Mer ; Compagnie Vendéenne au départ de
La Turballe. Liaison rapide (passagers uniquement)
au départ de Lorient.

Article suivant


Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts

L'Hôtellerie n° 2731 Hebdo 16 Août 2001


zzz70

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration