du 21 octobre 2004 |
ÉDITO |
1,5 million d'emplois ?
Il faut
écouter les universitaires qui ne vivent pas dans le confort de leur thébaïde.
Ainsi, Pierre Cahuc, professeur à Paris I en économie du travail, a été chargé par
MM. Sarkozy et Borloo - pas moins - d'une mission 'de réflexion' sur le marché du
travail en France. Sans jeu de mots, il y a effectivement
du travail, dont les
premiers résultats publiés sous le titre 'Productivité et emploi dans le tertiaire'
concernent au premier chef les métiers de l'industrie hôtelière.
L'auteur du rapport a cherché à savoir pourquoi notre pays est incapable de
créer les emplois dont le secteur des services a un criant besoin, les professionnels en
savent quelque chose. D'autant qu'une suppression des obstacles à l'embauche en France
pourrait conduire à la création de
6 millions d'emplois dans les services si le
marché du travail était comparable à celui des États-Unis qui n'est pas la jungle
qu'on nous décrit parfois. De tels chiffres ne peuvent laisser indifférent un homme
politique alors que la thèse officielle de nos gouvernants repose encore trop souvent sur
la réflexion de l'ancien président François Mitterrand, homme de lettres certes, mais
piètre économiste qui avait réglé la question d'un lapidaire "Contre le
chômage, on a tout essayé" !
Fort heureusement, la 'réflexion' s'oriente aujourd'hui vers une analyse plus
volontariste et plus dynamique, n'hésitant pas à remettre en cause un certain nombre
d'idées reçues concernant notamment la profession.Si les contraintes et les pesanteurs
dénoncées étaient levées, l'auteur du rapport estime que la création d'emplois dans
l'hôtellerie et la restauration pourrait s'élever à 1,5 million de postes, soit
l'équivalent de 75 % des chômeurs répertoriés. Voilà qui ouvre de belles
perspectives, sous conditions toutefois : supprimer le malthusianisme des commissions
d'équipement hôtelier qui sont aujourd'hui un frein à la création d'entreprises et
donc d'emplois, changer les esprits (ce sera dur) pour qui les métiers de service sont
trop souvent assimilés aux 'petits boulots' qui ne font pas peur aux Américains, le
manque d'incitation pour le travail à temps partiel, sans oublier les charges sur les
salaires et la trop rapide rotation des emplois liée à la faiblesse de la
rémunération.
Cet inventaire permet au moins de mesurer l'ampleur d'une tâche qu'il faudra bien
engager un jour si l'on veut que notre économie ne connaisse pas le 'décrochage'
annoncé par le rapport bien inquiétant sur notre compétitivité. C'est la chance des
métiers de l'hôtellerie et de la restauration de pouvoir y participer pleinement en
s'engageant pour un avenir dynamique et ouvert. À condition que les pouvoirs publics y
mettent un peu du leur. Pourquoi pas
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2895 Hebdo 21 octobre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE