du 14 octobre 2004 |
LICENCE IV |
< LE LABEL NON-FUMEUR DE LA MAIRIE DE PARIS INQUIÈTE L'UMIH
Bernard Quartier estime qu'il faut préserver des espaces fumeurs dans les établissements
Le président de la FNCBD n'est pas favorable au label lancé par la mairie de Paris et destiné à promouvoir des établissements entièrement non-fumeurs. Il est en revanche pour une "application scrupuleuse" de la Loi Evin. Interview.
Propos recueillis par S. Soubes
Alors que la mairie de Paris s'apprête à mettre en place un label pour les cafés et les restaurants qui se décréteraient entièrement non-fumeurs, l'Umih vient d'adresser un courrier aux établissements parisiens leur indiquant son inquiétude face à cette démarche, et invite ses adhérents à "appliquer scrupuleusement la loi Evin". Cette lettre est cosignée par Christian Navet, président de l'Union patronale de l'industrie hôtelière d'Ile-de-France, et de Bernard Quartier, président de la Fédération nationale des cafés, brasseries et discothèques (FNCBD).
L'Hôtellerie :
Comment percevez-vous ce label ?
Bernard Quartier : Nous dénonçons fermement cette opération de
la mairie de Paris, même si l'adhésion pour ceux qui seraient intéressés se fait de
manière volontaire. Il y a environ 6 000 cafés dans la capitale et d'après ce je sais,
60 se sont inscrits. Personnellement, j'ai envie de dire "la loi Evin, toute la
loi Evin, et rien que la loi Evin". Oui, ne nous le cachons pas, nous avons du
retard dans son application.
Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut tomber dans l'extrémisme. Dans le courrier que nous
venons d'envoyer à nos adhérents, nous les invitons à appliquer scrupuleusement la loi
Evin, qui est une loi juste et équitable pour les non-fumeurs et les fumeurs. Nous
refusons ce label également parce que nous ne devons pas nous laisser encadrer par des
gens dont le seul intérêt est de se promouvoir sans tenir compte des risques pour nos
entreprises.
L'Hôtellerie :
Quelque part, vous convenez que la profession n'applique pas la loi comme elle le devrait.
Qu'allez-vous faire après cette lettre ?
Bernard Quartier : L'Umih va lancer officiellement à l'occasion
d'Equip'Hotel, une grande campagne d'information pour rappeler aux gérants et aux patrons
leurs obligations en matière de zones non-fumeurs et fumeurs. Elle comprend des
affichettes, des autocollants et les éléments pratiques d'application. Nous disons qu'il
faut protéger d'abord les non-fumeurs. C'est effectivement une remise en cause
Nous
allons sortir pour Equip'Hôtel un sondage dont je vais vous dévoiler un chiffre : 70 %
des consommateurs interviewés apprécient qu'il y ait des espaces fumeurs et non-fumeurs.
Ils veulent avoir le choix et ça, c'est le plus important à retenir. Bien sûr, tous les
établissements ne peuvent pas proposer cette mixité. Mais ceux qui le peuvent doivent
offrir un espace aux fumeurs. Parallèlement, nous poussons les établissements à avoir
la meilleure ventilation possible.
L'Hôtellerie : A
l'instar d'autres pays, tout laisse cependant à
penser qu'à terme et en France, tous les établissements CHR deviendront
entièrement non-fumeurs
Bernard Quartier : Vous savez, je crois qu'il faut cesser
de tomber dans la démagogie. Beaucoup de cafés sont débitants de tabac. S'ils ne le
sont pas, la plupart pratique la revente. C'est le système français. Ce serait une
ineptie de vendre un produit et d'en interdire la consommation dans le lieu de vente.
Quant au comptoir, c'est un espace de consommation furtive, on y passe un court instant.
Il n'y aucune nécessité à mes yeux d'en faire un espace non-fumeurs. J'aimerais ajouter
quelque chose qui ne va pas forcément faire plaisir, mais qui me paraît pourtant
tellement évident : si le tabac est à ce point toxique, ce n'est pas à nous de
l'interdire dans nos établissements. C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités en
interdisant purement et simplement sa commercialisation, sans oublier d'en interdire la
production. N'oublions pas qu'il y a en France des cultivateurs de tabac ! zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2894 Hebdo 14 octobre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE