Provence-Alpes-Côte d'Azur
La vague d'attentats aux Etats-Unis a principalement entraîné des annulations pour le très court terme. Mais le tourisme d'affaires risque de faire les frais du sentiment d'insécurité. L'hiver s'annonce donc préoccupant pour les professionnels, notamment des Alpes-Maritimes.
Michel Tschann, porte-parole du syndicat des hôteliers de Nice, constate : "Nous avons principalement enregistré des annulations pour des séjours immédiats." Une tendance confirmée par tous les professionnels contactés : la fermeture de l'espace aérien américain a incité les personnes ayant planifié des séjours sur la Côte d'Azur dans les prochains jours à les reporter. Les voyageurs ne semblent pas, pour l'instant, décidés à renoncer à leur voyage. "Nous ne constatons pas de paranoïa, à l'inverse de ce qui s'était produit lors de la guerre du Golfe. Mais c'est encore très frais, les gens sont sous le choc, et l'on ne prendra vraisemblablement la mesure que dans quelques semaines, d'autant que l'on attend également les suites d'éventuelles représailles, selon les pays où elles se produiront", estime encore Michel Tschann. La clientèle américaine compte pour 7 % dans le tourisme de la Côte d'Azur, un chiffre qui ne représente pas son véritable poids économique, puisque les Américains ont une dépense très supérieure à la moyenne globale des touristes... Les 3 et 4 étoiles, ainsi que les restaurants gastronomiques, risquent donc d'être durement touchés si les Américains délaissent la destination. Mais les hôteliers-restaurateurs se gardent bien de tout pronostic pessimiste.
La diversification permettra de limiter les effets de la crise
Idem pour Rémi Blouin, du restaurant La Mère Germaine à Villefranche-sur-Mer (06), dont
l'histoire est liée à la présence américaine d'après-guerre : Villefranche était
alors la base du vaisseau-amiral de la VIe flotte en Méditerranée, et La Mère Germaine
a gagné sa réputation en régalant et en maternant les jeunes matelots en escale...
"Nous avons déjà eu quelques annulations de groupes et d'individuels, pour des
séjours cette semaine ou la semaine prochaine du fait du bouclage de l'espace aérien.
Nous avons aussi des groupes qui ont annulé leur déplacement pour le dernier trimestre,
mais c'est très limité en nombre... pour l'instant." Même réaction à
l'Elysée Palace de Nice, qui a récemment intégré en franchise Four Points by Sheraton
: "Les annulations concernent des périodes très proches, principalement à cause
des vols annulés... Cela représente environ 10 % de nos réservations, ce qui reste
modéré. Nous avons également l'annulation de groupes japonais qui ont indiqué avoir
peur de voyager en ce moment. La situation deviendrait préoccupante si elle devait se
prolonger, car sur certaines périodes, plus de la moitié de nos clients sont américains",
souligne Hélène Gaston, responsable des réservations. "Rares sont désormais
les hôtels où les Américains représentent plus de 20-30 % des clients, remarque
Michel Tschann. Les hôteliers de la Côte d'Azur ont su s'ouvrir à des clientèles
très différentes. Les événements montrent bien que c'est une orientation à poursuivre."
Des conséquences inévitables sur le tourisme d'affaires
Les conséquences risquent d'être plus difficiles à supporter à Cannes, capitale
azuréenne du tourisme d'affaires : "Tous les congrès et séminaires prévus
jusqu'à la fin du mois ont été annulés ou reportés, explique Didier Benoît,
président du syndicat des hôteliers de Cannes. Ce qui gênera évidemment
l'activité, et nous risquons bien d'avoir des répercussions pendant tout le dernier
trimestre." Pour manifester leur solidarité avec les Américains, les hôteliers
leur ont adressé une lettre de soutien. L'économie hivernale de la Côte d'Azur repose
pour une part importante sur le tourisme d'affaires, et nombreux sont ceux qui pensent que
les événements auront une portée plus importante sur les groupes que sur les
individuels, d'autant que la clientèle américaine est excessivement sensible à sa
sécurité : "Les groupes vont partir moins loin, d'autant que les entreprises
savent qu'elles risquent gros en termes de procès si jamais un problème se produit lors
d'un incentive, par exemple", analyse Michel Tschann. Tous les hôteliers
contactés l'ont confirmé, ils feront porter leurs prochains efforts de commercialisation
vers l'Europe du Nord ou le Japon. Zzz20a zzz36o
A Cannes, l'activité liée au tourisme d'affaires risque de connaître un
ralentissement.
Le Var et le Vaucluse moins touchésLa situation est plus sereine dans le Var et le Vaucluse, des départements où le
poids touristique américain est moins important. "Bien sûr, nous constatons tous
les jours des annulations, surtout pour des séjours imminents, indique Martine
Teston, directrice du comité départemental du tourisme du Vaucluse. Mais les
touristes américains ne représentent que 4,5 % des 22 millions de nuitées que nous
réalisons annuellement." |
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L'Hôtellerie n° 2736 Hebdo 20 Septembre 2001