Conversations autour d'une table
Toutes les quatre sont apprenties au CFA Médéric. Deux ont choisi la salle, deux autres la cuisine. Les surprises ne sont pas toujours là où on les attend. Micro.
Propos recueillis par L. Anastassion
Pour Vanessa Grillon, Vanessa Labbée, Emilie Maréchal et Amélie Salagnac, les
femmes doivent jouer sur la solidarité.
L'Hôtellerie :
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Vanessa Grillon, terminale bac pro salle :
Après la classe de troisième, j'ai fait un stage d'une semaine dans un restaurant,
Batifol, et cela m'a plu. Je savais donc à quoi m'attendre en choisissant ce métier. Je
crois qu'en salle, c'est moins dur pour une fille qu'en cuisine. Je n'ai pas ressenti de
sexisme particulier de la part des autres membres de l'équipe. La seule chose que je
remarque, c'est que je n'ai jamais vu de responsable femme sur mon lieu de travail. C'est
pourquoi je sais que, lorsque je vais vouloir grimper dans la hiérarchie, je vais devoir
faire double preuve, mais je le prends comme un jeu.
Emilie Maréchal, terminale bac pro salle :
Quant à moi, j'ai d'abord eu une directrice, mais elle est partie. Le directeur actuel
est assez jeune. En première année de BEP, on était deux filles sur une classe de 26.
En salle, il n'y a pas trop de blagues sur les femmes. Et ce qui est sûr, c'est que les
clients hommes préfèrent être servis par des femmes et inversement.
Amélie Salagnac, terminale
bac pro cuisine :
C'est vrai que lorsque je suis au restaurant, je préfère être servie par un homme.
Vanessa Grillon :
On a fait l'expérience de placer dans deux pots distincts les pourboires laissés aux
femmes et ceux laissés aux hommes. Le bilan est que ce sont les femmes qui rapportent le
plus de pourboires.
Amélie Salagnac :
On m'avait dit que cela allait être très dur physiquement. De toute façon, j'aime bien
le sport. Finalement, je crois que c'est assez facile pour une fille d'être en cuisine.
Les chefs nous prêtent tout de suite plus d'attention. En tant que femme, il ne faut pas
avoir peur d'ouvrir sa g... Je ne pense pas que l'on nous teste. On nous charrie un peu,
mais c'est plutôt gentil. Et puis il faut des garçons pour porter les choses lourdes...
Vanessa Labbée, terminale bac pro cuisine :
Le fait d'être dans une entreprise constitue un plus. Il n'y a pas de différence entre
les hommes et les femmes.
Emilie Maréchal :
Je crois que les filles qui auront des problèmes relationnels sont celles qui sont
faibles professionnellement.
Vanessa Labbée :
Quand je suis entrée au CFA, j'étais la seule fille sur 4 classes de cuisine et, au
début, cela m'a étonnée. En fait, j'étais plutôt chouchoutée. Quand on était en
travaux pratiques, on me disait "attends, on va t'aider". Maintenant,
nous sommes 4 en cuisine ; quand les femmes qui travaillent en cuisine nous voient
arriver, elles sont plutôt contentes. On échange des potins, des astuces pour bien
s'intégrer à la brigade. Je crois que nous sommes très solidaires.
Amélie Salagnac :
On m'a dit que je ne pourrai pas continuer en cuisine si je veux avoir des enfants. Je
suis d'accord pour le moment, car j'ai l'impression que dans ce milieu professionnel il
est impossible d'avoir une vie privée. Les horaires sont lourds et le soir on est crevé.
L'an prochain, je préparerai un BTS pour assurer mes arrières.
Vanessa Labbée :
La fille avec laquelle je travaille attend son second enfant. La coupure lui permet de
voir sa fille car elle n'habite pas très loin. C'est plutôt une histoire d'organisation.
Les autres dans la cuisine font très attention à elle. On est assez nombreux pour que
cela se passe bien. Je n'arrêterai pas la cuisine pour avoir des enfants, je crois que
tout est compatible. D'ailleurs, la plupart des femmes qui travaillent dans n'importe quel
domaine ont des enfants. Et puis une femme qui choisit la cuisine, c'est qu'elle a envie
de travailler.
Vanessa Grillon :
Finalement, à les écouter, je crois que l'on nous fait moins de cadeau en salle.
Personne ne déplace les tables à notre place ou ne transporte les ballots de linge quand
c'est à notre tour de le faire. zzz18p zzz22v
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L'Hôtellerie n° 2736 Supplément Formation 20 Septembre 2001