Congrès de la Fagiht à Aix-les-Bains
Ambiance de travail remarquable, mobilisation très professionnelle, le congrès de la Fagiht était, comme d'habitude, l'occasion pour les professionnels de faire le point sur leurs revendications, sur l'avancée des dossiers, mais aussi d'échanger sur leurs expériences pour mieux projeter leur entreprise dans l'avenir.
Le congrès de la Fagiht est
avant tout une journée de réflexion, une journée de travail, d'échanges. Et de
s'achever sur la synthèse des travaux qui permet de faire entendre aux politiques les
revendications des professionnels, dont la plupart sont saisonniers et tous indépendants.
Leur motivation est forte, leur implication réelle, le congrès a lieu en montagne, la
destination pas toujours facile pour tous, certains viennent de loin, ce n'est pas une
excuse à l'absentéisme. La preuve, dès l'ouverture des portes de la salle de débats au
casino Grand Cercle d'Aix-les-Bains, dès 9 h 30, la salle était comble, plus de 200
personnes s'installaient pour participer d'une manière attentive et active aux débats
animés par Alain Bedouet de France Inter.
Trois thèmes étaient prévus : la durée du travail dans l'industrie hôtelière, la
formation professionnelle et la baisse de la TVA sur la restauration. On l'imagine, c'est
le premier thème qui occupa le plus de temps, c'est celui sur lequel les professionnels
avaient le plus besoin d'informations, sur lequel ils ressentaient le plus de besoin
d'échanges.
L'occasion pour Jacques Jond, le président de la Fagiht, de faire le point sur les
derniers 'événements' du dossier, l'occasion de dénoncer la signature de l'accord RTT
entre la CFDT et la CGT et le SFH et le SNRLH pour établir un calendrier de baisse du
temps de travail allant jusqu'à 35 heures. L'occasion aussi de dénoncer l'extension de
l'accord décidée par Elisabeth Guigou, contre l'avis de la Fagiht, de la CPIH, de l'Umih
et de la Commission interprofessionnelle nationale composée du Medef, de l'UPA, de la
FNSEA et de l'UNAPL. Et de remercier le soutien actif de Jean-François Girault,
président de la CPIH, présent à la totalité du congrès, dans cette opposition. Un
dossier qui laisse quelque espoir tout de même, "du fait du 21 avril",
précise le président de la Fagiht qui, se fiant à ses entretiens avec François Fillon,
ministre du Travail, et Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme en juillet dernier,
espère beaucoup de leur action. "Nous comptons sur eux pour qu'ils poursuivent
les réformes entreprises dans ce domaine, et demandons instamment à Léon Bertrand
d'être notre allié permanent pour obtenir le butoir à 39 heures de la réduction du
temps de travail dans l'industrie hôtelière."
Quel temps de travail au 1er janvier 2003 ?
Bien entendu, nombreux furent les professionnels à s'inquiéter de l'avenir, d'autant que
les entreprises saisonnières, d'hiver, sont actuellement en période de fin de
recrutement et ne sont pas à même de savoir quel sera le temps de travail réglementaire
à compter du 1er janvier prochain. A l'heure de l'organisation des plannings et des
signatures de contrats de travail, on ne peut que comprendre l'irritation des chefs
d'entreprise. Là encore, la position de Jacques Jond, assisté de l'avocat-conseil du
syndicat, fut claire et nette : les contrats doivent se signer au temps de travail
déterminé pour l'année 2002, à savoir 41 heures pour les moins de 20 salariés et 39
pour les autres.
Beaucoup de questions sur l'évolution probable des négociations, beaucoup d'échanges
entre professionnels sur la manière de gérer cette nouvelle donne. De nouveaux
problèmes, de nouvelles solutions qui mettaient bien en évidence la difficulté à
réglementer un secteur où la taille et la nature des entreprises sont si différentes.
L'occasion pour le président de la Fagiht de justement dénoncer la volonté du
législateur en matière de RTT, "quelle faute de ne pas comprendre que
l'uniformisation conduit vers le bas, décourage les initiatives et hypothèque l'avenir
du pays".
Du temps de travail, les débats s'orientèrent vers la formation, vers l'inquiétude dont
font preuve les professionnels saisonniers face à la pénurie de main-d'uvre. Il
fut beaucoup question de revalorisation des métiers de l'hôtellerie-restauration, des
difficultés de former les jeunes dans le cadre actuel de l'apprentissage. "Il
faut remobiliser le facteur humain et revaloriser le travail. Nous avons besoin d'une
fiscalité moderne, encourageant le travail, l'investissement, l'esprit d'entreprise, et
pour les jeunes, une solide formation initiale préparant à des débouchés d'avenir",
insista Jean-François Girault.
Le logement, spécificité des saisonniers
L'accent fut mis sur la spécificité du logement du personnel saisonnier : "Près
de 4 000 e par saison et par salarié pour la location d'un studio",
expliquèrent certains professionnels qui, chiffres à l'appui, mirent en évidence le
coût considérable que représentait pour eux la RTT du fait du nombre d'emplois à
créer et du nombre de logements supplémentaires à trouver et à financer... Une
réalité dont ne tiennent jamais compte les politiques quand il s'agit de réglementer le
temps de travail dans l'hôtellerie-restauration. La spécificité de la saison fut, bien
entendu, encore une fois soumise à la réflexion des politiques. "La Fagiht n'a
jamais cessé de réclamer des règles de proportionnalité des impôts et des taxes en
faveur des entreprises saisonnières. Des aménagements ont certes été obtenus, mais ils
restent dérisoires par rapport aux charges financières annuelles liées aux
investissements lourds ou à des impôts comme la taxe foncière", a répété le
président de la Fagiht, avant de mettre en garde les élus en matière d'aménagement du
territoire et des conséquences économiques que des décisions politiques contraires au
développement de l'hôtellerie indépendante saisonnière pourraient avoir. Donnant en
exemple les politiques suivies dans d'autres pays : la Suisse, l'Autriche et l'Italie ont
permis à ce secteur de se moderniser, de se développer, contrairement à ce qui se passe
en France. A titre d'exemple, en Savoie, de 1991 à 2001, 167 hôtels indépendants ont
disparu, soit 4 162 chambres en moins pour la création de 81 hôtels, dont près de la
moitié des 3 783 chambres appartiennent aux chaînes. Inquiétude donc renouvelée sur
l'absence de prise en compte de la spécificité des entreprises saisonnières.
Beaucoup de détermination de la part des responsables de la Fagiht, Gilbert Lheureux,
Claude Daumas et Robert Breney à travers leurs interventions. Mais une petite déception
pour tous puisque Léon Bertrand, dans un premier temps dans l'impossibilité d'assister
au congrès, pour cause de discussion budgétaire, avait tout de même confirmé sa
venue... annulée peu de temps avant de prendre l'avion, sa présence au Sénat ayant
été jugée indispensable par Gilles de Robien, ministre des Transports. Il fut remplacé
par son directeur de cabinet adjoint.
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Le message du ministre (extraits)"Je tiens tout d'abord à
féliciter le dynamisme de vos entreprises. (...) Nous sommes face à une mutation des
comportements des clientèles et des acteurs économiques et à une conjoncture
internationale difficile : autant de facteurs de fragilisation de l'économie touristique.
Vous avez besoin d'une écoute et d'un soutien : c'est le sens de mon action. |
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L'Hôtellerie n° 2796 Hebdo 21 Novembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE