L'Hôtellerie :
Avec 30.000 établissements, 18 brassins, près de 40.000 hectos, la Bière de Mars est
un succès incontestable. Mais comment analysez-vous cette réussite ?
Jean-Paul Schmitt :
«Pourquoi les bières d'Abbaye ont-elles du succès, pourquoi les trappistes plaisent ?
Parce que ce sont des bières basées sur quelque chose d'authentique. Pour la Bière de
Mars, la démarche est identique puisque celle-ci a derrière elle 600 ans de tradition.
C'est également une bière brassée en quantité limitée et ce qui est rare est
apprécié. D'autant plus appréciée qu'elle est synonyme de qualité. J'ajouterai que la
Bière de Mars est aussi la fête de la bière pression, donc la fête des bistrots. Nous
avons d'ailleurs toujours résisté au fait qu'elle devienne un produit d'appel avec la
bouteille. Ce n'est pas un produit marketing mais une bière liée au rythme des saisons,
qui annonce le printemps. C'est enfin une «animation» médiatisée, reconnue et qui
n'existe qu'en France. Je me souviens d'un article consacré en début d'année au nouveau
film de Woody Allen. Il commençait ainsi «Entre le beaujolais de novembre et la
Bière de Mars...». Cela veut dire que la Bière de Mars fait partie de notre
patrimoine, qu'elle s'institutionnalise ! C'est très important et j'en suis à la fois
heureux et très fier parce que je la considère un peu comme un mécénat car elle porte
en elle des valeurs de renouveau, de fête, de convivialité.»
L'H. :
Peut-on comparer Bière de Mars et Bière de Noël ?
J.-P. S. :
«Non, dans la mesure où la Bière de Noël n'est pas spécifique au bistrot et qu'il y a
d'autres événements à cette période. Je me répète, mais la Bière de Mars apporte le
renouveau, elle est liée au printemps. La Bière de Noël est plus mystérieuse, c'est un
événement différent. Ce n'est pas la même démarche.»
L'H. :
Quelles sont les caractéristiques des brassins de mars 1998 ?
J.-P. S. :
«Il y a donc 18 brassins différents mais nous ne dépasserons pas, en tout, les 30 à
40.000 hectos. C'est volontaire de notre part. Je vous l'ai dit, c'est une bière rare et
elle doit le rester. La tradition veut que cette bière titre entre 4,5 et 5,5° d'alcool,
qu'elle soit peu chargée en houblon et offre une couleur relativement ambrée, bien
brillante et elle est soutirée généralement en fûts. Elle est accessible au goût et
c'est d'ailleurs une bonne occasion de faire connaissance avec la bière. Quant à
l'opération elle-même, nous avons créé un personnage : le porteur de Mars, qui sera
décliné sous forme de dessins en train de tirer la bière, de la servir, etc.»
L'H. :
Vous présentez jusqu'au 8 mars, dans le cadre du Salon de l'agriculture, à Paris, la
Cité des brasseurs. C'est la deuxième année consécutive que vous mettez l'accent sur
la bière dans ce salon. Quelles sont vos motivations ?
J.-P. S. :
«La Cité des brasseurs permet d'assister en direct au brassage et à la fabrication de
la bière. Nous faisons participer les visiteurs à des jeux qui leur permettent de mieux
connaître l'univers brassicole. Ils peuvent toucher, goûter l'orge, le houblon. Nous
proposons également des séances de dégustation qui réunissent des grands maîtres du
goût et nous rappelons l'importance de la femme dans l'histoire de la bière.
Personnellement, je tiens énormément à la présence de la bière dans ce salon parce
que nous faisons partie de la filière agricole. Pour obtenir une bière, il y a tout un
savoir-faire qui appartient aussi aux céréaliers, aux malteurs, aux cultivateurs de
houblon. Sans eux, il n'y a pas de bière. La filière bière commence au champ d'orge et
se termine au demi-pression. D'où notre présence logique au Salon de l'agriculture.»
Le logo 1998 de la Bière de Mars : un personnage, le porteur de Mars, repris dans
différents dessins sur le thème de la bière.
La filière céréales et malterie
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L'HÔTELLERIE n° 2551 Magazine 5 Mars 1998