La France regorge de trésors touristiques. Cet été, L'Hôtellerie vous offre la découverte de quelques-uns des 142 Plus beaux villages de France, et vous invite à la table des hôteliers-restaurateurs qui chaque jour font vivre ces villages.
Gargilesse-Dampierre (Indre)
Ce petit village, situé aux confins du Limousin et du Centre, accueillait dès le milieu du XIXe siècle peintres, artistes et amis de l'auteur de La petite Fadette. Mais ce beau village peine quelque peu à maintenir sa tradition et sa renommée. Pour les étrangers, Gargilesse reste cependant un haut lieu du tourisme culturel.
Il n'est pas rare de croiser, dans les rues de ce village, quelques pèlerins en quête des traces de George Sand. L'histoire de cette femme écrivain est en effet intimement liée au bas Berry, à la vallée de la Creuse et à Gargilesse où elle a acheté une petite maison en 1857. Avec elle, une bande d'artistes et de peintres parisiens attirés par 'la petite Suisse' allait débarquer à Gargilesse. L'Hôtel des Artistes en garde encore la trace. La première salle est la même que celle où George Sand venait savourer une Omelette aux écrevisses de la Creuse. Georgette Désormière en assure la destinée depuis 28 ans. Institution locale, cet hôtel-restaurant de 12 chambres est resté fidèle à son enseigne : la clientèle y est faite encore d'artistes, de journalistes ou de célébrités. "J'ai accueilli Depardieu, Juliette Binoche, le directeur du Figaro et bien d'autres, se réjouit Georgette, beaucoup de parisiens et d'étrangers", attirés par ce "coup de cur" du Guide du Routard. L'hôtel, pourtant non classé faute de confort suffisant, fait ainsi régulièrement le plein, en particulier les week-ends. Et pour dormir dans la célèbre chambre avec lit à baldaquin à 30,50 e la nuit, il faut réserver longtemps à l'avance... C'est vrai également lors des manifestations culturelles comme le festival international de Harpe qui se tient du 23 août au 1er septembre. Malgré cette clientèle fidèle, Georgette commence à sentir une certaine morosité : "La saison est bonne, estime-t-elle, mais elle est de plus en plus courte. Auparavant, elle s'étalait de mai à octobre, aujourd'hui elle ne dépasse plus les deux mois d'été. Et encore cela dépend énormément de la météo." "Je vis ici, explique Georgette, c'est ma vie, mais les touristes sont moins nombreux, il faudrait refaire des chambres." Mais à 60 ans, elle refuse de se lancer dans de nouveaux investissements. Et, pour la première fois, elle envisage de vendre son établissement. "Mais qui voudra venir ici, s'inquiète-t-elle, c'est perdu, en pleine campagne, loin de tout."
Remettre Gargilesse à la mode
Au bord de la Creuse avec son église du XIIe siècle, son château et la maison de
l'écrivain, Gargilesse est fier de son classement parmi les Plus beaux villages de
France. "Mais cela s'essouffle", reconnaît Bruno Jeanrot, patron de
l'Hôtel George Sand qui ne fait pourtant que restaurant. Il a repris cet établissement
il y a 5 ans, et a même ouvert une petite salle d'expositions. "Mais ce n'est
plus le village des artistes, regrette-t-il, il y a de moins en moins d'ateliers ou
d'artisans. Cela se meurt à petit feu. Le positionnement culturel du village attire une
clientèle un peu élitiste et âgée. Il faudrait la renouveler." Bruno Jeanrot
n'ouvre que de mai à septembre (il est routier l'hiver), et avoue rencontrer quelques
difficultés. Il est vrai que Gargilesse compte 370 habitants l'été mais 50 seulement
durant l'hiver. Plusieurs maisons sont d'ailleurs à vendre dans le village, et seront
sans doute acquises par des Anglais, des Belges ou des Hollandais. Le boulanger, le
coiffeur, l'épicier, l'école ont donc fermé leurs portes. "On ne sait plus quoi
faire pour relancer le village", avoue-t-il, un peu impuissant. A l'entrée de
celui-ci, Jean-Baptiste Ricaud, patron de l'Hôtel du Pont Noir, ne fait pas preuve
d'autant de pessimisme. Avec ses 14 chambres, il attire une clientèle d'habitués qui
viennent séjourner plusieurs semaines, des étrangers et des amateurs de grand air. En
plein milieu d'une saison moyenne il reconnaît pourtant que "ce n'est plus ça"
: baisse du nombre de touristes, séjours plus courts, saisons amputées. "Faut
remettre Gargilesse à la mode, s'enflamme-t-il, trouver de nouvelles animations,
attirer un nouveau public. Car Gargilesse et la région le valent bien."
J.-J. Talpin zzz70
Gargilesse en chiffres * 370 habitants en été, 50 en hiver |
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L'Hôtellerie n° 2780 Hebdo 1er Août 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE