du 15 mai 2003 |
COURRIER DES LECTEURS |
Je suis abonnée à L'Hôtellerie et je lis avec beaucoup d'intérêt le
Courrier des lecteurs : c'est une rubrique fort utile à laquelle il m'est arrivé de
participer en faisant publier une mise en garde (qui s'est avérée utile d'ailleurs).
C'est pourquoi, aujourd'hui, je souhaite faire part de mon opinion concernant l'épineux
débat fumeurs non-fumeurs. Notre société actuelle est, à mon avis, remplie
d'égoïstes mal élevés qui ne se rappellent pas ou n'ont jamais appris que "la
liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres". Mais il ne
suffit pas de connaître cette expression, faut-il encore la comprendre ! Je pense que
vous avez deviné que je n'étais pas fumeuse (mais même si je l'étais, je ne ferais pas
subir aux autres ce que je n'aimerais pas que l'on me fasse subir). Il existe des fumeurs
respectueux des non-fumeurs, ce n'est donc pas mission impossible que de s'abstenir ou que
d'aller fumer dehors pour éviter 'd'emboucaner' tout le monde. Restauratrice, j'ai
essayé pendant 4 ans de limiter la consommation de cigarettes dans ma petite salle de
restaurant où il est impossible d'établir 2 zones.
Finalement, je me rends compte que certains font des efforts (mes très bons clients
comprennent et s'interdisent eux-mêmes de fumer ainsi que leurs amis), mais d'autres n'en
ont que faire, comme si les non-fumeurs n'étaient pas présents. Or, ces derniers vont
devoir subir non seulement la fumée mais aussi les conséquences de l'inhalation de la
nicotine, au nom de la soi-disant liberté de chacun.
Excusez-moi, mais là, je ne pense pas que les non-fumeurs (dont les enfants, bébés,
femmes enceintes...) puissent jouir totalement de leur liberté de dire NON aux méfaits
de la cigarette.
Donnons pour exemple une vieille voiture qui laisserait échapper une fumée ultra
malodorante et polluante : est-ce qu'un fumeur serait content de devoir inhaler cette
fumée-là ? Ceux qui diront 'oui' seront vraiment de mauvaise foi. Quant à la fameuse
appréciation de telle ou telle qualité de tabac, n'oubliez pas, chers fumeurs, que pour
nous, les non-fumeurs, il n'y a aucune différence : ça pue et ça nous pollue la vie, un
point c'est tout. Un autre petit exemple pour les fumeurs non convaincus : si vous êtes
tranquillement en train de manger et qu'un chien non tenu en laisse vient vous secouer sa
queue pleine de poil au niveau de votre table et sous votre nez (au risque même d'uriner
sur votre sac à main ou votre veste), ne serez-vous pas content que le restaurateur
intervienne pour faire en sorte que le propriétaire du chien respecte votre liberté de
manger sans remue-ménage autour de vous ? A part si c'est un mignon petit toutou que vous
ne pouvez vous empêcher de caresser, vous serez bien content d'obtenir de l'aide du
restaurateur afin d'éviter un esclandre en vous insurgeant seul contre le propriétaire.
Alors dites-vous que pour la fumée de cigarette qui vient jusqu'au nez des non-fumeurs,
c'est pareil, le restaurateur doit faire régner l'ordre et le respect dans son restaurant
: d'où des espaces fumeurs et non-fumeurs lorsque c'est possible, et un espace uniquement
non-fumeurs lorsque la petitesse de l'établissement l'y oblige.
Toute personne sensée et non-égoïste peut comprendre cela, non ? Quant à ceux qui ne
veulent pas démordre que leur petit confort passe avant toute chose, en dépit du mal
qu'ils peuvent faire aux autres, je les plains.
Pour conclure, il y a peu de temps, j'ai décidé que ma petite salle de restaurant serait
non-fumeurs, et j'ai eu 2 réactions négatives depuis, contre plusieurs réactions
positives de clients qui étaient contents que je leur permette de manger dans une
atmosphère saine. J'ai la chance d'avoir une terrasse où nous pouvons servir lorsque le
temps le permet (dans le Sud, c'est plus facile heureusement), et j'avoue que ça me
soulage de ne pas avoir à faire la police auprès des fumeurs lorsque je peux les servir
dehors. En effet, nous avons beau prôner le respect d'autrui, ça fait mal de voir que
des clients sont prêts à ne plus venir chez vous parce que vous ne les acceptez pas en
tant que fumeurs. Je ne sais pas si j'aurais pu me résoudre à refuser totalement les
fumeurs actifs si je n'avais eu que ma petite salle et pas de terrasse : c'est affreux de
se sentir pris en otage par ces clients-là (car il faut reconnaître que nous avons
besoin de travailler et ne sachant pas si nous allons vraiment gagner une clientèle de
non-fumeurs en plus, c'est un choix difficile). Effectivement, ce choix a besoin d'être
soutenu car le problème du tabac existe et il ne faut pas le négliger.
Merci de nous permettre de nous exprimer, cela va mieux en le disant. zzz22v
Caroline Hamel de l'hôtel-restaurant Bon Abri à Sanary-sur-Mer
Rubrique animée par Pascale Carbillet et Tiphaine Beausseron. Exclusivement réservée aux établissements abonnés.
E-mail : pcarbillet@lhotellerie-restauration.fr
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L'Hôtellerie Restauration n° 2821 Hebdo 15 Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE