Le niveau de la Seine monte gentiment, mais sûrement. Plusieurs hôtels de la capitale pourraient se retrouver avec les pieds dans l'eau. Certains s'organisent. D'autres se croient à l'abri.
Les hôtels concernés par le risque des inondations ont pour objectif de préserver
autant que possible le patrimoine et les installations techniques.
En l'état actuel des
capacités de prévisions, nul ne peut prédire si cela se produira dans un an ou dans dix
ans. Toutes les études montrent, cependant, la réalité du risque d'une crue centennale
à Paris comme en Ile-de-France. A tel point d'ailleurs que les grands opérateurs publics
et privés - EDF, France Télécom, l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, ville de
Paris -, ont tous travaillé d'arrache-pied depuis plusieurs mois avec le préfet de
police sur la mise en place de plans de secours spécifiques. C'est ainsi que des mesures
d'urgence ont été arrêtées, par exemple, afin que les collections nationales
présentées au public dans les zones inondables soient montées dans les étages
supérieurs des lieux concernés (musée du Louvre, École nationale supérieure des
Beaux-Arts, Grand Palais...).
Du côté des organisations hôtelières, on est hélas loin d'être aussi bien préparé.
D'autant plus qu'il semble, selon les dires de plusieurs responsables d'organismes
syndicaux, que ni la Ville de Paris, ni la préfecture de Police n'aient véritablement
donné signe de vie concernant les dispositifs de lutte contre l'eau. "Nous
n'avons en effet reçu aucune information en provenance de la Ville", avoue le
directeur de l'Hôtel Les Rives de Notre Dame. Et d'ajouter, "je ne me fais
malgré tout pas trop de souci concernant l'établissement que je dirige puisque les
hauteurs de pont qui nous entourent, nous mettent à l'abri d'un sinistre".
Même optimisme au Mercure pont de Bercy où l'on a toutefois envisagé un scénario pour
préserver les sous-sols en surélevant le matériel informatique et montant les
éléments à protéger dans les offices supérieurs.
Plan de priorité défini à l'avance
Dans d'autres unités hôtelières parisiennes, l'idée d'avoir les pieds dans l'eau
incite davantage à la prudence. A commencer par le Plaza Athénée : "Nous avions
déjà évoqué le problème en 2001. Mais, cette année nous avons anticipé afin de nous
préserver au mieux", explique François Delahaye, directeur général du palace
de l'avenue Montaigne. Pour parvenir à ses fins, le Plaza Athénée a donc tout d'abord
procédé à la vérification de son contrat d'assurance. Objectif de la démarche :
confirmer la couverture des pertes d'exploitation de l'établissement dans le cadre d'une
zone sinistrée.
"Parallèlement, nous avons également mandaté une société de sécurité (Geos)
qui assure la gestion des sinistres", poursuit François Delahaye. Ce qui
signifie concrètement que Geos a établi un plan de priorité défini à l'avance, qui,
selon certains seuils d'alerte, déclenchera la mise en branle de différentes actions
(isolation totale des locaux techniques, protection du patrimoine, remontée des
stocks...). La sensibilisation du personnel n'a évidemment pas été oubliée. Suite à
l'envoi d'un e-mail, 150 hommes et femmes sur 500 se sont effectivement portés
volontaires pour venir donner un coup de main le cas échéant. Sans oublier l'achat de
contreplaqué marine servant à ceinturer l'hôtel ainsi que des pompes à eau.
Gérard Taravella, directeur du service travaux et entretien des hôtels Concorde, se
montre lui aussi assez vigilant. "Je consulte régulièrement le niveau de la
Seine sur le Minitel (3615 eauseine)", confie-t-il. Et pour cause ! Lors de la
dernière grande crue parisienne de janvier 1910, le Concorde Saint-Lazare avait bu la
tasse. D'autres, tels le Crillon et l'Hôtel du Louvre, pourraient aujourd'hui subir
également des difficultés. Alors rentré en contact avec la cellule de la préfecture,
Gérard Taravella étudie actuellement différentes procédures afin de prévenir les
risques suffisamment tôt pour passer à l'action. "Nous nous sommes en outre
équipés de clapets antiretour. Nous avons même imaginé de disposer des groupes
électrogènes dans la rue afin de pomper l'eau...", commente l'intéressé. Et
de poursuivre, "reste que lorsque les égouts parisiens déborderont, nous
pomperons. Mais pour envoyer l'eau où ?"
C. Cosson zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2803 Hebdo 09 Janvier 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE