du 4 novembre 2004 |
ÉDITO |
L'image d'un métier
Dans notre société d'apparences, rien de plus important que
l'image : de la veste de John Kerry au crâne de Silvio Berlusconi en passant par la
cravate de Vladimir Poutine, à croire que le destin de la planète repose sur une touche
de couleur ou la coupe d'une chemise
Hélas, il en va de même dans tous les
domaines.
Et de ce côté-là, il serait vain de nier le 'gap' dont souffre trop souvent la
profession - à tort ou à raison d'ailleurs.
Le travail ne manque pas, on le sait, pour combler le 'déficit d'image' dont souffrent
les métiers de l'hôtellerie et de la restauration auprès d'une opinion trop encline à
se contenter de clichés éculés.
D'un côté,
les habituelles complaintes sur une activité exigeante en temps et en disponibilité,
la faiblesse des salaires, l'absence de perspectives dans les PME - mais ce n'est pas
propre au secteur -, sans oublier les trop faciles caricatures sur le 'machisme' des
employeurs, leur âpreté excessive au gain, leur absence de toute préoccupation sociale.
Voilà pour l'envers du tableau tel qu'il est décrit trop souvent dans les médias qui ne
sauraient déroger au règne d'une pensée normalisée.
Mais l'endroit du tableau mérite sans doute que l'on s'y attarde davantage. D'abord, les
salariés et les patrons des métiers d'accueil ne vivent pas quotidiennement une
épouvantable galère : ce n'est pas tous les jours facile, mais ce ne l'est guère
davantage dans le transport routier, les services d'urgences des hôpitaux, la pêche
hauturière et bien d'autres activités.
En contact
avec la clientèle, le métier peut se révéler enrichissant sur le plan humain
autant que professionnel. Les responsables des instances dirigeantes sont aujourd'hui
conscients de cette nécessité de présenter une image attractive afin de convaincre les
milliers de jeunes en recherche d'emploi de se diriger vers un secteur d'avenir qui reste
l'un des plus actifs (il n'y en a plus tellement) en matière d'ascenseur social. Au
crédit des actions conduites ces dernières semaines, il faut saluer la mise en place
d'une prime à l'embauche en Alsace, l'action des employeurs de la Somme pour l'insertion
et la qualification, sans oublier, bien sûr, les récentes avancées conclues entre
partenaires sociaux. Tout cela n'est certes pas très spectaculaire, mais raison de plus
pour le souligner.
Pour le spectacle, Dieu merci, il nous reste nos grands chefs, nos enseignes
mondialement connues, la réputation de notre cuisine, sans oublier la promotion de la
femme, nouvelle antenne de l'UMIH qui vient de créer un club UMIH-Elles. Très bien, mais
juste une précision : ce n'est pas par 'machisme' que le Michelin n'attribue pas
en France de 3 étoiles à une cuisinière. En Italie, pays réputé peu sensible aux
excès du féminisme, les inspecteurs du Guide Rouge ont trouvé trois
restauratrices dignes de la plus haute distinction.
L'image, toujours et encore.
L. H. zzz80
Vos questions et vos remarques sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2897 Hebdo 4 novembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE