du 18 mars 2004 |
L'ÉVÉNEMENT |
Questions à Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux PME
Propos recueillis par T. Beausseron
L'Hôtellerie : Vous avez déclaré que
le plan d'allégement de charges n'était pas une faveur accordée aux CHR, mais une
intervention exceptionnelle justifiée par la volonté de relancer l'emploi. Quelles sont
exactement les attentes du gouvernement en termes d'embauches ?
Renaud Dutreil : Les analyses économiques montrent que ce secteur est marqué
par un sous-emploi structurel. Si le ratio d'emploi était le même qu'aux Etats-Unis, la
profession devrait compter 1 million d'actifs supplémentaires. Grâce aux engagements
pris par la profession en matière de revalorisation des salaires, ces métiers vont
redevenir attractifs, et les engagements pris sont la création de 40 000 emplois sous
quelques semestres.
L'Hôtellerie : Le
plan d'aide provisoire doit faire patienter les restaurateurs jusqu'au passage effectif du
taux de TVA en restauration à 5,5 % espéré pour 2006. Qu'adviendrait-il du plan d'aides
si le taux de TVA en restauration ne passait pas à 5,5 % ?
Renaud Dutreil : Il s'agit d'un dispositif
transitoire, et il n'y a aucune raison de penser que la baisse de la TVA pourrait à
nouveau être différée, en particulier au regard des assurances données par nos
partenaires allemands.
L'Hôtellerie : En
accordant aux travailleurs non-salariés une prime unique égale à 50 % de la cotisation
minimale obligatoire versée à l'Organic, le gouvernement a souhaité les inciter à
immatriculer leur conjoint-collaborateur pour leur permettre d'acquérir des droits
propres à la retraite. Vous êtes depuis longtemps particulièrement sensible à ce sujet
et votre projet de loi annoncé mercredi 17 mars en conseil des ministres a notamment pour
objet d'améliorer la protection du conjoint-collaborateur. Que prévoit-il précisément
?
Renaud Dutreil : Lors de ses vux aux forces
vives de la nation, le 6 janvier 2004, le président de la République a tracé une ligne
très claire pour continuer et donner de l'ampleur à notre effort en faveur de la
création, du développement et de la transmission des entreprises. La seconde loi pour
l'initiative économique développe les thèmes mentionnés par M. Jacques Chirac :
protection du créateur d'entreprise et de son conjoint, statut de la jeune entreprise
personnelle, facilitation de la reprise d'entreprise, amélioration des conditions
d'embauche.
En ce qui concerne la protection sociale du conjoint-collaborateur, il est
inacceptable qu'aujourd'hui, alors que près de 60 % des conjoints d'entrepreneurs
participent à l'activité de l'entreprise, seulement 10 % de ces conjoints bénéficient
d'une protection sociale.
Le second projet de loi sur l'initiative économique prévoit la mise en place d'un
véritable statut pour les conjoints des chefs d'entreprise participant à l'exploitation,
qui leur garantira dans tous les cas des droits à retraite, notamment en cas de
séparation ou de décès de l'entrepreneur. L'affiliation à ce statut ouvrira également
un droit à la formation ainsi que la faculté de valider les acquis de l'expérience.
L'Hôtellerie : Votre
projet de loi contient également un volet sur le crédit en vue de faciliter l'accès au
crédit bancaire. En quoi consistent ces mesures ?
Renaud Dutreil : L'accès au financement fait
partie des difficultés régulièrement mentionnées par les chefs d'entreprise au stade
de la création ou dans les toutes premières années d'exercice. La première loi sur
l'initiative économique a créé des nouveaux dispositifs afin de développer le capital
de proximité. Désormais, les proches des créateurs d'entreprise (famille, amis,
collègues...) ont de fortes incitations à apporter de l'argent dans une jeune
entreprise. Les conditions de prêt aux entreprises ont été assouplies (réforme de
l'usure) et des fonds d'investissement de proximité ont été mis en place.
Ces mesures sont venues compléter les garanties de prêt apportées par la Sofaris
et le prêt à la création d'entreprise dont la distribution s'est accrue de près de 40
% en 2003.
Mais il apparaît nécessaire d'aller encore plus loin. Le gouvernement s'engage
ainsi à travailler en partenariat avec l'ensemble des acteurs du secteur bancaire et du
capital-risque pour améliorer l'accès au crédit des PME. Des dispositifs très
innovants seront mis en place, s'inspirant de solutions observées dans des pays où les
nouvelles entreprises n'ont pas de difficultés à trouver des capitaux pour croître.
L'Hôtellerie : Votre
première loi sur l'initiative économique a allégé la fiscalité attachée à la
transmission d'entreprise. Que va apporter votre seconde loi en plus de la première dans
ce domaine ?
Renaud Dutreil : Il y a 550 000 chefs
d'entreprise de plus de 50 ans qui devront trouver une solution à leur succession dans
les 10 à 15 ans qui viennent. Il faut sécuriser l'avenir de ces entreprises et des plus
de 2 millions de femmes et d'hommes qui y travaillent. Le président de la République
nous a fixé pour objectif, pour les 4 ans à venir, de faciliter "la
transmission, dans de bonnes conditions, de 200 000 de ces entreprises". Les
mesures de la première loi initiative économique relatives à la transmission sont
entrées en application le 1er janvier 2004, et nous observons depuis début février une
montée spectaculaire des chiffres de la transmission d'entreprise.
La seconde loi pour l'initiative économique comprendra d'autres mesures destinées
en priorité à faciliter la transmission des savoirs. Le tutorat en entreprise sera
étendu afin de développer l'accompagnement des repreneurs par le cédant. L'institution
d'une prime de transmission accompagnée encouragera la reprise de fonds commerciaux ou
artisanaux. Le contrat de collaborateur libéral permettra de préparer à la reprise
d'une entreprise libérale.
Pour accompagner l'entrée en application de ces mesures, un grand plan de
mobilisation en faveur de la reprise des petites et moyennes entreprises, associant
l'ensemble des partenaires des entreprises, sera lancé au cours de l'année 2004 afin de
faciliter la rencontre des cédants et repreneurs en organisant mieux le marché de la
reprise-transmission.
L'Hôtellerie : Quand
ces réformes seront-elles applicables ?
Renaud Dutreil : Mon objectif est de présenter
dans les toutes prochaines semaines un projet de texte. Ce texte fera l'objet d'une large
concertation à partir d'avril 2004 avec l'ensemble des acteurs concernés, qui permettra
de l'enrichir de propositions nouvelles. Ainsi complété et amendé, ce projet de loi
sera déposé au Parlement au cours du second semestre 2004, et les mesures seront
applicables dès 2005. zzz60r zzz60f
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L'Hôtellerie Restauration n° 2864 Hebdo 18 mars 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE