du 15 mai 2003 |
COURRIER DES LECTEURS |
Le cas des fumeurs dans nos maisons est devenu un problème difficile à gérer avec
tact. Refuser aux fumeurs l'entrée de nos maisons est relativement difficile à concevoir
dans un pays de démocratie comme la France.
De toute façon, chers collègues, que l'on interdise ou que l'on accepte les fumeurs dans
nos salles de restaurant, les mauvais coucheurs, qu'ils soient clients ou journalistes ou
responsables de certains guides..., se feront un plaisir de nous taper sur le dos une fois
de plus, prétextant notre intolérance ou cette jolie phrase que l'on nous jette au
visage : "Vous gagnez suffisamment d'argent avec votre bouffe pour vous permettre
de refuser de bons clients et louper des couverts !" J'en passe et des
meilleures...
Eh bien, chers collègues, dans ma maison, que je considère comme étant un lieu privé
(ouvert au public à certaines heures de la journée), je fais ce qui me plaît. C'est
pour cette raison que depuis le début de l'année 2003, j'ai volontairement interdit ma
salle de restaurant aux fumeurs. Pour ménager certains de mes amis et clients fumeurs,
nous avons, avec mon associé, aménagé un salon fumeurs. Dans ce salon, nous avons
conservé un espace restreint pouvant accueillir des convives accrocs au tabac (eh oui,
même en mangeant...), de 4 à 10 couverts maximum.
Les premiers jours de la nouvelle implantation, quelques clients accrocs au tabac et
grincheux de nature ont fait des réflexions assez désagréables par rapport à notre
interprétation de la loi Evin, dans la mesure où nous avions décidé de ne pas mettre
de zone fumeurs dans la salle de restaurant.
Les explications et le ton montant un peu haut, nous avions prié ces messieurs
d'éteindre leur cigarette et de passer au salon prévu à cet effet. Leur verbe fort et
menaçant du parfait français sans éducation m'a donné l'idée de prévenir rapidement
et par télécopie les différents guides gastronomiques, en leur signalant que depuis
début janvier 2003 nous refusions les fumeurs dans la salle de restaurant.
A ce jour, seul le Guide Rouge a répondu à notre courrier, prenant note des
modifications et améliorations apportées dans notre maison et de la décision que nous
avions prise librement. Il nous a précisé qu'il ouvrait un dossier particulier pour
recevoir les lettres des fumeurs mécontents...
Il faut avoir le culot de prendre une telle décision, en sachant que, hélas, vous
perdrez des clients, mais en retour, vous recevrez des compliments des clients qui ne
fument pas ou plus du tout. En outre, nous constatons chaque jour qu'une nouvelle
clientèle fréquente notre table en ayant la certitude qu'ils ne seront plus agressés
par la fumée des autres.
Soyons solidaires et indiquons bien sur les prochains formulaires des guides que nos
établissements sont non-fumeurs. Permettez, chère collègue de Rennes, si ce guide a
osé mentionner "que c'était votre seule faiblesse", rien de plus simple
: refuser par courrier en recommandé adressé à la rédaction du guide de paraître dans
ce dit guide qui ne vous respecte pas. Sachez que nous sommes solidaires avec vous et que
nous considérons votre choix légal. Il faut aussi leur préciser que la profession a
largement participé, et pour certains, dans les limites du possible, en améliorant les
accès aux personnes handicapées, sans compter les mises aux normes obligatoires et
onéreuses.
Que les donneurs de leçons nous respectent, et que ceux qui nous jugent, ceux qui osent
porter un jugement de faiblesse ou préjudiciable contre un professionnel pour le motif
'refuse aux clients de fumer cigarettes ou cigares dans leur maison'... vous êtes d'un
ridicule ! Vous ne voulez pas comprendre que ma loi antitabac est applicable pour les
lieux publics ainsi que pour les lieux privés.
Une idée pour ces messieurs des guides : apposer le sigle 'Cigarettes interdites' juste
à côté de celui qui signale refuser les chiens dans les lieux où l'on sert de la
nourriture (arrêtés préfectoraux du...). Ce jour-là, mon opinion vis-à-vis de
certains inspecteurs de guides bien connus changera. Amitiés à tous. zzz32
Jean-Pierre Maussion de l'Auberge d'Eventard à
Saint-Sylvain-d'Anjou
Rubrique animée par Pascale Carbillet et Tiphaine Beausseron. Exclusivement réservée aux établissements abonnés.
E-mail : pcarbillet@lhotellerie-restauration.fr
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L'Hôtellerie Restauration n° 2821 Hebdo 15 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE