1. Comment boire les vins rouges de Loire
Il existe une grande diversité de vins rouges dans les pays de Loire et d'Anjou. Certains
se boivent jeunes, d'autres peuvent vieillir très longtemps. Il est donc nécessaire
d'adapter les conditions de dégustation aux types de vins choisis. Les rouges légers,
fruités et jeunes se boiront à une température idéale de 11-12° et on peut conseiller
de les décanter une demi-heure à deux heures avant de les servir. Il n'en ira pas de
même pour un vieux chinon que l'on boira à 16-17° afin qu'il développe tous ses
arômes.
Un exemple d'accord avec un chinon :
La Croix Boissée Bernard Baudry, à Cravant-les-Coteaux, 1996.
Ce vin, issu de vieilles vignes, sur un terroir argilo-calcaire, se présente sous une
couleur pourpre. Le nez évoque les fruits noirs avec des notes de suie et d'humus. A
l'évolution, des arômes de sous-bois et d'épices apparaissent. La bouche est riche,
avec beaucoup de structure. L'équilibre est minéral, avec une finale crayeuse. Le tout
s'harmonise parfaitement avec le homard révélant des notes calcaires. J'aime le servir
avec un plat de Jean Bardet : La Minéralité de Homard, Gésier de Canard à l'Oursin,
Chou Farci aux Algues, Jus Concentré de Vin de Chinon.
Un exemple d'accord avec un bourgueil :
Grand Mont Pierre-Jacques Druet, à Benais, 1993.
Ce vin à la jolie couleur rouge sombre, aux reflets grenat est l'archétype d'un
millésime peu connu, mais délicieux à boire aujourd'hui. Le nez est magnifique de
richesse, avec des notes de truffes, d'humus et de fruits mûrs cuits. La bouche est
dense, avec une trame tannique, soyeuse qui enveloppe le palais. Je le sers avec le
Pintadeau Truffé du Pays de Racan, Hachis Parmentier de Charlottes. Avec ce plat, tout se
conjugue dans un registre souple, aucune aspérité ne vient troubler l'ensemble.
Un exemple d'accord avec un saumur-champigny :
Le Clos des Cordeliers Frères Ratron, à Champigny, 1989.
Issu d'un très grand millésime, ce vin à la couleur pourpre évoque d'emblée le côté
surmûri. Le nez est superbe, avec des notes de fruits rouges et d'épices douces,
évoluant sur du paprika. La bouche est riche, avec une superbe structure veloutée très
persistante. Je le sers avec le Pigeon de Saint-Paterne Racan en Pot-au-feu, Beaux
Légumes d'Hiver. Encore de longue garde, ce vin dévoile déjà toute sa chair et épouse
parfaitement le côté sanguin du pigeon.
2. Les millésimes à boire rapidement
Pour les Anjou et Anjou-Gamay, 1997 et 1998 sont à boire, il reste quelques bonnes
surprises en 1996. Pour les Anjou-Village et Brissac, les 1990 sont à déguster
maintenant, les 1995 et 1996 peuvent réserver de bonnes surprises et les 1997, 1999 sont
à boire tout de suite. Pour les Saumur, Saumur-Champigny, Bourgueil et Chinon, les 1999
commencent à se boire sur les terroirs légers, quelques 1997 sont prêts aujourd'hui.
Les terroirs siliceux donnent d'excellents vins sur les millésimes 1993, 1995. Les 1989
et 1990, sur ces mêmes types de terroirs, sont à consommer tout de suite. Pour
Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Touraine (pour les cabernets francs), les 1999 sont sur le
fruit et à goûter maintenant. Pour les terroirs les plus légers, les 1996 et les 1997
expriment leur potentiel dès aujourd'hui. Les Touraine-Amboise et Touraine-Mesland 1997,
1998 et1999, du fait des sols un peu plus légers, s'expriment tous dans leur jeunesse.
3. Les millésimes à garder
Pour Anjou et Anjou-Gamay, sur les beaux terroirs, les 1995 et 1996, sont à conserver en
cave encore pendant 3 ou 4 années. En Anjou-villages-Brissac, quelques 1997 sur les
terroirs à structure, doivent être conservés de 2 à 4 ans. Quant aux 1998, encore un
peu vifs, ils se révèleront dans 3 ans. Pour Saumur-Champigny, Bourgueil et Chinon, les
sols argilo-calcaires donnent des grands vins de garde, avec les 1985, 1988, 1989, 1990,
qui pour certains feront d'allègres trentenaires. Quelques 1989 et 1996 seront
inaltérables s'ils sont conservés dans de bonnes conditions. Saint-Nicolas-de-Bourgueil,
certaines cuvées pourront vivre plus de 15 à 20 ans, sans dénaturer leurs fruits,
notamment les vins issus de sols calcaires. Les 1998, encore trop fermés, seront prêts
à boire dans 5 ans. zzz46f
L.M. Blanchard (CIVTL)
Les valeurs montantes, des vins à découvrir |
w AOC Bourgeuil : domaine des Ouches, Paul et Thomas Gambier,
Ingrandes-de-Touraine (37140) w AOC Bourgueil : domaine Catherine et Pierre Breton, Restigné (37140) w AOC Chinon : domaine de la Chapelle, Philippe Pichard, Cravant-les-Coteaux (37500) w AOC Anjou-Gamay : domaine de la Sansonnière, Marc Angeli, Thouarcé (49380) w AOC Touraine-Mesland : clos de la Briderie, François Girault, Monthou-sur-Cher (41400) w AOC Touraine : le clos neuf des Archambaults, Jean-François Dehelly, Sainte-Maure-de-Touraine (37800) w AOC Chinon : domaine Philippe Brocourt, Rivière (37500) |
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L'HÔTELLERIE n° 2717 La Cave 10 Mai 2001