En Morbihan
La préfecture du Morbihan vient de prendre un arrêté diversement apprécié des professionnels en autorisant une fermeture des bars de nuit à 3 heures. Les patrons de discothèques crient au scandale puisqu'ils fermeront toujours à 4 heures en semaine. L'écart indispensable de 2 heures n'est plus maintenu.
Après le préfet
d'Ille-et-Vilaine lors de la saison dernière, c'est à celui du Morbihan de se rappeler
au bon souvenir des professionnels en prenant, sans consultation, un arrêté les
concernant. On amputait d'une heure voici quelque mois les heures de fermeture des bars de
nuit en Ille-et-Vilaine, et bien voilà qu'on en ajoute une à ceux du Morbihan ! Une fois
de plus, c'est l'harmonisation des heures d'ouverture sur le plan régional qui en prend
un coup. Gilles Bouilhaguet, préfet du Morbihan, vient en effet de prendre un arrêté
donnant 1 heure de plus (fermeture à 3 heures au lieu de 2 heures) à la trentaine de
bars de nuit du département. Mais dans le même temps, l'heure de fermeture des 90
discothèques reste inchangée, à savoir 4 heures la semaine et 5 heures les week-ends,
jours fériés et en saison (juillet et août). Les 2 heures de décalage entre la
fermeture des bars et celle des discothèques disparaissent donc en semaine. Maigre
consolation, les discothèques peuvent ouvrir leurs portes dès... 14 heures !
Pour justifier son arrêté (rappelons tout de même que le précédant arrêté
obligeant les bars à fermer à 2 heures date de 2000, et avait été pris par le même
préfet), la préfecture avance diverses raisons, notamment sécuritaires. Il s'agit en
premier lieu de "lutter contre la mortalité des jeunes à cette heure tardive.
43 % des accidents se déroulant entre 23 heures et 7 heures du matin impliquent des
jeunes", remarque-t-on à la préfecture. Cette décision a par ailleurs été
prise "pour des raisons économiques. Il fallait réduire le déséquilibre
existant entre les bars de jour et de nuit. Enfin, cet arrêté répond à une nécessité
de simplification administrative".
Et c'est là que Jean-François Serazin, président de l'Umih 56, fait entendre sa
différence. "Le préfet a été contraint de prendre cet arrêté suite à une
condamnation de la préfecture par le tribunal administratif, saisi en 1993 par un bar de
nuit, lui demandant d'harmoniser les heures de fermeture par catégorie d'établissements.
Pensez-vous qu'il aurait pris cette décision s'il n'en avait pas été obligé ?"
On reconnaît d'ailleurs à la préfecture que cet élément "a dû contribuer à
la décision qui a été prise". Et le syndicaliste de poursuivre : "Mais
cela n'empêchait nullement le préfet de donner 5 heures pour les discothèques !"
"Un immense gâchis"
Cette différence de 2 heures entre bars et discothèques reste la principale pomme de
discorde. Sans compter une décision "sans concertation qui nous a mis devant le
fait accompli. C'est inacceptable", dixit Jean-François Serazin. Cet arrêté
correspond d'ailleurs, en partie, à un ensemble de propositions qui avait été initié
par le syndicat en 1999. "Nous avions en effet proposé la fermeture des bars à
3 heures, mais en maintenant l'écart de 2 heures avec les discothèques !",
fulmine Jean-Marc Le Carour, président de la FIHB et ancien président de l'Umih 56.
"Il est vital de maintenir ce décalage, d'autant que cette demande ne concerne
que 4 ou 5 établissements dans le département, puisque la majorité des boîtes
n'ouvrent que le week-end", selon Jean-François Serazin.
Cette décision ne risque pas d'améliorer le dialogue entre la préfecture et le
syndicat. Jean-Marc Le Carour parle d'un "immense gâchis qui ruine tout le
travail que nous avons entrepris au sein du syndicat avec des groupes de travail
rassemblant les bars de nuit et les discothèques dans un souci d'harmonisation. On se
moque des organisations professionnelles". Quid en effet des efforts réalisés
par les discothèques en matière de prévention et de sécurité routière (capitaines de
soirée, etc.) ?
Cette décision met enfin l'Umih en porte-à-faux vis-à-vis des discothèques, "mais
nous n'y pouvons absolument rien. Vous vous imaginez bien que nous n'allons pas
privilégier une activité au détriment d'une autre", souligne Jean-François
Serazin. Jean-Marc Le Carour remarque que "du coup, le syndicat des discothèques
profite de la situation pour ratisser large". Il reste désormais au président de
la FIHB à porter son combat au niveau régional. "Nous allons inciter les
autorités politiques et administratives à se pencher sur l'harmonisation des heures
d'ouverture sur l'ensemble de la Bretagne. Aujourd'hui, ce système est totalement
incohérent !"
O. Marie zzz28
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L'Hôtellerie n° 2759 Hebdo 7 Mars 2002 Copyright ©